symboliąue ni le lien qu'elles possedent entre elles. Le ou la cartomancienne a justemcnt pour mission d'expliquer les deux.
Le cut-up et le genre prophetique ont beaucoup a se dire. Tout d'abord, ils ont en commun leur esthetique de tabularite. On a considere les propheties de Thierry Ehrmann comme un bloc theoriquement insecable, qui ne se lit ni lineairement, ni tabulairement. En effet, trop dense pour se lirę d'un bout a 1'autre, il est aussi difficile d'extraire des phrases de cette masse textuelle. Cependant, il est possible de survoler le texte et de se laisser arreter par des termes qui retiennent notre attention. On peut aussi utiliser la fonction recherche du traitement de texte apres avoir copie-colle les propheties, et ne lirę que celles qui concement un lieu ou un acteur donnę. On retrouve la la tabularite chere a Vanderdorpe, qui permet une navigation, un chemin de lecture personnel et tributaire de 1'intuition et du hasard.
L’esthetique de la tabularite permet donc une appropriation de la masse prophetique. Chez Nostradamus, cela passe par les nombreuses reinterpretations qui sont faites au fil des siecles, non des propheties dans leur ensemble mais bien de certains quatrains, sortis du tout pour etre lus a la lueur du temps present.
«Ne pourrait-on voir dans les Centuries 1'agencement ingenieux de materiaux choisis pour « prendre au piege » des aleas de 1'histoire futurę?88 » interroge Gilles Polizzi dans Nostradamus ou le savoir transmis, lorsqu’il etudie l'hypotexte des Centuries a la lumiere de 1'histoire romaine. C'est ainsi qu’il fait le lien avec le cut-up. Pour lui, le passe evoque par les propheties de Nostradamus est aussi obscur que le futur qui y est predit. « Ce processus transfere 1’enigme de 1'inconnaissable vers le reconnaissable89» C’est ainsi que les emprunts aux auteurs latins « constituent le passe, en un miroir (brise et obscur) dans les ffagments duquel se reflete l'inconnaissable futur90».
L’esthetique de « miroir du monde » de la DDC se transcende dans cette idee de miroir brise. Cette meme esthetique habite les propheties de Thierry Ehrmann. A la multiplication des references, culturelles et alchimistes sur les murs de la DDC, aux propheties a teneur plus joumalistique, s'ajoute la position visionnaire revendiquee par Thierry Ehrmann et ses acolytes.
Le debut de la chanson Visionnaire, de Fabe, nous rappelle cette explosion de la vision.
« Une vie qui ressemble a un espoir kidnappe, une ville nappee, par la pollution drapee, attrapee, Virus, quotidien rappe, details captes, retranscrits, parfois deformes.
On fait 1'effort mais, le plus dur, c'est la barriere a ffanchir,
88 Gilles Polizzi, Nostradamus ou le savoir transmis, op.cit. p.72
89 Ibid. p.62