ouailles a meme de pouvoir distancer les ennemis de leur foi. Comme la plupart n’avaient nł 1’occasion, ni le temps, ni les capacites de se plonger dans des explications savantes et approfondies des problemes religieux, leurs pretres devaient les pourvoir de traites faciles a digerer. Ils n’avaient que faire de livres qui se compliquaient d’un appareil scientifique trop etendu ou dun langage theologique ou philosophique incomprehensible. On demandait a grands cris des expositions claires et succintes de la religion catholique, en particulier pour les dogmes sur lesquels les protes-tants concentraient en generał leurs attaques. 11 fallait des apologies dont chacun put se servir dans la conversation quotidienne. Les petits livres „d’honnete homme1' de Bossuet etaient precisement leur fait. L’eveque de Meaux allegeait ainsi considerablement le fardeau qui pesait sur les pretres hollandais, deja suffisamment accables de besogne. II etait toujours plus facile de traduire les oeuvres d’un homme si celebre que de devoir en faire de nouvelles. Voila qui explique pourquoi son Exposition, sa Conference avec Claude, son Catechisme, et son Explication de quelques difficultes sur les prieres de la Messe ont ete traduits immediatement en hollandais 372), alors que YHistoire des Variations dont le retentissement a cer-tainęment ete plus grand que celui des trois demiers de ces opuscules, a du attendre jusqu’en 1738 pour revetir la formę hollandaise. Les lecteurs cultives qui se plongeaient dans ces questions historiques plus compliquees, pouvaient s’adresser aux editions en langue franęaise qui ne faisaient pas defaut.
Pourtant il parait que les ouvrages de Bossuet etaient un peu trop simples, trop limpides, trop reduits a Tessentiel — oserons-nous le dire: trop franęais — pour les Hollandais, plus prolixes, plus raisonneurs, plus compliques. Qu’on regarde le Manuel et livre de familie pour les catholiques (Hand- en Huysboek der Katholijken), que le savant cure de Leyde, Hugo van Heussen, le ,łTimothee,, de Neercassel 373), a publie en 1705 374). C'est un in-folio volumineux de quelque mille pages, qui a Fair d’une encyclo-pedie pour les difficultes de religion. 11 ressemble a un Goliath, a cóte du petit livre de M. de Meaux. Neanmoins il a emprunte a ce David la frondę pour abattre Tennemi commun.
„Ne pas crćer de differences la ou il n’y en a pas; Ne pas se scandaliser de divergences dans les expressions quand on est d’accord pour le fond; Ne pas grossir ni envenimer les differends; Distinguer meticuleusement entre les articles de foi et les opinions d’ecole, moins sures et de moindre impor-tance; Traiter les points de controverse importants de faęon a instruire et a convaincre les adversaires, a les inciter a la confession de la Verite a la concorde et a la paix, en un mot de maniere a les amener a la Communion
372) Respectivement en 1678, 1683, 1688, 1689.
373) L. J. Rogier, o.c., t. II, p. 216.
374) Sous le pseudonyme de Hugo van Staden (cf. J. van Beek, Schuilnamen, p. 15).
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