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prćlres qu'elles auront recours pour le baptćme de leurs eofants. Elles ne reculeront ni devant la distance ni de-vanl le froid dun liiver si rigoureux que mćme, comme l’ecrivail la municipalitć au District dc Morlaix, « les hommes les plus robusles ne peuvent se garantirdu froid en marclianl. AussilAt quc leseufants sont nćs, on a 1’im-prudence d aller les faire baptiscr si loin, quatre et cinq lieues enlre alleret relourner; qu‘il pleuve ou qu’il tonne, qu'il gćle ou qu il vente, qu il fasse jour ou nuit, on va toujours au loin, sans avoir pilić des enfants. » Cel acte, que la inunicipalilć qualifie d'imprudence, est tout & 1'ćlogc de la population; il atleste que la Rćvolution n'avait pas encore dćracinć la foi dans la region. Les officiers municipaux eux-mćmes devront tenir compte des senli-ments chrćliens de leurs administrśs et essayer doblenir pour Rlouućour, ce qui cxi sto i l dans les paroisses voisi-nes, a ou ł on otliciait comme dans 1'ancien rćgime ». lis ćcriront au District : « U semble qu’il y aurait de la pru-dence de perinellre & nos ci-devant pretres de baptiser dans notre ćglise ou dans quelques chapellcs de nolre commune »> (1).
La Convention allait finir son mandat et disparaitre sous le mćpris et la haine de la population, qui en avait assez du rćgime de terreur quc cette Asseinblćc avait fait peser si longlempssur la France. Les Conveutionnels, craignant & jusie tilre d'ćtre rejetćs par le futur college ćlectoral, avaient pris la sagę precautiou d assurer leur rććlection. lis dćcrćtćrent, les ii et 13 Fructidor, que les deux tiers d'entr'eux feraienl partie de la nouvelle Assemblćc. Le Corps legislatif, compose du Conseil des Anciens, et du Conseil des Cinq-Cents, comprenait cependant, tel qu il ćtail sorli des elections de Brumaire, une forte miuoritć
(1) ArchiYC* dćpartemcntalcs, liassc 200*
dopposants clioisis parmi lesmembrcs les moinssectaires de la Convention. Les ćlecteurs avaienl tenu & ćcarter le9 plus (aroucbesdes Montagnards et anciensTerroristes. Le coup dEtat du 18 Fructidor an V(4 Septembre 1797) per-mettra aux trois Direcleurs, Barras, Larśveillierc-Lćpeaux et Rewbel de se dćbarrasser de leurs deux collegues Carnot et Barthćlemy qu'ils auront, d ailleurs, soia de condamner k la dćporlation. lis vont du mćrae coup ćpu-rer 1'Assemblće, en annulant 1'ćlection de deux cent quatorze des mernbres du Corps legislatif, soupęonnes dattacbes royalistes ou d'opposition b leur arbitralre gouvernemental. Desorinais, inaltres incontestćs du pou-voir, its vont rćtablir en France le rćgime de la Terreur et dćchaiuera uouveau sur toiit le territoire la persćcu-lion religieuse.
Le Gouvernemeot du Directoire, non content d'exhu-
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mer les anciennes lois persćcutrices pour les remettre en vigueur, prit de nouvelles mesures contrę la religion, ses ministres et son cultc. Son dcssein ćtait d’extirper du sol de France une religion qui s y ćtait irnplantće depuis quatorze sićclcs. 11 essaiera d ćtablir un culte sans doc-trine, mais avcc des cćrćmonies, et une liturgie qui ne seront qu une parodie grolesque des fćtes religieuses et de la liturgie de 1’Eglise romaine. Le dćcadi remplaęait le dimancbe et devait ćtre religieusement observe, sous peine damende et de prison. Les eglises, au lieu de retentir de chants liturgiques, n’entendront plus que des cltansons patriotiques. La publication des lois et lesćloges officielsde la Rćpublique tiendront la place de 1'enseigne-ment chrćlien. Les ćdifices religieux n’abrileront plus les j mysteres augusles de la foi, n>ais ils seront les tómoins des cćrćmonies sacrilćges du culte nouveau. Ils perdront mćme leur ancienne dćuomination, et aprćs s ćtre appeles les « Temples de la Raison », sous la Terreur, ils ne se-