II
Histoirh d'un confut.
A 1’origine du PAlerinage la ąuestion ne se posa
pas (i).
II n’y eut mćme pas lieu dc la poser. — Que M*r dc Rosmadec y eilt fondd une colUgials de prótres sćcu-liers, cornme plusieurs membres du clergć lui en don-nArent conseil, — ou qu'il edt cćdć aux instances du • proprićtaire M. de Kerloguen, en y etablissant une prestimonie (2), — ou enfin qu’il y appelAt une commu-nautó de Religieux,... dans tous les cas la chapelle śtaitsoustraite h lajuridiction du recteur de la paroisse;
(1) En Bretagne, tous les sanctuaires de PAlerinage dćpendent de la paroisse : Ouelven, Kernitron, Notre-Dainc-des-Portes, La Pa-lud.Quelques-uns mćmc sont des ćglises paroissiales : Guingatnp, Jossclin, Le Folgoat, Humcngol. Le Calvaire de PontchAteau fait seul exception.
AprAs les 4vćnements de Lourdes. l'Ev£que dc Tarbes, en voyanl les foulcs accourir de partout, comprit qu‘un Pćlerinage aussi ćtcndu derait avoir son autonomie complAle. Cest A ce mćme point dc vue que se plaęa l'Evćque de Vannes au XVII* siacie.
Les personnes qui sont au courant des Apres discussions qu’a sou!evćesA Lourdesla question de 1'autonomie, se rendront corapte que le point d’bistoire que nous traitons id n'a pas un intćrćt simplemcnt retrospcclif.
(2) Cf P. Hugces, p. 267. — La prestimonie consistait dans un fonds (ou revenu) afTectć A 1'cntretien d'un ecclćsiastique, sans ćrection en titre de bAnAfice.
le seul droit qui restAt A ce dernier c’ćtait de benćfi-cier des oblations, dans une certaine mesure.
Ce droit, du reste, ne lui avait jamais ćtA eon test A par les Carmes ; et une convention notariAe avait fix£, A la satisfaction de tous, la part qui devait lui reve-nir (1).
DAs lors, pendant le cours du XVII* siAcle, et du XVIII* jusqu’A la Rćvolution, nucun conflit ne s’£tait ćleyA, chacune des parties demeurant tidAle A ses enga-gements.
Mais en 1790, 1'histoire de la chapelle entra dans une nouvelle phase.
La nationalisation des biens ecclćsiastiques, vot£e par 1’Assemblće nationale, eut comme consAquence 1’alienation du couvent avec toutes ses dćpendances. La chapelle devint ainsi une proprićtć privee; mais TAdministration, en vertu dc son pouvoir diserćtion-naire, intervint pour restreindre les droits de l'acqu<$-reur: 1'immeuble appartenait bien A ce dernier comme en fait foi le contrat de vente (2), mais il ne pourait ni la dćmolir, ni la fermer, ni la faire servir A un usage profane, ni surtout percevóir 1’argent que les pAlerins y dćposaient (3).
Cette ingćrence, qui paralt arbitraire et qui Atait prAjudiciable aux intćrćts de l’acqućreur, eut du moins comme rćsultatde sauvegarder les intćrAts du. PAleri-nage. D’une part, les oblations n’Atant pas destinćes. dans 1’intention des fidAles, A enrichir un particulier quel qu'il fAt, il etait prćferable qu'on les versAt a dans le sein des pauvres »>. D’autre part, si l’on peut repro-cher A 1'Administration de s’Atre substituAe elle-mAme
(t) Voir plus haut: Concord.it entre le recteur et le couvent: tome i, p. 186.
(2) La chapelle faisait rćellement partie de son acquisition. — Cf. 1* Contrat de vente du 25 messidor, an IV : * Une pctlte ćglisc en formę de croix dans la ditecour... 2» Contrat de vente du IHjan-vicr 1810: « 1’enclos des ci-devant Carmes consistant en raaisons, cours, ćglisc » (Arehicet du PtlerinagtJ.
(3) Voir l'appendice des ObUtiont: tome i, p. 437.