106
reconciliation in particular appears almost entirely driven by timelines based on its own interests, above all the datę for International transition419 »
Une demiere contrainte s’oppose a la negociation d’accords de paix : le discours canadien sur «1’ennemi » auquel il fait face. Celui-ci participe a etablir un rapport d’alteritć en opposition a 1’identite occidentale des Canadiens. En acceptant de rejoindre l’OEF americaine en octobre 2001, le Canada adopte un discours sur 1’Afghanistan. Ce discours est construit en Occident, sans egards aux realites historiąues, sociales et culturelles de 1’Afghanistan. Simon Leduc montre la construction sociale du concept de «taliban » comme
islamiste, caid, police religieuse, misogyne, genocidaire et pion420. Nous y ajouterons les
/10 1
termes «terroristes », « extremistes », « insurgćs », « Fighting Age Małe (FAM) », « forces anti-gouvemementales », retrouvćs dans le lexique militaire et les discours politiques. Le terme «insurgć » tel qu'il est utilisć aujourd'hui origine de la littćrature theorique sur les guerres coloniales visant la misę en place et 1’acceptation d’une elite locale favorable aux intćrets ćtrangers. Le terme FAM reprćsente un jeune homme en age de combattre comme la principale menace envers les ćtrangers. Apolitique, cette conception simplifie le combat politique armć comme un simple choix entre une kalachnikov (arme) en 1’absence d’unc pelle (travail). Le terme « extremiste » passe sous silence que tous les Pachtounes justifient leurs combats politiques par des arguments religieux independamment de leurs alliances avec ou contrę les Occidentaux .
Les concepts, comme celui de «taliban», construits en Occident comportent plusieurs non-dits tels que la popularite du rćgime du mollah Omar dans les rćgions rurales pachtounes ainsi que son apport de justice et de sćcurite par 1’instauration d’un monopole sur la violence legitime . Cette violence apparait bien sOr illćgitime aux yeux des Canadiens dont la culture diffćre largement de 1’ethnie pachtoune. Dans cette guerre culturelle
419 Intemational Crisis Group, Talking about Talks, op cit. p. 24.
420 Simon Leduc, op cii. p. 91-100.
421 On retrouve ce discours sous deux formes, tout d’abord au tout debut de la guerre conlre rćmirat du Mollah Omar ct cnsuite rćccmmcnt par une volonte de quiner TAfghanistan rapidemcnt. Dans le second cas, on projette une image de «taliban modćrćs » devant etre distingućs des « extrćmistes » sans se demander si cette distinction a du sens pour les signifićs.
422 Cette tendance produit souvent des incohćrences lorsque dcux groupcs s’afTrontent en utilisant les meme arguments religieux. Par exemple, un djihad- une gucrrc sainte - a ćtć declarćc contrę le gouvemement islamiste de Rabbani (1992-1996).
423 Simon Leduc, op cit. p. 100-104.