II avait butę contrę un fauteuil, etait tombe a la renverse. Et tout seul, par terre, dans 1’obscurite, il avait ete pris d’un fou rire nerveux. II ne pouvait plus s’arreter de rire. De cet instant, datait le debut de son declin.
Ce fut la seule fois qu’ił se confia a moi. De temps en temps, il lui arrivait de prononcer le nom de Claude Chevreuse. Mais c’etait tout.
II nous invita chez lui pour le reveillon. II habitait un minuscule appartement dans un immeuble moderne du Parioli. II m’ouvrit la porte. II etait vetu d’une robę de chambre d’inte-rieur en velours bleu fatigue sur la poche de laąuelle etaient brodees 1’initiale de son prenom et la couronne de son defunt royaume. II parut inąuiet ąuand il vit que Claude Chevreuse ne młaccompagnait pas. Je lui dis que le spectacle de 1’Open-Gate durerait plus longtemps que les autres soirs et que Claude nous rejoindrait tres tard.
Dans la petite piece aux murs nus qui lui servait de « salon », le Gros avait dresse un buffet : patisseries, sandwiches au saumon et fruits. Sur un tabouret de bar, j’aperęus un vieil appareil de projection et j’en fus etonne mais je ne demandai aucune explication au Gros car je savais d’ayance qułil ne me repondrait pas.
II regardait sa montre et il transpirait.
— Vous croyez qu’elle viendra, Poker?
— Mais oui. Ne vous en faites pas, monsieur.
— II est minuit, Poker. Bonne annee.
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