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je me contracte. Pas moyen d’etre zen cinq minutes. Je ne me sens jamais tout a fait dans mon corps. Plutót a cote. Plutót genant. J’ai debloque quelque chose au fond qui ćtait nouć, tordu, contractć. Ca me faisait mai et j’en ćtais agressive. Colere. En col&re. Je suis enragee contrę le monde entier. D’impuissance et de fragilite, de n’avoir pas su retorquer, repondre, repliquer ou dire les emotions qui font mai. Parce que je croyais qu’en les disant j’aurais encore plus mai. Elle prend une grandę respiration. Je soufflc. Voila, maintenant, je peux respirer... Mes poumons se gonflent de Pair que je n’ai pas encore su apprivoiser. Ma solitude, je n’arrive pas a te dire combien c’est dur pour moi de sentir mon corps a Pinterieur. Etrange sensation: je renais. Une autre vie, ailleurs, entouree de nouvelles personnes, c’est peut-etre cela ma delivrance. J’ai besoin d’etre k la vie ce que tu es a 1’amour, Poete. Mais j’ai mai k 1’autre. J’ai mai a celui qui ne peut pas dire qu’il a envie d’etre aime. J’ai mai de me retenir a force de parler. J’ai mai aux mains k force de petrir mon chagrin. Elle s’allonge sur son lit. Ma solitude, tu es Pabandon. Elle se redresse et l*on entend une musiąue douce a la flute traversikre sur Vair de Gainsbourg : Je t'aime, moi non plus, se fait entendre.
LE POETE, sur le meme air : Je suis venu te dire de ne pas fen faire...Tu nfaimes; moi non plus. II s ’efface, elle lui court apres et n ’embrasse que du vide; elle se met a pleurer. La musiąue de Gainsbourg s 'efface puis on n'entend petit a petit un murmure : Au secours, j’ai besoin d’amour.
TABLEAU 3, SCENE 5
Musiąue de La Panthere rosę de nouveau. Entree de Simone.