contrę la societe deshumanisee, anonyme, massive, et contrę la vio-lence de classe comme facteur d’integration de la societe, profonde-ment stratifiee, et du monde divise; elle proteste contrę 1’instrumentali-sation de 1’homme par les organisations puissantes. Or, dans le meme temps, elle doit affronter les tentations des privil£ges attrayants, issues des options en faveur des centres du pouvoir en place, des possibilites de s’enrichir rapidement et d’acquerir le prestige social sans peine.
Pour nos conditions yougoslaves, les caractćristiques des generations revetues par les conflits sociaux ont une importance sociale accentuee pour les deux classes de base, pour la classe ouvriere et la politocratie a la fois, de meme que pour les relations de classe en generał.
Le cadre politique de 1’economie n’a pas rendu possible 1’affirma-tion de la jeune generation comme tenant du savoir moderne des tech-niques et des valeurs sociales. Un grand nombre d’experts et de tra-vailleurs qualifies, des jeunes pour 1’essentiel, se voient obliger de quitter la Yougoslavie. Le prix social de la survie des »structures« existantes est, de toute evidence, tr£s eleve.
La »rel£ve des generations« dans la classe gouvernante reckie des tensions nombreuses qui ont une importance sociale plus vaste. A ces tensions, comme il nous sera donnę de voir plus tard, concourent de nombreuses circonstances (en relation avec le passage precćdent, il convient de ne pas perdre de vue que ni les anciens ni les nouveaux membres de cette classe ne quittent le pays). Certaines tensions au sein de cette classe, tout comme dans son rapprochement vis-a-vis de la partie travaillante de la societć, laissent supposer un deplacement de plus en plus grand des conflits du plan de classe sur le plan national de la societe globale, ce qui a pour resultat le raidissement des rapports nationaux. Pour conclure cette revue des formes fondamentales des conflits sociaux dans la societe yougoslave contemporaine, je souhaite faire ressortir que je ne partage pas les convictions tant de ceux qui ont tendance a ignorer le phenom£ne national et s’empressent de la caser dans les vitrines d’un musee quelconque, que de ceux qui sont prets a croire que le phenom^ne national represente dans la socićtć yougoslave d’aujourd’hui une pure invention et se bornent a constater qu’on le manipule dans 1’effort de dissimuler des contradictions sociales substantielles. Ceux qui pensent de cette faęon negligent les spćci-ficites variees de chacun des peuples yougoslaves, qui se sont creees pendant des stecles d’existence separee, et oublient a la legere qu’ou-tre les efforts de rapprochement il y a eu aussi frequemment des conflits, mSme tr£s tragiques. Les traces des conflits dans la Yougoslavic d’avant la guerre, et encore davantage de ceux pendant la guerre n ont pas encore disparues et ne peuvent nous permettre de se sentir tout a fait a 1’aise. Les options et partages de guerre de nos p£res, encore en vie, ne pouvaient, souvent, ne pas avoir une emprise sur leurs enfants (ce qui s’est manifestć, entre autres, dans divers aspects de discrimi-nation: scolarisation, emploi, participation dans la vie publique, p. ex.). Dans ce meme ordre d’idees, il nous est impossible de negliger les atavismes balkaniques, et surtout le syndrome que I. Andrić ap-
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