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tśrrogations rhćtoriąue et d'un habile maniement de l’idee que le roiest l'image de la Divinite sur la terre.
Pour clore, quelques remarques d’une portee plus generale s’imposent.
Tout d'abord une question: les ouvrages prćsentćs dans ces pages peu-vent-ils etre inclus parmi les parśneses qui ont circulees dans les Pays rou-mains, genre litteraire de longue haleine et d’une importance notable dans l'histoire des idees politiques roumaines?14 La reponse est affirmative seu-lement lało sensu pour la Morale, YEconomtque et la Poliłique. Car s’il est vrai qu'on trouve dans les ouvrages respectifs une disscussion autour des ver-tus de bon prince — le courage, la justice, la modćration, la sagesse — dśjd connues par 1'inteimediaire d’autres parćnśses, de sorte qu’il pourrait faire, comme on l’a tres bien remarquć, un portret robot de celui-cil5, il est tout aussi vrai que les ćcrits de La Mothe le Vayer sont plutót de petits traitćs que des parśnćses. Au lieu des conseils ou des pensees rangees sans un plan bien conęu. on y trouve un exposć systćmatique et trśs elabore. II y a encore quelques nouveautes remarquables: meme si 1’auteur precise pour son dis-ciple que la Morale, Y Economique et la Politique sont des branches de la phi-losophie, il les traite separement, chacune ayant son autonomie i elle; la Po-litique dćbute par une discussion autour de la meilleure formę de gouveme-ment; le roi reste l’elu de Dieu, mais le charisma n'est plus suffisant car il doit aussi apprendre par une sćrieuse instruction la science du gouvemement ; en fin, le pouvoir du roi est dćfini comme absolu mais pas arbitraire. D’ail-leurs, La Mothe le Vayer passe pour l'un des thśoriciens de 1’absolutisme 16.
Quelques mots encore s'imposent pour rappeler que les owrages de cet auteur ont servi i 1'instruction de Constantin Mavrocordato.
On connait deja, des sources de l'ćpoque, que Constantin a etć un eru-dit. II etait passionnć pour l’ćtude et dśsireux i apprendre pour atteindre la perfection 4 meme d'augmenter la renommśe de sa familiel7.
En ce qui concerne ses lectures on a rćvelć deux aspects importants: son penchant pour les livres a caractere religieux et, en meme tcmps, sa vive cu-riosite pour les ouvrages publićs en Occident. La tradition et la modemitć s'entrelaęaient de la sorte dans l’instruction de cet homme, destine a devenir prince a l’age de 18 ans18.
Le catalogue publić par N. Iorga est en ce sens un tćmoignage dont on n'a pas pretć 1’attention qu’il mćrite. II comprend les livres grecs, greco-
14 Sur la littćrature parćnótique v. Al. Du^u, Cdrfile de infelepdune in cultura rom&na Bucarest, 1972; A. Pippidi, Tradtfia politicd bizantind in 'fdrile Romanę in secolele XVI— XVIII, Bucarest, 1983, p. 57 — 64; Ariadna Camariano-Cioran, Parinłses byzantines dans les Pays roumains in Etudes byzantines et post-byzantines, I, Bucarest, 1979, p. 117— 133.
16 V. A. Pippidi, op. cit., p. 60.
la V. R. Mandrou, op. cit., p. 39—41.
17 V. Florin Constantiniu, Constantin Mavrocordat, Bucarest, 1985, p. 55 et suiv. La passion pour les livres ótait d'ailleurs untrait caractóristiąue des raembres de la familie des Mavrocordatos. Pour les lectures d'un autre fils de Nicolas Mavrocordato, Scarlate, mort en bas &ge v. le document rócemment publić par Cornelia Papacostea-Danielopolu dans son 6tude Prśoccupations livresnues de Scarlat Mawocordat dans un manuscrit de la Bibliothdęue de VAca-dłmie Roumaine, t Revue des ćtudes sud-est europ6ennes t, Civilisations-Mentalit6s, tome, XXVIII, 1990, n08 1-4, p. 29-37.
18 V. Al. Dutu, op. cit., p. 87 et n. 62; A. Pippidi, op. cit., p. 63 et n. 297; v. aussi les remarąues d'une portće plus g6nórale de Daniel Barbu, Loisir et pouvoir. Le temps de la lecture dans les Pays roumainx, t Revue des ćtudes sud-est europćennes *, Civilisations-Mentali-t6s, tome XXVIII, 1990, n08 1-4, p. 17-27.