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MANU CHAO (1)

intro-interview

bio-disco

MANU CHAO (2)



bio-disco

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Manu Chao, né de parents espagnols à Paris le 21 juin 1961, fait d'abord partie (guitare, chant) des Hot Pants (album Loco mosquito, 1986) et des Carayos (albums Persistent et signent, 1986, et Au prix où sont les courges, 1987), avant de créer La Mano Negra (six albums originaux en six ans : Patchanka, 1988 ; Puta's fever, 1989 ; King of bongo, 1991 ; In the hell of Patchinko, live, 1992 - l'année de « Cargo 92 », tournée mythique à fond de cale le long des côtes d'Amérique du Sud ; Casa Babylon, 1994).

La Mano Negra se séparant, Manu Chao vole en solitaire : son premier album, Clandestino (1998, 16 titres, Virgin, 8 457 832 ; cf. Chorus 24 p. 49) se vendra à plus de 3 millions d'exemplaires dans le monde, dont la moitié en France. Suivront Proxima estacion : Esperanza (2001, 17 titres, Virgin 8 103 212 ; cf. Chorus 37, p. 36), et le live Radio Bemba Sound System (2002, 29 titres, Virgin 8 132 422), enfin Sibérie m'était contée (2004) avec les titres suivants :
Le p'tit jardin - Petite blonde du bld Brune - La Valse à sale temps - Les mille paillettes - Il faut manger - Helno est mort - J'ai besoin de la lune - L'automne est las - Si loin de toi... - 100 000 remords - Trop tôt, trop tard... - Te tromper - Madame Banquise - Les rues de l'hiver... - Sibérie fleuve Amour - Les petites planètes - Te souviens-tu... - J'ai besoin de la lune (remix) - Dans mon jardin - Merci bonsoir - Fou de toi - Les yeux turquoise - Sibérie... (72'40, Production Radio Bemba, CD exclusivement disponible pour le moment dans le livre éponyme réalisé avec Wozniak, Editons Les Milles Paillettes, diffusion Actes Sud).

Chaque trimestre,Chorus publie trois à cinq rencontres de quatre ou cinq pages, sur des chanteuses et chanteurs, qui jouissent d'une notoriété certaine ou mènent une carrière ponctuée par de nombreux albums. Gros plan aujourd'hui sur Manu Chao, qui prend encore tout le monde par surprise avec Sibérie m'était contée...




Autres rencontres : Xavier Lacouture, France Gall


Photos : Francis Vernhet/Chorus

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Le hasard, le plaisir et la crise

par
Bertrand DICALE

Après le succès mondial de ses deux albums solo, Clandestino et Proxima estacion : Esperanza, Manu Chao avait annoncé sa rupture avec le business du disque. Nouveau contre-pied avec Sibérie m'était contéee : vingt-trois chansons nouvelles glissées dans un livre dessiné par Wozniak et vendues... en librairie !

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Deux piaules au sommet de l'immeuble qui abrite les bureaux de son agent, sur le flanc de La Cigale, boulevard de Rochechouart : c'est lŕ que Manu Chao a passé l'hiver, c'est lŕ qu'il nous reçoit (en compagnie du dessinateur Wozniak) pour parler de Sibérie m'était contéee. Cent trente-huit pages de dessins et de mots, vingt-trois chansons : l'ancien leader de La Mano Negra revient là où on ne l'attendait pas. Et le chantre de l'internationale des barrios, le héraut des alter mondialistes en bonnet péruvien chante Paris, ses boulevards de ceinture et ses nuits d'hiver. Au même moment sort Dimanche à Bamako, le nouveau disque d'Amadou & Mariam [voir « Soleil Noir » dans ce numéro], qu'il a réalisé et sur lequel il pose sa voix et ses sons - une sorte d'antidote de soleil au ciel bas de Sibérie m'était contéee. Quelques chaises dépareillées, deux ou trois posters pour l'atmosphère latine et deux tables sur tréteaux couvertes d'ordinateurs, de portables, de samplers, de platines : non seulement le matos des enregistrements de Sibérie m'était contéee, mais aussi toute la mémoire informatique de Manu Chao, qui a quitté pour une saison Barcelone et son soleil pour la grisaille parisienne et quelques escapades au Mali ou à la Condition publique à Roubaix...


MANU CHAO : Ici, c'est la première fois que je réunis toutes mes machines, qui ont toujours été dispersées, à droite à gauche. J'essaie de faire l'inventaire, de tout réécouter... Il y a là le VS880 [le révolutionnaire studio digital miniaturisé portable, sorti en 96 par Roland] de Clandestino, à l'époque où je voyageais, avant qu'on puisse enregistrer convenablement sur un ordinateur portable - ce qui a encore allégé le sac à dos. Et puis il y a l'ordinateur de bureau sur lequel je vidais les calepins de voyage. En ce moment, je suis en train de tout ramener sur la bêbête de maintenant. La boîte à outil, c'est le disque dur. Je ne m'imaginais pas enregistrer La Valse à sale temps à Barcelone, ça aurait été ridicule, ni mes rumbas ici à Paris. Alors j'installe ma petite turne là où j'ai besoin de l'installer pour l'action du moment. Et le studio tout entier tient dans une camionnette, en comptant le lit et deux ou trois objets que j'aime bien avoir autour de moi.

CHORUS : Il y a sans doute sur ces disques durs une foule de versions alternatives de vos chansons de Clandestino et Proxima estacion Esperanza. Peut-être bien de quoi alimenter de futures sorties ?
- Si les gens le demandent, j'en ai. Mais quand il y a un morceau que j'aime chez un artiste, je ne me demande jamais comment pouvaient bien être ses maquettes ; si je tombe dessus cela peut être intéressant, mais je n'ai pas la démarche de les chercher ou de les réclamer... Même si c'est cruel pour lui, l'artiste doit choisir sa version.
Ce que je n'aime pas maintenant, c'est que c'est trop facile pour nous, les artistes : avec les bonus des DVD on peut construire son propre film soi-même. C'est peut-être formidable pour les gens mais c'est trop facile pour l'artiste. Il faut savoir arrêter, dire qu'on ne va plus toucher à rien. Naturellement, on s'évite cette souffrance en disant aux gens : allez on vous largue tout là, débrouillez-vous ! Cela dit, rien n'empêche, évidemment, de refaire des mixes, de redessiner des pages, et de balancer tout ensuite sur le Net...

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EN FRANÇAIS DANS LE TEXTE

- Comment vous êtes-vous trouvé à faire ce livre et ce disque ?
- Wozniak et mon père ont bossé et fait les quatre cents coups ensemble... Un jour, mon père m'a apporté une bouteille de vin avec une étiquette piratée, sur laquelle il y avait Infinita tristeza, avec une petite vache... Là, j'ai flashé. On s'est rencontrés et un jour il a pris tous mes textes n'ayant pas abouti en chansons, il les a emmenés chez lui et, deux semaines après, il avait tout dessiné. Il avait joué au Lego avec mes textes, y avait pris ce qui l'intéressait - et ça m'a complètement rafraîchi la lecture... Pour moi, ces textes étaient écrits pour être chantés, jamais je n'aurais imaginé qu'ils seraient lisibles comme ça, à sec ! Alors, on a essayé de maquetter ces dessins et ces textes, de faire un petit bouquin.

- Et comment les chansons sont-elles arrivées ?
- C'est pendant les nuits de maquette que l'idée du disque est arrivée. En travaillant, on mettait toujours de la musique... Et c'est l'instinct, pendant que tu installes un texte, tu commences à le chantonner sur la musique qui passe. Par hasard, cela sonne bien. Direct : micro, pimpoum, on enregistre. Quand j'ai commencé à me prendre à ce jeu-là, le terrain de jeu musical a été magnifique. Mais les textes ne sont pas les mêmes que dans le livre. Ce sont quatre phrases de la page 8 qui fonctionnaient bien sur une musique, puis quatre autres phrases sur la page 42 - de nouveau un jeu de Lego. Alors je suis en train de réécrire les textes chantés sur le disque, pour que les gens puissent au moins les lire sur internet - on m'a assez reproché que les paroles ne soient pas sur le livret du dernier disque !

- La palette musicale des chansons est très large : on devine le compagnonnage récent avec Amadou et Mariam et leurs musiciens, mais aussi que certains titres sont manifestement liés à vos deux albums solo...
- Il y a des sessions d'époques anciennes, des titres avec Roy Paci à la trompette et son pote Rosario le tromboniste, qui avaient travaillé sur Esperanza. Dans Le P'tit Jardin, la musique a été enregistrée à Rio - l'original avait des paroles en brésilien - durant la même session que Bongo bong sur Clandestino et Homens sur Esperanza. Il y a deux ou trois guitares de Magyd, qui bossait avec moi dans Radio Bemba, comme pour La Valse à sale temps. La scie musicale de Sibérie a été enregistrée dans une caravane avec un ami galicien, pour une chanson qui était à l'époque en anglais...

- Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas autant entendu de titres de Manu Chao en français... Mais on remarque dans les paroles de ces chansons une certaine parenté, par la simplicité, les traits très directs, avec l'écriture folk américaine...
- C'est du jeté. Des textes écrits rapidement, sur des années. [Il va chercher une chemise cartonnée rouge, remplie de feuillets disparates, en tous formats et couleurs.] Cette carpette, elle en a vu, du monde ! Il y a là-dedans des textes qui ont quinze ou vingt piges. J'ai toujours gardé mes brouillons... A l'époque, c'était rangé par langues - des textes en français, en espagnol, en anglais - pour les retrouver. Maintenant, avec l'ordinateur, c'est plus facile. C'est un peu dommage pour le romantisme, mais l'ordi a cet avantage : tu cherches ton texte, tu prends ton micro et c'est enregistré avant que t'aies oublié la mélodie.

BREL, FRÉHEL ET LE ROCK

- Si l'on compare à Proxima estacion : Esperanza, la voix est ici plus mate, un peu plus basse. Est-ce parce qu'il s'agit vraiment de chanson ?
- Je ne sais pas. En tout cas, je crois que c'est un disque de chansonnettes...

- Il n'est certes pas dansable...
- Ce n'est pas le but du jeu. A mon avis, ce n'est pas un disque qui va passer en boîte. On aurait pu être prêts en mai ou juin, mais je me suis dit que mettre ça dans une guinguette à la plage, ce n'était pas un cadeau... C'est un disque trop blues pour l'été.

- La Valse à sale temps évoque forcément La Valse à mille temps de Brel. C'est une forme d'hommage à la chanson française dite classique ?
- La chanson française, je l'ai découverte sur le tard ; quand j'étais ado, je n'écoutais que du bon rock'n'roll anglais ou américain des années 50/60. Puis il y a eu le punk et des groupes de rock français mais le texte ne passait pas. Le jour où j'ai vu à la télé un concert de Brel, j'ai vraiment pris la claque de ma vie et je me suis dit : lui, c'est un punk, un vrai, tout en noir, tout en sueur. Oui, la claque de ma vie !
Et puis, j'ai découvert Fréhel. Cela n'est pas forcément mon univers, musicalement, mais il y a tout au niveau du texte - au niveau du texte rock and roll... Fréhel et les réalistes, c'est la vie du pavé ! Ce ne sont pas les groupes rock français qui m'ont donné envie de chanter en français, mais ces gens-là. Pour les textes, le rock français était tellement léger... Evidemment, il y a des exceptions, des rocks en français qui sont des monuments de la musique, comme le disque
Les Wampas vous aiment.

- Justement, comment avez-vous pris la chanson que les Wampas vous ont consacrée : Manu Chao ?
- La seule chose qui m'emmerde profondément, c'est la major company derrière. Quand les Wampas m'ont demandé l'autorisation, je leur ai répondu : d'accord, c'est vous qui savez ce que vous faites avec le nom des copains. Après, je ne sais pas quelle est la maison de disques
1 qui derrière se frotte les mains en faisant du pognon avec mon nom, et ça me fait beaucoup moins rigoler. Cela dit, longue vie aux Wampas !

- Pourquoi y a-t-il eu deux versions de Sibérie m'était contéee, une mince avec six chansons dans les kiosques en septembre, puis le gros livre et les vingt-trois chansons en librairie début novembre ?
- Au départ, on pensait seulement sortir quelque chose en kiosque ; c'est romantique, être au coin de la rue... Le kiosque, c'était l'idée qu'on pourrait en faire régulièrement, si l'expérience se passait bien. En tout cas, on ne pensait pas partir sur du gros... Plutôt du souple, quelques dizaines de pages, sans plus de prétention que de faire passer un bon moment aux gens qui ont un long trajet de métro ou un TGV à prendre. Puis nous sommes arrivés à quelque chose qui n'était plus en rapport avec les kiosques à journaux, mais nous avions déjà discuté avec le distributeur, les NMPP.

- Le disque sortira-t-il chez les disquaires ?
- Peut-être... La version avec vingt-trois titres, ce n'est plus de l'illustration musicale mais un CD à part entière. Peut-être aussi trouvera-t-on le livre sans la musique ; tout dépend de ce que vont demander les gens...

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Couverture du livre Sibérie m'était contée


EN PLEINE RÉVOLUTION

- C'est amusant, ce retour à la chanson... en librairie !
- Et c'est très instructif pour moi. Par exemple, j'ai découvert la loi Lang sur le prix unique du livre. Là, ce livre et le disque sont partout à 25 euros, sauf si quelqu'un veut faire une réduction, limitée à 5 % du prix. Dans le disque, on est à la merci du distributeur et de sa marge : on peut se battre pour réduire les coûts, pour faire que le disque soit plus accessible, finalement le distributeur a le droit de le vendre aussi cher qu'il veut ! Dans le livre, c'est beaucoup plus sain au niveau des prix.

- Il ne paraît pas innocent que, deux années après la rupture avec Virgin, ce nouvel album paraisse hors de l'industrie du disque...
- C'est pourtant un hasard. Un de plus dans ma carrière de chanteur... Nous n'étions pas partis, Wozniak et moi, pour faire un disque, mais un livre... Et nous sommes allés au bout de cette logique : un livre doit sortir en librairie. Encore une fois, ça ne veut pas dire que le CD ne sera pas un jour chez les disquaires mais il aurait été illogique de faire sortir un livre chez les disquaires ! Qu'on ne s'inquiète pas : je ferai un autre disque, seul, dans pas longtemps... J'ai de la musique plein mes machines, je ne vais pas faire des bouquins toute ma vie.

- A quoi ressemblera-t-il ?
- Je ne saurais pas encore le dire... J'ai, déjà, toutes les maquettes d'un disque en « portugnol ». Et aussi un petit disque de rumbas de Barcelone dont les chansons sont écrites. Je ne manque pas de projets, mais de temps... Ce CD qui s'est glissé dans le bouquin a grillé sur le fil tout ce que je pensais sortir avant.

- Après la rupture avec Virgin, vous avez dû connaître la danse du ventre des autres majors ?
- Si j'ai quitté Virgin, ce n'était sûrement pas pour aller prendre un plus gros contrat ailleurs. Je suis resté longtemps dans une major et j'estime toujours que c'était la moins pire. Si ça se passait mal chez eux, pour X raisons, ça n'allait pas mieux se passer ailleurs...

- Comment vivez-vous la crise du CD ?
- Ma génération a connu la fin du vinyle. Le CD aussi va bientôt finir. Je ne porte pas de jugement de valeur, car si les anciens sont un peu tristes, les jeunes n'en ont rien à péter. Nous sommes en pleine révolution et c'est passionnant. Tous les objets qui vont sortir maintenant vont être des hybrides, il ne va plus y avoir de formatage du genre : toi tu fais un bouquin, toi un CD, toi un tableau... Période de crise, donc période de création, d'invention. C'est vieux comme le monde !

Propos recueillis par Bertrand DICALE

Contact scène : Corida, 120 bd Rochechouart, 75018 Paris (tél. 01.49.25.82.82, fax 01.42.23.67.04, ou www.manuchao.net).



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