Le fantastique en citations :
« Le fantastique (…) se caractérise (…) par une intrusion brutale du mystère dans le cadre de la vie réelle. » (Castex, Le conte fantastique en France)
« Le récit fantastique (…) aime nous présenter, habitant le monde réel où nous sommes, des hommes comme nous, placés soudainement en présence de l’inexplicable. » (Louis Vax, L’Art et la Littérature fantastiques)
« Tout le fantastique est rupture de l’ordre reconnu, irruption de l’inadmissible au sein de l’inaltérable réalité quotidienne. » (Caillois, Au cœur du fantastique)
« La démarche essentielle du fantastique est l’apparition : ce qui ne peut pas arriver et qui se produit pourtant, en un point et à un instant précis, au cœur d’un univers parfaitement repéré et d’où l’on avait à tort estimé le mystère à jamais banni ». (Caillois, Encyclopédia Universalis)
« L’unique épreuve d’où sort vainqueur le véritable conte fantast. est celle-ci : a-t-il ou non provoqué chez le lecteur un profond sentiment d’horreur et de contact avec des sphères et des puissances inconnues (…) ». (Lovecraft, Epouvante et surnaturel en littérature)
« La règle est inflexible : rien de ce qui est objet de foi ne peut apparaître fantastique. » (Caillois, Cohérences aventureuses)
« Le Moyen Age qui baigne dans le merveilleux ne sait pas donner à ses diableries ou à ses enchantements, la tension nécessaire, le haut degré d’angoisse indispensable au frisson futur. » (Caillois, Images, images…)
« Le merveilleux médiéval est toujours féerique, jamais fantastique, dans la mesure où le fantastique s’insère comme un inquiétant corps étranger dans la réalité immédiate. » (Pierre-Yves Badel, Introduction à la vie littéraire du Moyen Age)
« ‘J’en vins presque à croire’ : voilà la formule qui résume l’esprit du fantastique. La foi absolue comme l’incrédulité totale nous mèneraient hors du fantastique ; c’est l’hésitation qui lui donne vie. (…) L’hésitation du lecteur est donc la première condition du fantastique. » (Todorov, Introduction à la littérature fantastique)
« Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel. » (Todorov, Introduction…)
« [Selon Todorov], le fantastique est ce à propos de quoi un « lecteur implicite » (qui peut être un personnage du récit) hésite sur l’explication à donner. Mais il n’y a plus, dans le texte médiéval tel que nous le connaissons, de lecteur implicite : il y a nous, par delà une distance de tant de siècles. Le fantastique que nous attribuons au roman médiévale est le nôtre. » (Zumthor, Essai de poétique médiévale)
« Le fantastique dramatise la constante distance du sujet au réel, c’est pourquoi, il est toujours lié aux théories sur la connaissance, et aux croyances d’une époque. Il n’est de « caution de l’impossible » que par la lucidité et l’intelligence, par le recours à la raison. Le fantastique marque la mesure du réel à travers la démesure ». (Beissière, Le récit fantastique. Le poétique de l’incertain)
« (…) la forêt [dans les Lais féeriques] est le lieu où se déploie quelque chose que l’on serait tenté d’appeler le fantastique, car c’est bien là que le familier, subtilement et insidieusement, se transforme en « inquiétante étrangeté » » (Danielle Régnier-Boller, postface au Cœur mangé. Récits érotiques et courtois)
Définitions du mot dans les dictionnaires :
1799, 1835 – le Dictionnaire de l’Académie : « chimérique, apparence d’un être corporel, sans réalité »
1843 – Bescherelle : « substantif. Le fantastique se dit par ellipse pour le genre fantastique »
1859-72 – Littré : « Contes fantastiques, se dit en général des contes de fées, des contes de revenants, et, en particulier, d’un genre de contes mis en vogue par l’all. Hoffmann, où le surnaturel joue un grand rôle. »
1980 – Larousse : « forme littéraire et artistique qui met en évidence l’irruption de l’irrationnel dans la vie individuelle ou collective »
1980 – Le Robert : « adj. (XIVe s. ; bas lat. phantasticus, gr. phantasticos, de phantasia. V. Fantaisie, fantasque)
Vx. Qui se laisse aller à ses rêveries, à sa fantaisie. Un esprit fantastique. V. Chimérique.
Qui est créé par l’imagination, qui n’existe pas dans la réalité. V. Fabuleux, imaginaire, irréel, surnaturel. Etre, personnage, animal fantastique. Spécialt. Dont le contenu est hors du possible et du réel. Histoire, conte fantastique, où domine le surnaturel. Les « Contes fantastiques » d’Hoffmann. La « Symphonie fantastique » de Berlioz.
Qui paraît fantastique, surnaturel. V. Bizarre, extraordinaire. – Par ext. V. Enorme, étonnant, extravagant, formidable, incroyable, invraisemblable, sensationnel.
Substantivt. Le genre fantastique dans les œuvres d’art, les ouvrages de l’esprit. Le fantastique en littérature, venu d’Allemagne, pénétra en France vers 1830. Le fantastique dans les arts plastiques, à l’écran. V. Expressionisme