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par jour a son etude. Lorsqu’il trouve un lettre comme guide, il passe trois heures Ie matin et trois heures le soir « a examiner des caracteres chinois, et a les epeler comme un enfant »15.
Les efforts des jesuites franęais ne sont pas vains. Au terme d,etudes longues et penibles, ils parviennent generalement a maitriser le chinois (plusieurs des missionnaires a Pekin ont encore appris le mandchou ou mongol16). Certains d’entre eux le parlent merae tres bien. Par exemple, le pere Dominiąue Parrenin, « parła chinois mieux qu'aucun Europeen n'a jamais parle cette langue, et ii s’exprima en tartare [mandchou] aussi purement et aussi facilement qu'en sa langue maternelle », selon le pere Valentin Chalier, superieur generał de la mission franęaise en Chine (1745 a 1747)17. Voltaire, dans son Siecle de Louis XTV, confirme egalement rhabilete du pere Parrenin : «[il] parlait tres bien le chinois et le tartare »18. Plusieurs deviennent des specialistes de la langue. Ainsi, le pere Joachim Bouvet redige un dictionnaire chinois-franęais, Parrenin un dictionnaire chinois-latin, de Premare une Notice sur la langue chinoise (Notitia linguae sinicae), Pierre-Martial Cibot un Essai sur la langue et les caracteres chinois, Jean-Joseph-Marie Amiot un Dictionnaire polyglotte (dictionnaire de sanscrit en caracteres tibetains, de tibetain, de mandchou, de mongol et de chinois)19. Parmi tous ces ouvrages, le plus remarquable est Pouvrage de Premare, qui constitue la premiere etude approfondie de la langue chinoise en Europę. Cet ouvrage est
considere comme le meilleur dans ce domaine aux XVTT et XVnT siecles. II aura une grandę influence sur la sinologie europeenne20.
L'etude de la langue constituera un atout precieux pour Pentreprise des missionnaires franęais en Chine. Grace a leurs connaissances linguistiques, ils pourront precher partout
15 Lettre de CHAVAGNAC du 10 frevier 1703, op. cit., p. 93.
16 PFTSTER, Sotices biographiąues (...], 1932-1934, n° 392, p. 846 ; FANG Hao, ZhongXł [...), 1987, vol. 2. p. 964-965.
17 PFISTER, op. cit., n° 233, p. 503; Lettre du pere Vaientin CHALIER du 10 octobre 1741, dans Joseph DEHERGNE, « Un grand Franęais: Parrenin "1665-1741" », Revue Nationale chinoise, 1943, etć, p. 46.
18 DEHERGNE, op. cii1943, p. 51.
19 PFISTER, Notices biographiąues 1932-1934, n° 235, p. 523-526 ; n° 419, p. 893-894 ; n° 392, p. 846 ; NAN Bingwen, LI Xiaolin et LI Shenwen, Qingdai wenhua [...], 1991, p. 272-273.
20 PFISTER, op. cit., 1932-1934, n°235, p. 523-525 ; FANG Hao, Zhong Xi [...], 1987, voI. 2, p. 963 ; NAN Bingwen, LI Xiaolin et LI Shenwen, op. cit., 1991, p. 272-273.