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menti puisqułils se seraient trouves a un bon kilometre de la vigne au moment du dślit.86 Si dans la formę, la defense de Mathilde Payen s'apparente a celles deja observees depuis les annees 1290, la qua!ite de sa demonstration la place bien au-dessus du plaidoyer qu*Hugues Ebrardi fait au nom de sa femme ou encore des allegations de parjure presentees par maTtre Isaac. La difference tient dans la connaissance du droit et certainement aussi dans Chabilete du plaideur. Lorsqu'on examine de pres un texte de defense comme celui de Mathilde Payen, on peut mieux cemer le role joue par l’avocat au moment de la defense. Outre le choix du vocabulaire, la structure de la demonstration renforce la vaieur probante des arguments presentes. L'art de la plaidorie est ici maitrise.
Dans leurs manuels de procedurę, les grands juristes offrent des modeles d’exordes eloquents. °A en juger d'apres les modeles donnes par Guillaume Durand et Bonaguida, il [l’avocat] ne cherchait point a flatter son adversaire; des l'exorde il lui reprochait de vendre son ame pour soutenir 1’injustice et l’iniquite, et de construire ainsi un edifice pour 1‘enfer".87 Parlant des plaidories des avocats du Parlement au XIVe siecle, Ferdinand Lot et Robert Fawtier ecrivent: "Ce qui frappe tout de suitę, c'est 1'abus des citations, Taccumulation des preuves qui ne demontrent rien, les distinctions plus subtiles qu'ingenieuses. Cependant, 1‘argumentation est tres methodigue”.88 Philippe de Beaumanoir se preoccupe aussi de la qualite de 1’argumentation en recommandant aux plaideurs de “presenter en demier lieu les meilleurs arguments “parce que f on retient pfus facilement Jes dernieres paroles que les premieres".”89