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nous leur preschons un Dieu, Createur du Ciel et de la terre et de toutes choses; de mesme ąuand nous leur parions d*un Enfer et d’un Paradis, et du reste de nos mysteres; les opiniastres repondent que cela est bon pour nostre Pays, non pour le leur, que chaque Pays a ses faęons de faire »18. Certains disent encore que les Europeens et les Amerindiens ont respectivement leur propre dieu, Dieu des Blancs et Dieu des Rouges : « Nous sommes Indiens et appartenons au Dieu de Phomme rouge. Ce livre [Bibie] c’est le Dieu de Phomme blanc qui l’a fait cłest pourquoi il convient aux hommes blancs »19.
Refutations des lettres confucianistes
La doctrine chretienne est egalement obscure pour les Chinois, dont la cholisation est profondement differente de celle de 1’Europę. Corame les Amerindiens, les Chinois ont du mai a comprendre la notion de peche originel. Selon la Bibie, cette notion decoule de la desobeissance de Phomme a Dieu et suppose la separation de Phomme d'avec le Createur20. La conception chinoise du peche est plutót liee a la loi et a la morale et se rapporte aux infractions reellement commises. Pour les Chinois, il est donc tres difficile d’accepter qu’ils soient coupables des leur naissance21. De plus, la notion de peche originel est en confiit avec le concept optimiste de beaute de la naturę humaine (xingshan luń) de la doctrine confiicianiste. En effet, selon Mencius (Mengzi, vers 372-289 av. J.-C.), deuxieme maitre confiicianiste, les hommes possedent en germe, a leur naissance, les quatre ąualites morales necessaires a leur accomplissement comme hommes de bien : lliumanite (ren), le sens du devoir (yi), la politesse (li) et la connaissance (zhi). Ces quatre qualites distingueraient 1’etre humain de Panimal22. C’est pourquoi le confucianisme accorde beaucoup d’importance a Peducation morale.
18 Ibid,. vol. 1. 1635. p. 34; 1636. p. 79 (Relations de BREBEUF).
19 DELAGE,« La religion [...]». 1991, p. 76.
20 La Sainte Bibie, « Genese », 2-3; « Actes », 3: 19.
21 ZHUO Xinpin. « Zhong Xi wenhua jiaoliu zhong de jidujiao yuanzui guan » (« Concept de pćchć originel du christianisme lors des echanges sino-occidemaux »), Recherches sur les religions du monde,
1995, n° 2, p. 75-77.
22 CHEN Zhiliang et JIA Runguo, Zhongguo rujiao {Le conjucianisme chinois), Pekin, Zongjiao wenhua chubanshe. 1996. p. 27-29 ; SUN Shupin. Zhongguo Zhexue Shi gao (Ebauches dhistoire de la philosophie chinoise), Shanghai, Renmin chubanshe, 1980, vol. I, p. 125-128.