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milieu militaire . Toutefois, 1’indignation publiąue ne leur permet pas de rćsister k cette decision. Malgre les demandes rćpćtees du Lieutenant-gćneral Romeo Dallaire pour des renforts en troupes lors du gćnocide rwandais, il doit observer, impuissant, le massacre de plus de 800 000 Rwandais159.
La guerre en Afghanistan contrę le regime du mollah Omar et son armee d’etudiants (moudjahidines) reprćsente le principal engagement canadien de la demićre decennie160. Notons au passage que nous avons choisi dans notre recherche de preferer le terme moudjahidine a celui de talibcms puisqu’il s’agit du terme utilise par les differents acteurs du conflit pour s’auto-designer. Tout comme 1’Afghanistan au toumant du 21e siecle, la fin de la guerre civilc en ex-Yougoslavie peut etre consideree comme le principal combat canadien des annees 1990. Entre le deploiement de la FORPRONU en fćvrier 1992 et la demićre rotation de 1’općration Palladium en decembre 2004, les Forces canadiennes y ont appuye des efforts diplomatiques visant k retablir la paix entre les divers groupes ethniqucs de l’ex-Yougoslavie (Bosniaques, Serbes, Croates et Albanais) et d’assurer leur sćcurite. Un bataillon canadien s’illustre particulierement lors d’un affrontement entre Croates et Serbes a la poche de Medak, ou se refugient 1200 civils qu’ils protegent161. Durant ce long deploiement, le processus de paix demeure la flnalitć politique de Tusage de la force. Les regles d’engagement strictes auxquelles les soldats sont soumis les placent parfois dans des situations embarrassantes. Par exemple, ils pouvaient se retrouver devant des violations evidentes des droits de la personne sans pouvoir intervenir, sous pcine de miner les efforts diplomatiques. Le bataillon canadien en Bośnie finit par etre sumomme le « Can ’tbat ». Cest-ć-dire qu’il ne peut pas et n’a pas les moyens d’accomplir les objectifs - de sćcurite l5* Les militaires sont trćs attachćs aux traditions, a 1’histoire militaire et aux cerćmonics. 11 est possible d’introduire des changements dans Porganisation en s’appuyant sur ces valeurs. A Pinverse les dćcisions qui les bouleversent comme la fermeture d’un rćgiment historique sont moins bien reęues. Autre excmple, en 1968, lors de 1’unification des trois forces (terrestres, navales et aćriennes), une importante transformation, la principale critique par les militaire est Padoption d’un uniforme unique qui ne respectait pas les spćcificitćs historique de chaque ćlćment.
1,9 Lieutenant-gćnćral Romeo Dallaire, J'ai serre la main du diable : La faillite de ihumantte au Rwanda, Outremont, Editions Librę Expression, 2003,684 p.
160 Talibans est traduit litteralement par ćtudiants. Ces etudiants sont issus des ecoles (madrasa) religieuses au Pakistan et en Afghanistan accueillant des pauvres et des orphelins. Leur curriculum comprend, entre autres, la memorisation et Pinterprćtation du Coran, la loi islamiquc, Phistoirc des paroles et actes du Prophżte, la logique et Phistoire musulmane, etc. Le concept de «taliban » est, selon Simon Lcduc, op cit, une construction sociale de POccident qui ne rend pas justice a la realitć des moudjahidines combattants aux ordres du Mollah Omar.
161 Sean M. Maloney, The Canadians ai Medak Pocket: Fightingfor Peace, Toronto, DRAFT for Maclean’s, 2002, 5 p.
16* Gćnćral Rick Hillicr, op cit. p. 159.