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t D I T O R I A Ł

Un modele irakien ?

UNE des premlćres dćcl-sions amćricalnes aprćs la chu-te de Saddam Hussein avait ćtć d'aboltr la pełne de mon dont le dictateur irakien avalt falt usage de manićre abomlnable. Molns de six semalnes aprćs avołr ćtć Installć au pouvołr par Washington, le gouveme-ment intćrlmaire de Bagdad ,vlent de la rćtabllr. Cette dćd-slon du nouveau premier minls-tre, Pex-baaslste lyad Allaoul, pourtant formułce en termes d’un flou inqułćtant - pulsqu’el-le s’appllquera aux « meurtriers et aux indMdus menaęant le pays » - a reęu Paval de Pambas-sadeur amćricaln.

Le mlnistre des drolts de Phomme a approuvć cette njesure. comme le dlrecteur de 1'Institut Irakien pour la dćmo-cratie, mćme s'll juge que cette "formulation tris vague peut laisser place d bien des interprć-tations ». L’obJectlf ćvident est de rćtabllr un ordre de plus en plus menacć par la rćsistance sunnite, le terrorlsme islamiste et les młlices chiites. Mais aussi de foumlr un cadre Ićgal qul permettra de condamner k mon Saddam Hussein.

Cette volontć rćpressive d’un pouvolr soutenu k bout de bras par Parmće amćrlcalne a pour objectłf avouć de placer M. Allaoul, qul se prćsente comme le nouvel homme k polgne du pays, dans une posltion de force. 11 en a blen besoin pour affronter les problćmes - sćcu-rltaires, polltiques, communau-tałres ou ćconomlques - qul assalllent le pays depuls la chu-te du rćgime baaslste.

Mals on peut aussi y volr un signe de falblesse d’un pouvo!r qui ne contrdle pas grand-cho-se. Tout comme d’une adminls-

tratlon Bush en plelne cam-pagne ćlectorale et qul cherche k se dćcharger au maximum de ses responsabilltćs sur M. Allaoul.

On ne saurait certes atten-dre de cet homme qu’il transfor-me du Jour au lendemain son pays en un havre de dćmocra-tle. Aprćs tout, la pełne de mon est appllquće partout au Pro-che-Orlent, k commencer par les alllćs de Washington. Mais les promesses faltes par le prć-sident Bush pendant la guerre d'ćtablir en Irak un rćgime qul serait un exemple de paix, de llbertć et de dćmocratie dans la rćglon ont falt long feu.

Les Etats-Unls se retrouvent donc face k un Imposslble dilemme: comment rćtabllr la sćcuritć dans un pays qul leur ćchappe, et qul les halt, sans dćraper dans une sanglante rćpresslon ? Comment donner le pouvo!r k des gens qul n’ont aucune expćrience de la dćmo-cratie, et dont certalns ont servl Saddam, tout en espćrant qu’ils se conduisent en gentle-men, alors mćme que leur vie est constamment menacće ?

Loin d’apparaStre comme un modćle, le nouvel Irak semble dćjk sombrer dans Pordinaire des rćglmes autoritalres de la rćglon confrontćs k la dlsslden-ce d’une partie de leur popula-tion. Une słtuatlon que la Maison Blanche et le Pentagone auraient pourtant pu prćvoir.

Pour que PIrak puisse espć-rer repartlr sur de nouvelles bases et sortir de cette culture de la rćpresslon qut Pa plombć depuls un deml-slćcle, former les Irakłens k la dćmocratle ne sufflra pas. U faudra d’abord que leurs dlrigeants en fassent, eux aussi, 1'apprentlssage.

Le coeur touristique dlstanbul touche par des attentats

Deux bombes dans des hótels ont fait 2 morts et au moins 14 blesses.

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Istanbul de notre correspondant

Deux personnes ont ćte tuees et une quin-zaine blessees lors d’explosions simulta-nees de bombes vi-sant deux hótels dans les ąuartiers touristiąues de La-leli et Sułtanahmet dans la nuit de lundi a mar di a Istan-. bul. Deux autres bombes ont explosć sans faire de victime dans une rafinerie de gaz de pćtrole liąuefie, dans la ban-lieue, non loin de Paćroport. Le receptionniste de Phótel Pars a affirmć qu'il avait reęu un appel anonyme dix mi-nutes avant l'explosion preci-sant «qu'une bombę avait ćte placee dans la chambre305». Le personnel n'a pas eu le temps d'avertir la police ni d’evacuer les 37 clients. La deuxieme bombę a explose au deuxieme etage de Phótel Star Holiday oudormaient 20 clients. Un Turc et un Ira-nien ont trouve la mort, deux Hollandais, quatre Es-pagnols, deux Chinois, deux

Marocains, un Ukranien, un Poionais, un ressortissant du Turkmenistan et un Turc ont ete blesses.

Rassurer. Le ministre turc de Plnterieur, Abdulkadir Aksu, s’est rendu sur les lieux des attentats et a denonce «ceuxqui

«lstanbul est une ville surę et la Turquie un pays sOr...»

Abdulkadir Aksu, ministre de

veulent destabiliser la Tur-quieet lutter contrę lapaix, la stabiliteetlaprosperite». II a implicitement accuse «les terroristes separatistes» - les rebelles kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), dans le jargon officiel - tout en affirmant qu'aucune piste n’etaitexclue. Ilasurtouttenu a rassurer pour eviter les rć-percussions sur le tourisme, affirmant «qu'Istanbulestune villesure et la Turquie un pays sur».

Une organisation se reda--mant d’Al- Qaeda, «les moud-jahidin des brigades Abou-

Hafs (al-Masri)», qui avait re-vendique les attentats de Ma-drid (191 morts en mars), a af-firme hier sur un site Internet etre responsable des attentats. Les specialistes restent sceptiques car ni les cibles ni le modus operandi ne cor-respondent^ceux des groupes qui ont frappe lametropo-1’lntćrieur le du Bosphore en novembre, faisant 60 morts dans des attentats contrę des synagogues et des objectifis britanniques.

Fin du cessez-le-feu. Ungrou-pe kurde inconnu, «Faucons pour la liberte du Kurdistan», s'est d’ailleurs attribue ces attentats par un message a Pagence MHAbasee en Alle-magne et souvent utilisee par le PKK Uimplication de cette organisation dont le leader, Abdullah Ocalan, arrete en 1999, purge une peine de pri-son k vie, serait plausible. Le PKK, appele desormais Kon-gra-Gel, avait annonce le l^er juin la fin du cessez-le-feu unilateral decrete apres Tar-restationd’Ocalan. Depuis, il a repris, dans le sud-est anato-lien peuple en majorite de Kurdes, des attaques contrę des objectifs militaires et poli-ciers. Le PKK s^łetait dćj& atta-que, en 1993 et 1994, a des cibles touristiques a Istanbul et dans des stations balneaires, tu ant 4 personnes.

Une autre piste est celle du terrorisme d’extreme gauche qui avait revendique plu-sieurs attentats a la bombę, dont 1'une, «accidentelle», dans un bus dTstanbul, qui a fait 4 morts fin juin, peu avant Parrivee de George Bush venu participer a un sommet de 1'Otan. Enfin, des commer-ęants de ces quartiers touris-tiques, surtout frequentes par des commeręants en prove-nance des pays d'Europe de 1'Est et du Caucase, pensent que les attentats peuvent etre le fruit de la concurrence sanglante dans le racket entre bandes mafieuses. ♦

RAGIP DURAN

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