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Sistani le diplomate contrę Sadr Pagitateur


L’un est hospitalisć a Londres et veut composer avec les Americains, 1’autre se bat contrę eux.
A Nadjaf se joue Pavenir de la communautć chiite.

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THE DAILY TELEGRAPH


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Londres

La semaine dcmiere, depuis son lit de l*hó-pital Cromwell de Londres, un fragile septuagenaire fut glace d’horreur en voyant a la television une pluie d’obus tomber sur le cimetiere le plus extraor-dinaire du monde, a Nadjaf. En tant que Principal dignitaire rcligieux de la ville, l’aya-tollah Ali Sistani est le gardien de ce lieu saint; mais ce jour-la, au moment ou les marines americains prenaient le contróle de la vaste nćcro-pole, tombc par tombe, il etait venu a Londres se faire operer pour une stenose arterielle. Entre-temps, Nadjaf resonnait de 1’incessant tonnerre des bombes et du crepitement continu des pis-tolcts-mitrailleurs. La nouvelle equipe au pou-voir en Irak avait opte pour attaque en regle contrę les miliciens d’un jeune imam retranche dans le saint des saints dc la ville pour affirmer 1’autorite du tout nouvel Etat. Apres la prise du cimetiere, l’epreuve de force semblait devoir se jouer a 1’interieur du mausolće de Timam Ali, que les musulmans chiites considerent comme l*un des lieux les plus sacres de 1’islam. Dans tout le sud de 1’Irak, des villes comme Amara, Bassorah et Nasiriyah ont ete envahies par des bataillons d’Irakiens en armcs repondant a l’ap-pel au soulevement de 1’imam radical chiite Moqtada as-Sadr. Mais en fin de compte, elles sont restees sous le contróle des troupes ame-ricaincs et britanniques.

DEPUIS LA CHUTE DE SADDAM, JAMAIS L I RAK N*A tTt AUSSI PRĆS DU GOUFFRE

Les blindes et les chars americains, diriges pour la premiere fois par les forces de securite ira-kiennes, sont encres dans Nadjaf quelques heures a peine apres que l’ayatollah Sistani fut parti. Pendant que Ic convoi du vieux chef religieux - qui quittait pour la premiere fois Nadjaf en pres de cinquante ans - negociait son chemin sur une route peu frequentee vers Bagdad, le Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, lanęait une offensive a haut risque contrę une milice qui se refusait a reconnaitre son autorite. Depuis la chute de Saddam Hussein, jamais 1’Irak n’avait paru si pres de basculer dans le gouffre. Des cen-taines de partisans de Sadr ont ete tues dans ces affrontements. Pendant une bonne partie de la semaine, 1’armee avait veille a menager les


De$sin de Mix & Remix paru dans L’Hebdo, Lausanne.


m Onde de choc

"As Sadr n'est pas seulement une tete brulee,

II a acęuls une Iśgltlmltś.

La dlstlnctlon slmpllste que tent les Americains entre les 'bons' dlsclples de Sistani et les 'mechants' d'As Sadr est une ■ erreur traglque'\ Ócr1valt The New York Times dfcs Juln demler. “De plus, la notlon de martyre est un ólóment pulssant de rimaglnalre chiite. Essayer de l'śllmlner crńeralt

une onde de choc se propageant des mlnoritśs chlltes du Pakistan et du Golfa, en passant par l'lran, Jusqu’au Uban du Hezbollah."


miliciens de Sadr, s’cfiforęant simplement de les contenir et s’abstenant de faire parler les armes. Les soldats americains gagnaient lentement la bataille la plus etrange, mais pas la moins meur-triere, qu’ils livraient dans le vaste cimetiere de Nadjaf - ou tous ceux qui sont enterres sont assures d’une place au paradis. Le sol brunatre et poussiereux des tombes s’effondrait sous les semelles des rangers.

Militairement, cette bataille comportait de nombreux risques symboliques. Car apres avoir maitrise le cimetiere, les Americains devaient

encore affronter des milliers de combattants retranches sous le dóme dore a Tor fin du mau-solee de Nadjaf. Le moindre dommage inflige au lieu saint serait un acte sacrilege envers 1’islam. Le denouement etait proche. “II ne peut rien en sortir de bon, confia un officier americain sur le terrain au Washington Post. Si nous per-dons, nous perdons, et si nous gagnons, nous per-dons aussi. ”

Larmee du Mahdi ne cesse de renforcer ses effectifs et de gagner en assurance depuis les accrochages du printemps dernier. Les milliers de combattants qui sont venus gTOSsir ses rangs disposent d’une formation militaire rudimen-taire et sont dissemines dans tout le pays. De Bagdad a Bassorah, ils ont pris le contróle de regions enderes. En refusant d’entrer dans le jeu polidque tant que 1’Irak reste occupe par les Amć-ricains, Sadr a mis en fureur la nouvelle equipe dirigeante. Pourtant les opposants au jeune imam affirment que son appel a un soulevement generał n’a pas ete entendu : ni les classes moyennes, ni les plus de 40 ans n’ont bronche.

Loin de la fureur des combats, les puis-sances occidentales evaluaient calmement l’is-


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