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retoumer en Espagne : le voyage de Rafael dans le pays de ses grands-parents apparait comme symboliąue : ii n’aimera pas ce pays et il revien-dra a Alger avec grand plaisir pour faire venir son cousin espagnol Jua-nete chez lui. Bień que 1’implantation en Algćrie ne soit pas facile, elle apparait comme la meilleure solution pour les habitants d’un «pays de misere».
Mais le sang va couler en abondance, litteralement, au moment d’une petite intervention chirurgicale sur le pouce ćcrasć de Ramon qui encourage son petit chirurgien : «-Pique, va! [...], c’est du bon sang espagnol! w68 ou bien lors d’une course de taureaux ou «[...] un ruisseau de sang coulait sur le sable»69 comme pour souligner cette caractóristique typiquement espagnole. Cependant nous voyons ś ce moment-la Rafael degoute de ce spectacle; son manque d’enthousiasme devant un evene-ment si espagnol trouve sa justification dans le propos de notre protago-niste : «-[...] je suis plus Franęais que vous»70 lequel est adresse au cours d'une corrida, a son voisin espagnol, vieillard, qui est bouleverse par le calme de Rafael si different d'un vrai Espagnol au moment de la course de taureaux. Paradoxalement Rafael se sent depayse pendant son sejour a Valence qui n’a rien d’un pćriple nostalgique vers le pays de ses ancetres : «tout 1’ennuyait et l’excćdait»71, il ne pense qu’a ses amis alge-riens et il saute de joie en regardant les endroits qui lui rappellent 1’Algerie :
Aussi, les courses finies, s’empressa-t-il de partir pour Castellon-de-Rugat, [...], comme si en meme temps que sa familie, il allait retrouver la-bas quelque chose d’Alger. [...] Les noms arabes des stations [...] augmentaient Tillusion; et Rafael s’attendait presque a voir surgir Beni-Mered, avec sa colonne et ses lauriers-roses.72
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II devient ainsi 1’Autre dans le pays de ses grands-parents. Le sang et sa race le voue a un autre avenir sur le sol africain qui n’est pas pour lui etranger car il est le reprćsentant d’une vieille race latine, en plus, son energie, sa vigueur, sa jeunesse sont des atouts 1’inclinant a vivre en Algerie.
Nous pourrons admettre que les deux mots principaux de ce roman, «le sang» et «la race», ne concement que le peuple espagnol, d’ou notre opinion sur leur importance dans cette colonie franęaise d’aprós ce texte,
M Ibid., p. 33. 69 Ibid., p. 267. 7# Ibid., p. 268.
71 Ibid., p. 268.
72 Ibid.