SAINT AMBROISE To
Enlace encore dans les liens de ses passions et dans les erreurs grossieres du manicheisme1, le jeune rhćteur, incer-tain de sa voie, inquiel dans ses pensees, poursuivi a la fois par Taiguillon inlerieur de la grace et par les reproches muets de sa mere, venait d’arriver a Milan pour y enseigner Telo-ąuence. Peut-etre qu’en partant de Romę il avait reęu de Symmaque, son protecteur, des leltres de recommandation pour Tiiluslre eveque; car, malgre 1’anlagonisme de leurs croyances et les lutles eclatantes dont nous entcndrons plus tard les ćchos 2, des relations d’amitie, fondees peut-etrc sur la parente 3, n’avaient pas cesse d’exisler entre rćveque de Milan et le prefet de Romę. En tout cas, la reputation d’Am-broise sulfisait pour attirer le genie inquiet d’Augustin : il vint se presenler a lui. Nous pouvons assister, graco au recit des Confcssions, & cette premićre rencontre de ces deux grandes dmes.
Veni Mediolanum ad Ambrosium episcopum, in optimis notum orbi lerrae, pium cultorcm tuum *; cujus iunc elo-quia5 strenue ministrabant adipem frumenli tui, et laeli-tiam olei, et sobriam vini ebrielatem0 populo tuo. Adeum autem duccbar abs le nesciens, ut per eum ad le sciens duccrer. Suscepit me paterne ille homo Dei 7, el peregri-nationem meam satis episcopaliler dilexil8. Et eum amare
t Le manichóiBmo, hćrćsie cć-Ifebrc, dont 1’oirrcur fondamcntalc consistait A expliquer le bicn ct le mai par la cocxistcnco dc denx prin-cipes ótornels, Tun cssentiellemcnt bon, l’autre cssentielleinent mau-vais. Cette hćrćsic, qul tirait son nom de Manós ou Manichóe, nćc en Perse au comniencement du me sftclo, se surv£cut ti ellc-mCmc dans Tino foule dc sectes du moycn agc, les pauliciens, les albigeois, etc.
2 Yoir, dans le vol. de la Uhtto-riquc. les plaldoyers des dcux ri-vaux sur le rótablisscuicnt dc la Blatnc de la Victoire.
a (( Symmacho tuo parente, » dlsait Ambroise, on s’adressant ii son frćre Satyro. (JDe exc. fratris ant Satyri, 1.1, n. 32.)
* Cultorcm tuum, cn parlant h Dien, h qui le dlscours d’Augustin s’adrcssc prosque conti nuellement dans le rćclt de ses Confcssions.
5 Eloąuium, ii, est employć au singnlier par les poótes dn slocie d’Augustę et par les prosateurs qui les imitent, pour cloąucutia; mais il so prend, dans la languc ccclć-siastiquc, daDs lc sens concrefc de « discours, ontretien )>.
6 Images bibliqncs ( cf. Ps. lxxx , 17; cm, 15, 16; cxt,vjt, 14), pour pcindre les effets dc forcc, do jole et de calmc irresse que la parole de Dicu produit dans les Ames.
7 Ille, dans lc sens cmpliatiquc; homo Dei, dans le sens marquć, p. 7, n. 2.
8 Diligere, avcc un nom de chose