SAINT AMBROISE 101
Mais, avant de le voir se separer, arrelons-nous encore un instant pour 1’enlendre chanter 1’hymne du soir.
Lłusage de ces hymnes chąntćes en choeurs alterriatifs s’etait introduit depuis peu dans TEglise de Milan. Mais, apres avoir servi a rcmplir los hcures longucs et anxieuses du siege qu’Ambroise eut a soulenir contrę les ariens dans Tinterieur de sa basiliąue Portienne, elles etaient devenues un des grands altraits des reunions chreliennes : saint Augustin, de qui nous tenons ces detaiłs1, pleurait en les entendant, et l’evćque, cedantau vgqu de son peuple, avait du en composer pour cha-cune des heures canoniales et pour toutes les fetes principales de Tannóe.
Ce nłest pas qu’on doive reellement faire remonter jusqu’a lui toutes celles qui portent son nom : le nom dVlm6rosiamtm devint dans ia suito un nom commun pour designer cetle partio de Toffice divin, et c’est ce cjui a trompe beaucoup dłediteurs. Suivant les rcgles d’une critiąuc severe, on ne peut, nous dit M. Ozanam, <' lui en attribuer avec fondement que douze2, mais pleines d’elegance et de beaute, d’un caractere encore tout romain par leur gravite, avec je ne sais quoi de małe au milion des tendres elTusions de la piete chretienne: Tesprit des temps primilifsy existe encore3. »
L’authenticile de celłe que nous citons la premierę nous cst attestee par saint Augustin, qui la mentionne plusieurs fois dans ses muvres. A rinyocation du dćbut se rattache, en particulier, un des souvenirs les plus touchants de sa vie4. On sait, en effet, que dans cette crise de douleur qu’il eut a trayerser apres la mort de sa mere, crise d’aulant plus cruelle que la naturę lui refusait ce triste soulagement que nous trouyons dans les larmes, ce furent ces strophes qui, en lui revenanl a la pensee pendant la nuit, lui apporterunt une premifcre consolation, et lui-meme nous raconte comment, arfive a ce vers,
Luclusąue solval anocios,
il sentit tout a coup s'ouvrir dans ses yeux la source intórieure des larmes, et par ce jaillissemenl de sa douleur se trouya soulage.
Hlnccri o carmi di mnV Ambrorjio vcscovo di Milano, Mitano, 1862.)
3 La Civilinatton au v<* siccle, 18e leęon, la Poćsic, p. 33G.
4 Conf., 1. IX, C. xn, n. 32 ct 33.
Conf., 1. XX, c. vxi, n. 15.
Los savantcs rcchcrchcs du dcr-
nier ćditcur des hymnes do saint Auibroise ont &cvó ce nombre jus-
qn’fo rt!x-huit, (L. Birngbi, Inni