Les agents economiąues du secteur du livre sont peu motives pour devenir plus professionnels. Ni lemploye ni Femployeur ne tiennent a investir dans la formation sur un marche ou la concurrence porte de moins en moins sur la qualite du service et sur le metier. La preponde-rance de la concurrence sur les prix interdit la misę en ceuvre d’une politiąue d'avenir axee sur la qualite. Et ni le marche du livre, ni les entreprises individuelles ne sont en mesure d’offrir des avan-tages en contrepartie de la formation reęue.
La perte de la bataille du prix et la dereglementa-tion qui en a ete le corollaire ont accentue la reduction de 1’effort financier consacre au develop-
pement des structures de Forganisation. La _
presence d’un personnel trop peu nombreux, accapare par une activite minimale, limite les possibilites d’action et de valorisation de Fassocia-tion aupres de ses membres. Les lacunes en matiere de services se traduisent par une reduction de la contribution des membres, qui entraine a son tour la disparition progressive dautres taches. L’association devient de plus en plus tributaire des bonnes volontes qui veulent bien se manifester. Le temps. la competence et Fargent font alors defaut pour etudier et preparer soigneusement les options d’avenir et le choix d’une politique a long terme. Dans la pratique, Finterprofession est toujours en retard sur les evenements.
Labsence en Flandre d’un observatoire tel que la Stichting Speurwerk voor het Boek (Fondation pour les etudes sur le livre) se traduit par labsence de donnees quantitatives permettant la prepara-tion et Fevaluation d’une politique du livre. Cette absence a ete ressentie pendant toute la phase d’elaboration de la presente etude.
Producteur creatif de la chaine du livre, lauteur demeure dependant de la prosperitę du secteur, qui conditionne a la fois ses possibilites d’expres-sion et ses revenus.
Le nombre restreint d editeurs en Flandre reduit pour de nombreux auteurs les possibilites de se faire editer. Les risques financiers lies a la publication de premiers ouvrages sur le marche du livre en Flandre constituent pour les auteurs une barriere difficile a franchir. Aussi Fedition a compte dauteur est-elle la solution de remplacement la plus frequem-ment adoptee, bien que n’offrant guere de perspectives dłavenir.
La faiblesse croissante des infrastructures du marche empeche toute diffusion large des ouvrages. Or les risques inherents a la publication de jeunes auteurs necessitent un contact avec le public au travers des medias, mais aussi grace au concours actif des libraires. Sous la pression financiere, Fediteur est contraint de rechercher des valeurs sures et amene a effec-tuer des achats sans risque.
Dans sa relation avec Fediteur, lauteur est en position de demandeur. Le « privilege » d etre edite rend difficile tout equilibre entre les parties dans la negociation.
Le marche neerlandais lui-meme offre peu de debouches; Fediteur neerlandais se laisse notamment influencer dans sa decision par le caractere limite que presente pour lui le marche flamand. II n’existe donc aucun correc-tif a Fimpossibilite dans laquelle se trouvent les auteurs flamands de se faire editer dans leur pays d’origine.
Pour Fauteur travaillant sur commande, le probleme de la publication est resolu, mais 1 etroitesse du marche ne saurait lui assurer un revenu satisfaisant. Les « commandes » portent rarement sur les productions experimentales ou novatrices, mais sur les valeurs sures. Ce ne sont pas des commandes que naitront les livres « de faible vente », mais du travail d editeurs courageux, sappuyant sur un large reseau de librairies de qualite.
Par ailleurs, Fauteur ne reęoit guere dencou-ragements des pouvoirs publics: condition sociale tres defavorable (s’il opte pour le statut d’ecrivain a plein temps), absence de remune-ration du pręt public (contrairement a ce qui se pratique aux Pays-Bas), politique capricieuse en matiere de bourses, politique inexistante dans le domaine de la traduction, en un mot politique globalement defavorable au livre.
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