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principalement dans cette rćgion, en remplaęant le nationalisme «classique», lie k la participation politiąue et k la loyautć territoriale, avec la quete de 1’Ćtat et «I’ambition de faire correspondre le Volk et la nation politique». On voit donc comme l’ćvohition dans 1’espace (de l’Ouest en Est) et dans le temps (du dćbut k la fin du XIX® sićcle) de 1’idće de nation a ćtć accompagnee d’une transition conceptuelle: la conception ethnique de la nation Pa emportć sur la conception civique. La thćorie de Gellner (prćsentće a la page 28) explique cette ćvolution, et menie les causes de Papparition du nationalisme, par les effets de 1’industrialisation: la «haute» culture nćcessaire pour Phomogćnćisation de la socićtć et la dislocation des communautes traditionnelles. Ses theses sont rejointes et enrichies par les considerations de Benedict Anderson et d’Eric Hobsbawn qui voient dans les migrations modemes et contemporaines, dans les autres effets pervers des nouvelles conquetes techniques, l’explication du regain de la xćno fobie, 1’autre visage - absent de ce livre - du nationalisme.
Dans son introduction, Le reveil des nationalismes, Jacques Rupnik essaie de voir de plus pres pourquoi un vieux concept - 1’ethno-nationalisme - est repris, a la fin du XX® siecle, avec une vigueur nouvelle, k 1’Est comme k 1’Ouest, par les communautćs qui sortent du communisme ou qui n’arrivent pas k cohabiter dans un meme Śtat fćdćral. En reordonnant ses idćes (sans affecter ainsi leurimportance et leur contenu), on pourrait dire que deux sont les facteurs majeurs qui ont contribuć, aux yeux de Rupnik, au retour des nationalismes. Le premier, qui ne peut plus surprendre tant ii a ćtć invoquć, est «Ia chute du communisme et du demier empire colonial qu’incamait PUnion sovietique» (p. 9) avec ses deux consćquences immćdiates: Peclatement de Punitć politique et ideologique du bloc socialiste et la fin de la guerre ffoide. Un ordre mondial bipolaire, basć sur la conffontation, mais «stable et previsible», s’est effondrć, laissant derriere lui un monde «democratise» oii une multitude d’acteurs veulent se faire entendre et etre reconnus.
La globalisation economique et Puniformisation culturelle - les deux traits essentiels de la civilisation contemporaine - constituent ensemble un deuxieme facteur gćnćrateur de nationalisme. Si on a, parfois, le sentiment de vivre dans un «village planćtaire» (MacLuhan), les consequences qui devaient 1'accompagner, le «dćpassement de la nation» et la dissolution des «particularismes ethniques» (p. 17), ne sont pas visibles. Au contraire. A cause des dćpendances economiques accentućes, «une volontć depuissance inscrite dans le territoire national» est, dans beaucoup de cas, illusoire, mais elle reste k la base d’une forte reaction de nationalisme ćconomique. Hobsbawn met aussi en lumiere une rćaction d’ordre psychologique. En effet, elle peut etre beaucoup plus redoutable, car la globalisation «enleve les reperes qui semblent offirir une delimitation objective, permanente et positive k la communautć dont on fait partie» (Polis, n° 2/1994, p. 68).
La rćponse nationaliste a ces deux dćfis du notre temps sera formulće sur deux plans k la fois, deux plans qui, bien que distincts, s’imbriquent et se conditionnent: la construction ou la definition identitaire et la remise en question du contour et des regles du cadre politique. Mais, k cause des expćriences historiques diffćrentes, le mćlange des ingrćdients vaiie de 1’Est k 1’Ouest. Dans 1’ancienne zonę communiste, on ressent un fort «vide ideologique» (une troisieme cause pour