186 Notes de lectuje 10
PASCHALIS M. KITROMILIDES, John Locke and the Greek Intellectual Tradi(ion: An Episode
in Locke1s Recepfion in South-Easf Europę, in: Locke*s Philosophy; Content and Context,
Oxford, 1994?p. 217-235
LMntention de Rautenr n?est pas simplement de meyre a notre disposition une listę des echos de la philosophie de Locke chez les intellectyeles grecs de Tepoąue: sa demarcher plus complexe? a comme but de trouver aussi des similitydes marąuantes dans les aflitudes de R«intellectualite» europeenne face aux idees du philosophe britannique, au-dela des pafticularites cultufelles regionales. En paflyflt du cas precis de Respace sud-est europeen, il arrive au constat que R influence p^ftielle de Locke n*est pas caracteristiąue a cette seule region? mais elle est comparable a d’autres regions du continent: si les penseurs grecs decouvraient avec interet suptout Repistemologie empiriste et les ćcrits sur Reducation de Locke, et s?ils n^accordaient presąue jamais leur ayention i sa philosophie politiquer ceye absence est pareille presque paftout en Emope (a Rexception notable de la France et des Pays-Bas), meme si pour des raisons difierentes.
Locke? qui enseignait au Christ Chmch College a Oxford, ćtait un ćminent connaissem de la langue et de la philosophie grecque classique. Et pourtarjt, il n7a jamais essayć d^ecrire en grec ou de traduire de cette langue, comme le faisaient beaucoup de ses contemporains. En plus? la premiere traduction, en grec, de Run de ses ouvrages ne remonte pas avant 1796, et encore il s'agit d*une traduction de la version italienne d?un livre ou Run de ses disciplesf Wynne? essayait de presenter sous une formę systematisee, son Essai. Cela ne veut pas dire que Locke n?etait pas connu par les Grecs avant 1796. Mais, a Rćpoque, sa philosophie n?est pas entree en contaęt avec les pensems grecs quła travers deux somces majemes: les traductions en franęais de ses ouvrages, realisees par ses disciples refugiós, pom la plupa^t, aux Pays-Bas, et les ecrits des representants des Lumieres napolitaines, papticulierement ceux d7Antonio Genovesi.
La reception des idćes du philosophe anglais a ćtć, donc, sellective dans cet espace. Si les intellectuels des Balkans ont montre leur admirapon pom Repistemologie einpiriste de Locke, ou? par exemple. pom sa conception sm Reducation (et les references a ses ecrits sont rigoureusement receusees par Kitromilides) - en revanche sa philosophie politique ne serable pas lem avoir suscite un grand interet. Les raisons de Rinsucces des idees politiques sont expliquees par Rautem en partant des particularites sud-t"i europćennes? de la resistence «souple» et pragmatique face au pouvoir otoman: les idees politiques liberales etaient appreciees capables de «troubler les esprits». En plus? le temps n^etait pas encore venu pom ces peuples de conjuguer Rideał de RafFirmation nationale avec le liberalisme (une solution envisagee au XIXC siecle).
Mais il ne faut pas, pom autarjt - affirme Rautem - nous limiter a la problematique locale. Car? a Rexception de la France et des Pays-Bas le reste du Vieux Continent a ete papiculierement reticent face a la pensee politique du pere du Liberalisme. Theoricien de la Revolution anglaise^ il ne pouvait que provoquer une attitude de reserve et d?inquietude dans les monarchies et les empires europeens absolutistes.
L^ntention de Rautem est de reviser Rimage idylique de «Rautorite presque scripturale» (Alfred Cobban) des idees de Locke au XVIII* siecle. La premiere traduction franęaise d?un ouvrage de Locke apparaft des 16917 mais elle n?a pas eu une circulation importante, en depit de la suprematie intellectuelle du franęais. SM1 est vra* ^ue promotem des Lumieres anglaises a capte Rinteret des philosophes franęais qui, a Rinstaj- de Voltaire? Montesquieu ou Rousseau, ont contribue a Rassimilation et la propagation de ses idees^ en echange ce n’est pas sa theorie du pouvoir legitime ou (dans les Balkans) sa theorie sm la legitimation de la resistarjce du peuple face a la tyrannie qui aient inspire les mouvements de liberation politique et nationale. Ce n?est pas le «political qusteeship» qui a fascine les intellectuels de REurope de sud-est, mais «Rabsolutisme democratique» propose par la R6volution Franęaise.
Cette discussion sm le destin sud-est emopeen des idees de Locke est tres actyelle. 11 y a quelques annees? le politologue amćricain Francis Fukuyama predisait, juste apres la chute du Mm de Berlin? la fin de l'His{oire: «Le liberalisme est sorti vainquem de la guerre des ideologies», proclamait-il: Rinstamation pąflout dans le monde des rćgimes democratiques stables est une evolution inćvitable qui met ^ debat ideologique . Pouftant, les annees qui ont suivi ont