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(Les Arfcs Poetiques du XIIe et du XIIIe siecle. Paris 1923), re-montent a la rhetorique de l’epoque romaine, a celle du declin de cette epoque, enfin aux commencements de la rhetorique chre-tienne (Halm a publie beaucoup de textes tres interessants). II faut tenir compte d’autre part de 1’etude pratique des modeles, cultiyee dans les ecoles dirigees par des moines, ou la tradition de la poetique continue a vivre pendant de longs siecles. Le temps aidant, on y voit se former un ideał du style qui s’inspire des classiques et se distingue par une ornementation hypertrophiee. Durant le moyen age plus avance, on empruntait les principes et les regles soit a Ciceron, soit a Quintilien, soit enfin a une serie de traites recemment publies par Faral, lesquelles sont dans une certaine mesure lJexpresion de 1’ideal du style dominant au XIIe et au XIII6 siecle, A n?en pas douter, cet ideał est une synthese de la tradition antique yulgarisee ayec les idees ohretiennes sur les choses. Le grand nombre de manuscrits dont nous ayons herite, puis le fait quTEyrard lAllemand, auteur dJun de ces traites, nJbesite pas a recommander leur emploi dans les ecoles, temoi-gnent de la grandę popularite dont ils jouissaient. Le fait que dans les biblioteques des couyents alsaciens on trouve souyent differents traites de poetique et des ouyrages qui sJen inspirent, merite tout particulierement de retenir 1’attention de ceux qui s’interessent a ractivite litteraire de Gottfried von Strassburg.
Les oeuvres dAlanus ab Insulis sont entre autres une preuve que la poetique jouait un grand role dans la production litteraire latine; d’autre part, il appert de Tanalyse des oeuvres de Gottfried von Strassburg que les poetes allemands la connaissait ega-lement. Ce poete erudit qui parle de ces etudes dans les ecoles (Trist. 2068 et suiv.), etait place d?ailleurs dans les meilleures con-ditions pour connaitre egalement la poetique medievale, ainsi que l?apprend la »revue litteraire« dans Tristan. En effet, Gottfried yon Strassburg se sert dans cette »reyue« d’une serie dJexpressions tirees directement de la poetique latine. II nous faut insister sur la circonstance quJau point de vue de la terminologie, 1’etude de la »reyue litteraire« en question nous permet de comprendre beaucoup de de.tails qui jusqu7ici nous paraissaient obscurs ou qu’on interpretait autrement. Ainsi le passage suiyant qui contient une caracteristique de la production litteraire de Hartmann von Aue (Gottfried 4622, edition de Fr. Rankę):
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