107
Pour une ethnohistoire des frontidres
des Źtats africains
A ces situations de type binaire s’ajoutent des situations de convergence impliąuant au moins trois puissances diffćrentes. Nous citerons trois cas k titre d’exemple : celui de la sćparation des Azande (ou Zande) entre le Congo belge (Zaire actuel), 1’ancien Soudan britanniąue (Rćpubliąue du Soudan) et l’ex-colonie franęaise de 1’Oubangui-Chari (ancien Empire centrafricain); le partage du pays somali entre la Cóte franęaise des Somalis (Territoire des Afars et des Issas), le Protectorat du Somaliland britanniąue, les Somalis de la province ćthiopienne du Harrar, la Somalie italienne et les Somalis de la province septentrionale du Kenya; enfin, le cas des Yoruba, partagćs entre le Nigćria britanniąue, le Dahomey franęais et le Togo allemand. La troisićme et demićre catćgorie d’administration de type colonial k laąuelle furent soumis des peuples africains fut celle du mandat ou de la tutelle, illustrće par le cas des anciennes colonies allemandes, oii des groupes africains se trou-vćrent placćs sous deux ou parfois trois administrations coloniales diffćrentes, successivement plus souvent que simultanćment. Les populations du Burundi, du Rwanda et du Cameroun, entre autres, connurent ce type de situation, ou l’expćrience africaine du partage prit initialement la formę d’un dćcoupage du terrain entre deux ou trois puissances diffćrentes, suivi d’un autre type de partage ou un pouvoir colonial nouveau, souvent diffćrent, vint se superposer au rćgime finissant. Tel fut, au Congo belge et dans les colonies allemandes du Rwanda et de 1’Urundi en Afriąue orientale, le cas des Hutu et des Tutsi, qui subirent pendant un certain temps et simultanćment 1’administration belge et 1’allemande. Plus tard, les habitants des territoires allemands furent placćs sous la tutelle belge. Dans 1’esprit des groupes hutu et tutsi d'Afriąue centrale, le partage en vint k signifier la dćpendance k l’ćgard de la combinaison germano-belge lorsqu’ils comparaient un territoire k 1’autre ou une ćpoąue k une autre dans le meme territoire.
L’idćal serait de faire entreprendre 1’ćtude de chacune de ces vingt-deux combinaisons ou types de partage colonial, sans qu’il soit toujours nćcessaire d’en arriver li. Avec leurs caractćristiąues chimiąues ou pathologiąues propres, ces combinaisons foumiraient d’utiles indications sur la meilleure faęon d’aborder le problćme de la reprćsentativitć d’une sćlection općrće selon des critćres de combinaisons administratives ou de partage colonial.
II faudrait aussi s’attaquer au problćme de la sćlection en fonction et R. M. Prothero (dir. publ.), Essays on African population, Londres, 1961, p. 310-318. Les groupes ethniques disloąuós par les frontidres intemationales du Nigćria sont traitćs dans l’ouvrage dćji citć de J. C. Anene et figurent sur la carte (p. 8) de 1’ćtude de Thom (Ohio State University Papers in International Relations). Barbour et, dans une certaine mesure, Thom s’inspirent de la carte « tribale » de 1’Afriąue dressće par Murdock et publiće avec son ćtude Africa, op. cii., 1959. La carte de Murdock devrait maintenant faire 1’objet d’une refonte radicale.