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De l'histoire economiąue et sociale
dans le volume VIII
et extórieure. Sur le plan intórieur, on ne saurait expliquer sćrieusement le fonctionnement de nombreux rćgimes sans etudier leurs rapports avec le secteur de la production et leurs liens avec tel ou tel groupe social, et sans s’interroger sur les caracteristiąues ćconomiąues du groupe au pouvoir. Le meme raisonnement vaut pour la politiąue extórieure de nombreux pays. II s’agit la d’aspects trop bien connus pour que nous y revenions ici.
Une fois admise la nćcessitć de centrer le volume VIII sur 1’histoire ćconomique et sociale, il nous faut nous demander quelle approche adopter k 1’intórieur de ce cadre pour mener k bien notre tache; voili qui nous conduit au vieux dilemme de Thistorien.
Si je rappelle ici cette question, c’est parce que la reponse que l’on y apporte influe sur le choix tant des problćmes k ćtudier dans le cadre de 1’histoire sociale et ćconomique que de la mćthode k suivre. Pour formuler ce dilemme en termes simples : souscrivons-nous k 1’idee d’une ćvolution selon une voie unique et comparable pour toutes les socićtós humaines, ou bien pensons-nous qu’il est plus fecond, du point de vue scientifique, d’admettre la possibilitó d’une plu-ralitć de voies? Telle est la question fondamentale qui se pose k quiconque s’interesse k la philosophie des civilisations. Pour Thistorien, il s’agit aussi d’une option cruciale puisqu’elle conditionne le choix des methodes, celui des problćmes ćtudićs et la configuration d’ensemble de son trayail1.
Le concept du dćveloppement unidirectionnel, rappelons-le, est nć en meme temps que Teconomie politique moderne. La conviction qui le fonde a etć formulće explicitement par Adam Smith : pour qu’un pays arrićrć puisse se dćvelopper, il suffit, somme toute, qu’il connaisse « la paix, des impóts peu elevćs, une administration et une justice supportables, et tout le reste ćvoluera en suivant le cours naturel des choses2 ». Plus tard, Karl Mara a donnć a cette idće une formulation encore plus claire puisque c’etait li le fondement meme de toute sa conception de la transformation des socićtós. Dans Tintroduction a la premićre edition du Capital, il ćmet une proposition qui demeure 1’une des explications les plus classiques et les plus ćloquentes de la notion de dćve-loppement unidirectionnel : « Le pays le plus dćveloppć industriellement, dit-il, ne fait que montrer a ceux qui le suivent sur 1’ćchelle industrielle Timage
W. Kula, Probfemes et methodes de Vhistoire iconormąue (en polonais), Varsovie, 1963,
p. 685-689.
Cette citation est malheureusement empruntće k une traduction polonaise, et les traduc-
tions successives en limitent nćcessairement l*exactitude.