|5__QUELQUES APPORTS THEORIQUES SUR LA LA1DEUR1
5.1 Une recapitulation historiąue
Rappelons en bref les attitudes et les conceptions essentielles de la laidcur dans Pesthetique diachroniąue. Les Grecs exaltaient la nudite du corps parfait qui manifestałt, selon eux, la divinitć. Le principe kalos kai agathos repoussait la laideur dans le domaine de derision et de mćpris. Ce qui etait laid etait, en meme temps, ignoble et indigne ; le laid ne possćdait pas de noblesse spirituelle. Le rire etait le seul moyen pour se distancer du laid, pour s’en proteger. LMdealisme platonicien reservait la laideur a notre monde apparent et imparfait, au monde qui de facto n’existait pas. Et vice versa, Pidee de la laideur ne figurait pas au monde rćel ideał. Saint Augustin avait une vision analogue - le mai et le laid n’existent pas parce qu ils ne reprćsentent que le manque du bien et de la beaute.
La tradition judeo-chretienne considerait le corps avec ses besoins et ses faiblesses comme le siege du pćche et du chatiment. A la difference de Pantiquite, le christianisme admettait le cóte animal de Phomme, le cóte detoume, corrompu et tenebreux de la Creation. L’attitude negative envers le laid donc survivait: on a pris les handicaps et les defigurations pour la punition des pechćs. Pourtant Part chrćtien, exalte aussi par Hugo, figurait monstres effrayants, personnages defigurćs, images macabres et etres menaęants. II a enrichi Timagination et a ouvert un champ vaste des formes fantasmatiques. Le comble de la liberation du corps et de ses defigurations est represente par Rabelais. Le dix-septieme siecle identifiait le laid avec Panarchie et le desordre. Et enfin, les positions des romantiques peuvent etre reprćsentees par Hugo52 : « ...dans 1'apparition du grotesąue au XIX6 siecle, surgit soudain ouvertement lattraction - autre face de la repulsion -qu ’exerce sur l'homme. »53
ij2 - - - - - - - -
^ v. le chapitre La tradition romantiąue - Hugoy p. 20
i Gagnebin, M.: Fascination de la laideur. L 'en-deęa psy chanatytiąue du laid. Seyssel, Champ Vallon 1994, p. 96
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