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1’histoire des śchanges entre l’Orient et l’Oecident au XVII* et au XVIIIe siecles. Les agents de ce noble trafie sont des plus varićs : marchands, ambassadeurs, consuls, voyageurs, prfitres, moines, libraires locaux. D6s le XVI* siecle, les ambassadeurs de France auprós de la Sublime Porte sont invitćs a chercher des manuscrits 38. L’historien Jacąues de Thou, bibliothćcaire du roi, ćcrit en ce sens a 1’ambassadeur Harley de Lancy. En 1613, des recherches dans ce menie but sont projetóes a Alexandrie et dans la Thćbalde. L’intóret pour les antiąuitós — tel que le mani-festent un Maillet ou un Le Chaire — devient un atout pour une no-mination au poste de eonsul au Caire, ainsi qu’il ressort de ce passage d’une lettre de de Thou a Peiresc au sujet des titres du candidat a ce poste, Santo Seghezzi: «II est fort homme de bien et capable de faire avoir afforce liyres et & bon marchć. a39 Les connaisseurs en livres — ćru-dits, libraires ou courtiers, mćtier en plein essor — sont de plus en plus recherchćs. Galland fournit de prćcieuses informations sur les libraires, il montre les marehandages qui ont lieu a Constantinople pour un livre caraite40. Les bibliotheques impćriales, princieres ou conven-tuelles sont frćquentćes dans toute 1’śtendue de la Turcocratie — des Pays Roumains a Constantinople, de Syrie et Jśrusalem jusque dans les eoins les plus perdus de 1’Egypte et de 1’Abyssinie. II existe des tćmoi-gnages des XVII* et XVIII* siecles sur la biblioth6que de M&rgineni (Valaehie) des Cantacuzino, qui fut visitće par le patriarchę Macaire d’An-tioche et, plus tard, par 1’ćpigraphiste anglais Edmund Cishull41; sur la biblioth6que du monastere de V&careęti, k Bucarest, des prinees Ma-vrocordato et sur celle de la Metropolie de Hongro-Vlachie, ou se doeu-mentait 1’historien Sulzer; sur la bibliotheque du boyard Andronachi, frśquentśe par Jean-ClaudeFlaehat42. Lors de son long sćjour & Constantinople, Dimitrie Cantemir utilisait, par l’intermśdiaire d’amis, la bi-bliotheque du Sćrail43. A 1’occasion des luttes entre Turcs et Impśriaux
3ł R. Clćment, op. cit., pp. 26—27; H. Omont, op. cit.
3f Bibliothćque Nationale, Nouv. Acąuisitions, 5174, pp. 125 et 129 ; cf. R. Clćment, op. cit., pp. 27, 106 — 107.
40 A. Galland, Journal.. .y pp. 31, 185, 275, etc. Selon Evliya Tchelebi, Scyahatna-mcsi..., ćd. Necib Asim, vol. I, Istanbul, 1314 (= 1898), p. 609, il aurait existć & Constantinople en 1631 300 sahaf (libraires), avec 50 magasins, pour les corporations religieuses, et 200 autres, avec 60 magasins, pour les autres catćgories de lecteurs. A ces chiffres il faut ajouter — d’aprćs la mćme source — comme auxiliaires de la confection et de la conservation du livre, 300 relieurs travaillant dans 100 ateliers.
41 C. Dima-DrSgan, Bibliotcca unui umanist romdn, Constanlin Cantacuzino Stolnicul (La bibliothćąue d’un humanistę roumain, le «stolnic » Constantin Cantacuzino), Bucarest, 1967, pp. 3 sqq.
43 N. Georgescu-Tistu, Bibliografia litcrard romdnó. (Bibliographie littćraire roumaine), Bucarest, 1932, pp. 136—139.
41 Demetrius Cantemir, Histoirc dc 1'Empirt Othoman, trąd. par M. de Joncquićres, t. I, Paris, 1743, p. 184.