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fondćes par des sultans, 35 ćcoles coraniąues et 135 ćcoles de traditions {dar iil-hadis)i9. Meme en rćduisant le nombre par souci d’objectivitó, ces chiffres attesteront nśanmoins une intense actiyitć d’enseignement—car il s’agit, pour 1’instant, seulement de la population de la capitale de 1’Empire.
Cependant, pour un Turę a l’age de la formation intellectuelle, Constantinople n’ćtait pas tout. De meme que Padoue pour les jeunes Grecs, le but revś pour un Turę assoiffś de culture śtait Le Caire, avec son universitć d’immense prestige — al-Azhar. La jeunesse estudian-tine ottomane dśtenait assurćment une place importante dans cet ancien centre de culture islamiąue, puisąue, parmi les salles destinćes aux dif-fćrents groupes d’ćtudiants, l’une śtait rćservóe aux Turcs (al-Atrah)50.
De tous les centres urbains de 1’Empire, Constantinople ćtait le sifege de la vie intellectuelle grecąue la plus intense. La capitale n’avait jamais cessó, depuis la conąuete, d’exercer ce role, mais au XVIIe siacie sa vie culturelle connaissait une nouyelle orientation. La grandę ćcole nationale du Patriarcat ćtait dirigśe a partir de 1626 par le phi-losophe nćo-aristotćlicien Thćophile Corydalśe et ensuite, a partir de 1646, par le disciple de celui-ci, Jean Caryophyllis 81. Pourtant, en 1655, Alexandre Mavrocordat constatait — ainsi que nous 1’apprend son Ś16ve Jacques Manou — que « les chrćtiens de la ville dtaient non seulement privćs de toutes notions philosophiques, mais ignorants sur les lettres grecques; aussitót il organisa une rśunion d’hommes intelligents; il amćliora d’abord leurs mceurs conformćment aux principes de la phi-losophie morale; puis, comme un bon et diligent p6re de familie, il leur enseigna la langue grecque et la philosophiey52. II s’agit du soi-disant naiSayaiYetoy crćó avec l’aide financiere de Manolakis Manou de Castoria, protecteur connu de la culture et de 1’enseignement grecs 53. Outre la philosophie, on y enseignait la littórature, la rhćtorique et les «Sciences». C’est 1’ścole dont Cantemir fait l’śloge et dont il a lui-meme suivi les cours.
Des ścoles grecques similaires existaient dans diffórentes rćgions de la Turcocratie, dans les ileś Ioniennes ou dans 1’Archipel. A la fin du siecle, Anastase de Nausa rapporte que le nombre de «coll^ges » fonctionnant dans les villes grecques s’śl6ve & 40M. Les plus connus,
4i Evliya Tchelebi, Seyahatnamesi... 9 ćd. cit., I, pp. 524—525.
60 H. A. R. Gibb et J. R. Kramers (hrsg.), Handwórterbuch des Islams, Leyde, s. v» al-Azhar.
61 Cf. Clćobule Tsourkas, Les dćbuts dc Tenseignement philosophique el de la librę pensit dans les Balkans9 2C ćd., Thessaloniąue, 1967, pp. 54 sqq.
63 Cf. G. Chassiotis, Uinstruction publique chez les Grecs depuis la prise de Constantinople par les Turcs jusqu'& nos jours9 Paris, 1881, pp. 27—28.
63 M. I. Gedeon Hpovixa T7)ę IIocTptapxtx5)ę ,Axa87)fxlaę. 'I<m>pt>cal elSrjffetę rcepl T7ję MeY4X7)ę too Tćvouę Sx0^K> 1454 — 1830 (Chronique de rAcadćmie Patriarcale. Donnćes historiques concernant la Grandę Ecole de la Nation, 1454 — 1830), Constantinople, 1883.
44 G. Chassiotis, op. cit.9 p. 30.