corroborees par des differences nationales encore plus grandes. Du vivant de Brunetiere il sest fait en Hollande une conversion en tout point com-parable a celle de Le Sagę ten Broek. En 1867 fut baptise Herman des Amorie van der Hoeven, fils du celebre predicateur remontrant 533). A Tage de quinze ans deja celui-ci declare se ranger en matiere de religion a ropinion exprimee par J. J. Rousseau dans la profession de foi du vicaire savoyard. Pour ne pas affliger son pere, il essaye de resoudre ses doutes en cherchant les preuves exterieures de la verite chretienne. II s’aperęoit alors que les protestants ont defigure la doctrine de TEcriture Sainte, et se met a lirę des auteurs catholiques, parmi lesquels Lacordaire. II en arrive a une impasse comparable a celle que Pascal a definie dans son pari: la dogmatique chretienne n’est pas a ses yeux plus absurde que n’importe quelle autre dogmatique metaphysique; et il lui semble necessaire de choisir Tune de ces absurdites que notre raison rejette. II y voit une preuve que la raison doit s’occuper comme une brave menagere des details de la vie de tous les jours, mais ne doit pas s^nhardir a penetrer dans le saint des saints de Fesprit d’ou elle sera rejetee comme une seryante inutile. C’est alors qu,il tombe sur Bossuet. Dieu se servait de Fesprit clair de M. de Meaux pour transformer la „foi absurde” dont il se glorifiait en la foi raisonnable du chretien catholique. II lit diligemment les ouvrages de Feveque, surtout YHistoire des Variations, les Avertissements aux Protestants, YExposition, la Conference avec Claude et le Sermon sur I'Unit i de 1'Eglise. Ce qui Fy frappe le plus c’est la preuve indubitable que dans les sectes protestantes il n’y a aucun point de reunion durable, et qu,elles seront eternellement sujettes a des variations toujours plus grandes. La sentence celebre: Funite dans le necessaire, la liberte dans les choses douteuses et Tamour en tout, peut y etre remplacee, dit-il, par la devise: 1’unite dans le nom, la liberte dans 1'essence, Tindifference en tout. Des lors il est convaincu que seule 1’Eglise catholique doit etre TEglise de Jesus Christ, et il se resoud a se laisser enseigner par Celle qui avait ete chargee par le Christ d^nseigner tous les peuples. Mais alors que Le Sagę ten Broek a gardę toute sa vie une predilection nettement marquee pour les ouvrages de Bossuet, Des Amorie van der Hoeven ne s’en est pas tenu au point de vue trop rigidement traditionaliste de l’eveque de Meaux, et n'a trouve la pleine satisfaction de ses aspirations religieuses que lorsque, dans les ecrits de Joseph de Maistre et du Cardinal Newman, son desir dJintegrer au christianisme les valeurs de chaque civilisation temporelle eut trouve aussi son compte. C’est la qułil se montre un veritable enfant de son temps et que nous touchons de nouveau au point le plus perime de
533) Mr. H. A. Des Amorie van der Hoeven, Mijn terugkeer toł de Kerk van Christus, dans De Wachter, lere annee (1871), t. I, p. 135 sq., 215 sq., 299 sq., 402 sq. ; t. II, p. 1 sq. (reedite par Th. Piket S.J., chez Foreholte a Yoorhout en 1946).
152