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chinois113, Mgr Maigrot, membre des Missions Etrangeres de Paris et vicaire apostoliąue de la province du Fujian, emet en 1693 un mandement condamnant les ceremonies tradidonnelles ; la ąuerelle des rites s’envenime et se tenninera pas la defaite du point de vue jesuite116 : en 1704, Clement XI condamne les rites chinois par decret. L’annee suivante, Pambassade de Mgr de Toumon, legat du papę, arrive a Pekin pour transmettre la poshion de Romę. Expulse par Kangxi, le legat promulgue a Nankin, en 1707, un mandement interdisant les rites traditionneis et les termes chinois utilises pour designer Dieu. En 1714, Romę renouvelle sa condamnation des rites ; trois ans plus tard, en 1717, Kangxi interdit le christianisme. Apres la mort de Kangxi en 1722, cette interdiction sera renforcee par le nouvel empereur, Yongzheng.
A premiere vue, la ąuerelle des rites porte sur P emploi des termes chinois et sur la naturę religieuse ou non des ceremonies nationales, mais au fond, il słagit d*un conflit profond entre deux systemes culturels, plus precisement entre le christianisme et les croyances tradidonnelles. Le culte des ancetres et celui de Confucius sont des rites ancestraux pratiąues en Chine depuis des millenaires. Dans la societe traditionnelle, chaąue elan a souvent son propre tempie, appele citang, ou se situent les niches pour leurs ancetres, tandis que chaąue familie possede generalement des tablettes ou plaąues de bois, patweiy ąui portent le nom des defimts117 A des dates precises, par exemple a 1'occasion de l'anniversaire de naissance et de deces des anciens, les membres du elan ou de la familie se reunissent pour se prostemer devant les niches ou les tablettes, avec des offrandes et des encens brules. Cette ceremonie traduit le principe morał essentiel du confiicianisme, le xiao (piete filiale): c’est elle qui entretient des liens entre les descendants vivants dłun elan ou d’une familie et leurs ancetres, qui perpetue le souvenir et permet aux vivants d'exprimer aux morts leurs sentiments dłamour et de respect. En outre, ce rite est generalement associe, surtout parmi les masses, a la croyance que les ancetres defimts agissent comme protecteurs
115 ETCEMBLE, Les jesuites en Chine [...]. 1966, p. 92-94.
116 Ibid, p. 95-97 ; DUTEIL. Le mandat du Ciel [...], 1994, p. 108.
117 GAO Shouxian, Zhongguo zongjiao lisu {Les rites et les coutumes religieuses de la Chine), Tianjin, Renmin chubanshe, 1992. p. 75-76 ; YANG Cuntian, Zhongguo [...], 1994, p. 210-212, 232-233.