Actualite de I'Archeologie. 253
BLANCQUAERT 2000); c’est aussi le cas de la plupart des recherches issues de la photographie aerienne en Armorique gauloise, voire gallo-romaine (naas 1999; LEROUX etai 1999); c’est enfin le cas de deux nouvelles monographies de sites ruraux gaulois (menez 1996; BRUNAUX, MŚNIEL 1997).
125. Question de vocabulaire: le vicus. - (cf. mes notes n° 31, 1987 ;n° 42, 1988; n° 58, 1990).
Uapplication de termes latins a des realites archeo-logiques est toujours delicate, car comment etre cer* tain, dans la plupart des cas, que c’est bien ce terme qu’auraient utilise les contemporains (Romains et Gallo-Romains) pour designer ce que Varcheologie met aujourd’hui au jour? La question pourrait etre posee par exemple pour 1 tfanum. Elle se pose aussi pour le mot “ villa” (cf. ici notę n° 122). On la repo-sera pour le terme vicus : en effet, un recent article (LEVEAU. gros. trśment 1999) tend a vouloir reintro-duire ce vocable dans notre pratique, meme s’il reste prudent sur cet usage. Uhabitude etait pourtant prise en France depuis plusieurs annees d’utiliser le terme neutre d’« agglomeration secondaire», qui a l’avan-tage - et l’inconvenient! - de pouvoir s’appliquer a des rćalites archeologiques tres diverses de type habitat groupć, aliant de la plus modeste station routiere a la veritable ville, a la seule exclusion des chefs-lieux de cites (cf. par exemple, dans une litterature recente du sujet plus qu’abondante : petit, Mangin 1994). L’ argument developpć & juste titre par Philippe Leveau et ses collaborateurs est en particulier le constat selon lequel, dans la litterature latine, les deux termes - villa et vicus - s’interpenetrent, de faęon souvent inextrica-ble, et constituent tous deux des elements, des formes de 1’habitat a 1’interieur du domaine. Certes, mais comment savoir, face a une realite archeologique, si Fon est en presence de ce type d’habitat, ou d’une petite ville {“smali town ” disent les Anglais!), d’une agglomeration d’artisans et de commeręants “libres”, etc. ? Seul un texte ou une inscription mentionnant le terme “ vicus ” permettrait de trancher: de tels docu-ments sont, on le sait, fort rares en Gaule, et en outre le mot connait apparemment des acceptions assez diverses (tarpin 1888). II me parait plus sagę - du moins pour les donnees archeologiques - de maintenir ici un prudent “vocabulaire d’attente”, avec le terme d’“ agglomeration secondaire”.
II est vrai que des publications recentes etablissent une confusion certaine entre ces dites agglomerations et par exemple de grandes villae : Ph. Leveau et ses collegues en citent quelques exemples, et j’en avais denonce d’autres dans cette chronique. Mais les cas se multiplient de dćcouvertes - notamment grace aux fouilles de grandę surface de 1’archćologie preventive - qu’il est tres difficile de faire entrer dans les categories pre-etablies par 1’historiographie : ferme, villa, vicus, agglomeration... ? Qu’en est-il par exemple du site de Chassieu-Genas “L’Epine” (Rhóne), fouillć dans des conditions difficiles et recemment publie, de faęon tres meritoire (C0QUIDE, vermeulen 1999) ? Groupe de fermes (il y a manifes-tement plusieurs unites), dependances d’une villa> ou “ village ”, agglomeration ? Les auteurs se cantonnent prudemment, des le titre, au vocable de “zonę d’habitat rural ”... Notons, pour corser la chose, que des acti-vites artisanales y sont presentes : poterie, metallur-gie... (cf. ici notę n° 132).
126. Jardins gallo-romains. - (cf. ma notę n° 110, 1998).
Effet de modę - il est vrai salutaire apres un aussi long silence -, les travaux sur les jardins romains se multiplient, en particulier en Gaule, et des dćcouvertes de pots horticoles notamment se font jour un peu par-tout, au hasard notamment des fouilles prćventives. On saluera tout particulierement la publication, dans la presente revue, de la villa de Richebourg (Yve-lines), fouillee pendant plusieurs annćes par Yvan Barat (barat 1999). Les pots horticoles eux-memes, en terre cuite, ont ćgalement fait 1’objet d’un recent article (BARAT, MORIZE 1999; Cf. aussi DESBAT 1997 et barberan 1993/1998). Je signalerai au passage quel-ques travaux plus gćnćraux sur les jardins romains : BESNIER 2000; CAROLL-SPILLECKE 1998; CIMA, LA ROCCA 1998).
127. Les sols et les agronomes latins. - Les
anciens avaient une perception tres fouillee de la naturę des sols et de leurs potentiels agrologiques. Ces connaissances transparaissent notamment dans les ćcrits des agronomes latins, ou d’un “naturaliste” comme Pline 1’Ancien. Les rapports qui peuvent etre ćtablis entre d’une part les termes utilisćs par ces auteurs pour dćsigner ces diffćrents types de sols et les descriptions qu’ils en font, et d’autre part nos connaissances scientifiques actuelles sur les qualitós de ces sols sur le terrain (pćdologie surtout) sont tout a fait interessants a examiner: c’est a cette tache que s’est particulierement attelće Marie-Pierre Zannier (1995, entre autres); il s’agit d’un travail peu connu car il est vrai encore mai accessible, et qui mćrite donc, par son interet, d’etre ici signalć. Notons, dans le meme ordre d’idee, un recent travail de Pierre Poupet (1999), qui traite de points similaires, tres