Actualitć de 1'Archćologic 199
C’est certainemenl le cas du terroir de Bourgueil, ou la presque totalite du plateau, boise, est inaccessible aux prospections a vue classique, et ou Pampleur des colluvions et alluvions, en bas de pente et dans le Val, est pratiquement inconnue.
C’est dire que les sites decouverts Pont ete seulement la ou les conditions sont favorables (terrains laboures, surtout a la base du plateau): c’est la que Pauteur les a cherches (il ne s’en cache pas!) et les a donc decouverts...
Cest dire a Pinverse que Pon n’en a pas decouvert la ou Pon n’a pas cherche (zones boisees, pres...); il est impossible d’afTirmer aujourd'hui que ces zones sont reellement vides d’habitats gallo-romains; et les raisonnements explicatifs de leur absence dans ces zones (sols pauvres, ou inondables) apparaissent alors comme des justifications a posteriori.
Cest dire que, selon toute vraisemblance, la carte de P“ occupation du sol ” proposee pour Pepoque gallo-romaine n’a que des chances tres minimes de correspondre - meme de loin — a la realite ayant existe.
La simple mention de ces “biais” methologiques, mieux encore leur prise en compte et Pexamen crilique des donnees, auraient permis d’integrer les acquis indeniables de ce travail dans un raisonnement beaucoup plus fort et pertinent sur Pevo-lution du paysage humanise de ce terroir.
En Pabsence de cette reflexion, les sites mentionnes n’apparaitront que comme quelques nouveaux points sur une “ carte archeologique” (etat des connaissances), et non comme une image de Poccupation gallo-romaine de ce secteur.
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49 - ENCORE DES PROSPECTIONS EN BERRY. - Ce n’est pas d’une operation nouvelle qu’il s’agit, mais d’un patient travail efTectue durant dix ans sur un terroir de que!ques 130 km* (13 000 ha!) au nord de Deols et Chateauroux (Champagne berrichonne), par D. AUDOUX et D. DUBANT (1989).
II ne s’agit pas a proprcment parler d’une prospection systematique (on aurait aimć avoir une cartographie des zones reellement prospectees, difTicilement perceptibles sur la carte des sites neolithiques, Fig. 5), mais le caractere continu et homo-gene du travail efTectue ici confere a celui-ci une valeur documentaire indeniable.
Ainsi pourra-t-on utilement comparer ces resultats avec ceux d’autres operations conduites recemment sur le Berry, pour lequel nous commenęons decidement a disposer d'une serieuse documentation sur Poccupation du sol, notamment pour la periode gallo-romaine: tracę de Pautoroute A.71 dans le Cher, canton de Levroux, environnement de Pagglomeration d'Argeniomagus (cf. notice n° 12: RACy 24, 1985: 124; n° 21: RAC, 26, 1987: 214 ; et n° 32: RAC, 27, 1988: 227).
Bień que Pabsence d’indication sur la finesse de la prospection et la surface reellement couverte oblitere ici sensiblement les resultats, il est interessant de noter le chiffre de la densite des sites gallo-romain (p. 31), soit un site pour 15 ha de surface agricole utile (dont le modę de calcul n’est pas precise), et de le comparer aux donnees disponibles des autres operations de prospection pour la Champagne berrichonne, soit autour de Levroux (MILLS et a!., 1988) un site pour pres de 100 ha, et, sur le tracę de PA.71 (FOURTEAU, 1986), un site pour 50 (Champagne sud) ou 100 ha (Champagne nord).
A quoi peut etre due cette difierence ? Certainement pour une grandę part a des methodes de prospection mais aussi a des modes de calcul differents (par ex.: echantillonnage a Levroux). Car on voit mai ici ce qui, geologiquement, pedologique-ment, ou historiquement, justifierait une telle densite par rapport a d’autres zones de la Champagne berrichonne (par exemple autour de la capitale des Bituriges, Avaricum-Bourges).
Pour pouvoir etre reellement confrontes, ces resultats devraicnt etre ramenes a une echelle commune, utilisant les memes modes de calcul, et introduisant des facteurs de correction en fonction des methodes de terrain mises en ceuvre: Pabsence d’indication precise sur Pun et Pautre ne permet pas de le faire, en Petat des publications.
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50 - LA SURFACE DES DOMAINES. - Une petite phrase nous fait reagir: il s’agit du compte-rendu (anonyme) de Pouvrage de F. BECK et H. CHEW (1989) paru dans l’Histoire(n° 131, mars 1990: 54): “qui (...) croira quc le domaine de la vi/la de Saint-Ulrich se soit limite a deux cents hectares?”
Cest bien en efTet la surface proposee par LUTZ (1971/72) pour les terres exploitees par cette grandę villa lorraine.
Bień evidemment, le calcul de cette surface etait alors presente comme une hypothese, et ne repose sur aucun element reellement fiable, d’ordre archeologique, historique, ou encore epigraphique. II ne s’agit - et il ne peut s’agir - que d’une construction theorique fondee sur des considerations “logiquesw, essentiellement d’ordre topographique.
De fait, toute reconstruction de ce genre ne repose sur aucune base solide, en Petat actuel de nos connaissances pour la Gaule (cf. par ex.: FERDIERE, 1988, 1: 87 sq.).
Mais je serais curieux de savoir en vertu de quels principes le domaine de Saint-Ulrich aurait du obligatoirement couvrir une surface plus importante. La dimension des villas n’est pas forcement proportionnelle a celle du “domaine”, des terres dependantes de Pexploitation.
Les propositions de surfaces de domaines couvrant des centaines, voire des milliers d’hectares (Montmaurin...) ne reposent pas sur des evidences plus solides, et restent pour une large mesure dans la mouvance des anciennes theories de d’ARBOIS de JUBAINVILLE et ses heritiers sur la filiation systematique: domaine antique - paroisse medievale -commune actuelle.
Enfin, Pextraordinaire densite de sites archeologiques ruraux gallo-romains livres par les prospections systematiques, tant au sol qu’aeriennes, semble bien aller - dans la plupart de nos contrees - a Pencontre de Pidee de surfaces d’exploitations de tres vastes dimensions (meme si tout site n’est pas une villa, et que plusieurs d’entre eux peuvent appartenir au meme “domaine”) - etant d’ailleurs a priori admis, ce qui reste souvent a prouver, que Pon a bien a faire au systeme domanial romain -.