Actualitć de I’Archeologie. 255
132. Artisanat rural. - (cf. mes notes n° 40,1988; n° 78,1993; n° 99,1996; n° 116, 1998).
La place reelle de 1’artisanat en milieu rural (hors agglomerations secondaires) est une ąuestion com-plexe et souvent confuse: ou est la limite - notamment a partir des donnees archeologiąues - entre la produc-tion et 1’entretien pour les seuls besoins de l’exploita-tion, du domaine, et la rćalisation de surplus destinćs a la vente a l’exterieur, a l’exportation ? C’est le pro-bleme abordć par un rćcent colloąue tenu au Luxembourg, et rapidement publić (POLFER 1999). La ąuestion des matieres premieres et de leur transforma-tion initiale se pose en particulier ici, et specifiąue-ment pour le fer: c’est la place de cette production dans les campagnes autour d’ Alćsia qu’aborde juste-ment une nouvelle publication du groupe de recher-ches sur la siderurgie antiąue dans Test de la France, anime par Michel Mangin (mangin etal. 2000).
133. Cuisine et alimentation. - (cf. mes notes n° 39,1988; n° 76,1993).
Les habitudes alimentaires ne peuvent etre disso-ciees de Tćtude des campagnes, qui en est la source d’approvisionnement par excellence. Un article de synthese, qui embrasse une vaste aire geographiąue, permet de comparer sur 1’ensemble du monde romain 1’alimentation carnee, a partir des etudes publićes d’archeo-zoologie (king 1999): plus de porc en Gaule, entre autres, plus de mouton et de chevre dans 1’aire mediterraneenne, plus de boeuf dans les provinces sep-tentrionales... Quelle est la pertinence exacte de ces comparaisons, dans la mesure ou, sur une aire gćogra-phique aussi vaste, les methodes d’ćtude et criteres dIdentification des differentes especes divergent bien sur enormement d’un chercheur a 1’autre? Mais 1’abondance des donnćes gomme sans doute ici ce defaut, et permet de discemer les grandes tendances. Une these recente (matterne 2000) (cf. ici notę n°129) permet par ailleurs de voir l’evolution de 1’alimenta-tion vćgetale dans le nord de la France, entre 1’Age du Fer et la pćriode gallo-romaine, k travers l’examen des carporestes (cćreales et bien d'autres), du moins pour la part de cette alimentation qui laisse des traces etudiables par cette discipline. On signalera enfin k ce sujet 1’etude des ceramiąues culinaires de Lyon antiąue, et les habitudes alimentaires qu’elle induit, de mani&re fort instructive (BATIGNE-VALLET 1999).
134. Approvisionneinent ceramiąue. - (cf. mes notes n° 56, 1990; n° 63, 1993).
Les aires d’approvisionnement en cćramiąue com-mune des sites de consommation, ou, k l’inverse, les aires de diffusion des ateliers de production, consti-tuent une ąuestion tout k fait fondamentale ąuant k 1’histoire economiąue et sociale, voire culturelle, des campagnes de la Gaule romaine : je Tai deja aupara-vant abordee (notes citees ci-dessus). Bruno Dufay (1999) s’est attelć courageusement a la tache de carto-graphier pour tout le nord de la Gaule les centres de production connus pour la ceramiąue commune, et de tenter d’en reconnaitre les aires de diffusion par la mćthode des “polygones de Thiessen” (Fig. 7 et 8). Loin de moi l’idće de rejeter cette intćressante tenta-tive sans autre formę de proces: la “ modelisation ” est a mon avis toujours utile et permet dans tous les cas de faire avancer les debats, et les polygones geometri-ąuement construits sont une maniere comme une autre, souvent ćloąuente, de visualiser des territoires theoriąues. Mais ce qui est valable par exemple pour les espaces contróles par les oppida ou par les chefs-lieux de citćs gallo-romaines ne Test pas forcement pour tout: c’est selon moi tout particulierement le cas pour 1’ćtude des “territoires” associes a certains types de sites dont on a toutes raisons de penser que nous ne connaissons qu’une partie, voire la plus faible part d’un iceberg dont 1’essentiel est encore immerge, inconnu de nous. C’est tres certainement le cas des ateliers de potiers de ceramiąue commune, comme le montrent chaąue annće les nouvelles dćcouvertes. Une telle carte (Fig. 7), sensće reprćsenter la “diffusion theoriąue ”, ne peut etre acceptee, dans la mesure ou elle ne tient pas compte des ateliers encore inconnus et restant a dćcouvrir: c’est en fait la meme critiąue ąue celle ąue j’ćmettais en 1990 k propos d’un travail, beaucoup moins fouille, il est vrai, de Marie Tuffreau-Libre (1988). On constate d’ailleurs sur la Fig. 8 que fort peu de polygones correspondent de pres a des aires de diffusion reellement attestees par des decou-vertes archeologiąues sur des sites de consommation peripheriąues (ne serait-ce que faute d’6tudes de ce genre) : ce n’est que dans le cas de La Boissiere (Yvelines) ąue 1’aire de diffusion et le polygone se recouvrent a peu pres, et pour cause : c’est certainement le secteur le plus abondamment documentć (DUFAY. BARAT, raux 1997) de toute la vaste rćgion septentrionale de la Gaule ćtudiće par B. Dufay. En outre, les criteres mis en ceuvre pour choisir leąuel de plusieurs ateliers attestes, dans les secteurs les mieux documentes, peuvent paraitre assez arbitraires et meri-teraient d’etre discutćs en detail.
Dans un auU-e ordre d’idees, il est tout a fait intćres-sant de constater, dans l’approvisionnement d’une grandę ville de Gaule romaine telle que Lyon, en ceramiąue culinaire (batigne*vallet 1999), ąuelle est la