6919025138

Aciualitć dc 1’Archćologie 197

Aciualitć dc 1’Archćologie 197

cr>

©

©

©

&

Actualite de 1’Archeologie

VOYAGES A TRAVERS LES CAMPAGNES DE LA GAULE ROMAINE - V

par Alain FERDIERE¹

44 - DROIT DE REPONSE. - A mon tour d’user de ce droit, en toute amitie d’ailleurs, compte tenu de la personnalite d’auteurs qui ont publie des comptes-rendus critiques de mon ouvrage (FERDIERE, 1988): il s’agit d’une part de Christian GOUDINEAU (1989), d’autre part de Jean ANDREAU (1990), et enfin, d’une maniere differente, de Philippe LEVEAU, a Foccasion d’un seminaire tenu le 15 decembre 1988 a PEcole des Hautes Etudes en Sciences Sociales pour la sortie de cet ouvrage.

Passons evidemment sur les critiques de formę, tout a fait justifiees: erreurs et fautes qui ont reussi a passer au travers des multiples relectures, defauts techniques (illustrations trop reduites...). Passons aussi sur quelques observations de fond, mais d’interet moins generał, que je prends pour la plupart en compte (absence de references bibliographiques, par ex., due aux principes de la collection...).

On a pu dire que les decoupages chronologiques (ne le sont-ils pas toujours? Ruptures/continuites...) et geographiques etaient arbitraires: quant a ces derniers, s’il est clair que la Narbonnaise se rattache beaucoup plus que le reste de la Gaule au monde mćditerranćen, la province gauloise ne forme-t-elle pas toutefois un ensemble, y compris dans 1’esprit meme des Romains ? Mais, a Pinterieur de cette unitę, des diversites proiondes peuvent etre constatees, d’ou 1’utilisation du pluriel (les campagnes) dans le titre.

On a pu me reprocher d’avoir aborde des questions apparemment sans rapport avec le sujet traite: cultes, monde des morts, environnement social et economique; sur ces points, je me justifie en partie ici-meme (notice n° 45): ces aspects, dans le contexte extra-urbain, ne peuvent ćtre compris qu’a travers une vision globalisante, qui ne tronęonne pas le monde rural en aspects funeraires, cultuels, artisanaux, sociaux, economiques, etc...

Des observations parallclcs pourraicnt ćtre faites cn cc qui concerne les coupures chronologiques: certes, Fepoque romaine en Gaule, du T s. av. J.-C. au V^e ap., comporte des facteurs de forte unitę; mais des riiptures manifestes et profondes se font jour au Bas-Empire, qui annoncent pour partie les evoIutions du Moyen Age, et qu’il est vain de nier, quel qu’ait ete le poids de Facculturation romaine.

Sur un autre plan, celui de la methodologie, et de la critique Fine des approches archeologiques (cf. critiques de Ph. LEVEAU et Ch. GOUDINEAU notamment), nous avons considćre qu’il sortait du propos d’un ouvrage de semi-vulgarisa-tion de ce type de s'attarder sur ces aspects: ainsi par exemple la question des centuriations en Gaule dans des secteurs non ^ucoloniaux”...

Relevons enfm unc critiquc dc J. ANDREAU, qui nous “interpelle” quelque part... II s’agit de Phypothetique change-ment social du I" siecle ap. J.-C. (cf. par ex. DRINKWATER, 1978; WIGHTMAN, 1988, 71-74, parmi les plus recents), qui verrait Peviction d’une classe aristocratique indigene par une nouvelle classe de bourgeois enrichis, hypothese aujourd’hui contestee. Certes, dans la realite, les choses ne doivent pas etre schematisees de maniere manicheenne, comme cela a pu naguere etre le cas. Et d’autre part 1’emergence de cette pretenduc bourgeoisie nouvelle est apparemment difFicilc a mettre en evidence, en Pabsence de documents textuels ou epigraphique$ explicites, par les (presque) seules sources archeologi-ques. Mais, en revanche, 1’importance, dans les premieres decennies de la periode gallo-romaine (Cesar, Augustę...), d’une classe d’aristocrates indigenes, particulierement choyee et dominantę, parait difficile a nier; de meme que sa disparition ou son eviction progressive (au profit de qui ?), au cours du I^e s. ap. J.-C. Meme si le probleme historique ne doit peut-etre pas etre pose en ces termes quant a Fevolution de la societe gallo-romaine au Haut-Empire, la question ne peut pas etre rejetee comme negligeable, face aux evidences documentaires et notamment archeologiques. Mais, ici aussi, sans doute faudrait-il apporter des nuances, en fonctions des contextes geographiques: Gaule interieure, Narbonnaise...

-o-O-o-

45 - HALTE AU CLOISONNEMENT! - La lendance au “saucissonnage ^w, a tronęonner Petude d’une societe en de multiples domaines ultra-specialisćs, souvent sans etablir de relations entre eux, est un defaut de notre discipline: histoire et archeologie de Phabitat, funeraires, cultuelles, de Partisanat, etc, etc...

Nous avons deja quelquefois souligne cette absence d’ouverture sur le contexte socio-economique generał de tel ou tel aspect du monde rural gallo-romain, tout en celebrant comme il se doit la sortie de telle ou telle etude ouvrant a contrario des passerelles particulierement suggestives entre ces domaines (cf. par ex. sur les necropoles rurales: notice n° 30: RAC, 26, 1988: 216-217; sur Partisanat de la terre cuite: notice n° 40: RAC, 27, 1988: 230).

En ce qui concerne la place des morts dans le monde rural, saluons la tres interessante tentative de J.-L. FICHES (1989 a; cf. aussi BESSAC et al., 1987) concernant la region de Beaucaire (Gard), surtout au I¹ s. av. J.-C. C’est la un sujet qui merite-rait de nombreuses etudes regionales. (cf. ci-dessous, notę 57).

1

Maitre de Confćrence, Universitć de Tours.