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conduite si diffóreate k 1’occasion du projet de 1'empereur de Russie concernant la Conference dc Bruxcllcs, et dccelui cncore par lcquel 1’cmpereur Napoleon III avait propose, en 1869, la reunion d’un Congres diplomatique pour essayer de rćsoudre & 1’amiable les diffe-rcntcs questions qui divisaient les gouvernements et les peuples de 1'Europe? D’ou vient que, dans ces deux occasions, rAngleterre a piis une attitude d’opposition qui a fait echouer le projet de Tempe-rcur Napoleon III et a failli rćserver lo meme sort k celui de l’em-pereur do Russie ?
N’est-il pas pcrmis de croire que si le Congrós de 1869 avait eu lieu, la gucrre de 1870 aurait itć sinon certainemcnt, au rooins pcut-etrc prevenuc ? Co peut-ć(re n’est-il pas une bien grandę res-ponsabilite morale qui pisę sur PAngleterrc ?
Loin dc nous la pensie de recriminer contro la liberale Angle-terre, contrę la patrie des Cobden et des Henry Richard, et des hommes d'Etat tels quc lord Clarendon, lord Grandrille et M. Glads-tone, qui ont pris une si large part au traitó de Paris.de 1856 et A 1’aibitrage de 1’Alabama. Ce lacgage n’est que celui de la tristesso que nous iprourons, en voyant PAngleterre, qui est appelee k ren-dre de si grands services k la milisation de la guerre, en dćscrtcr la causc, et jouer un róle si efface dans la Conference de Bruxellcs, ou elle cn avait un si noble k rernplir.
Cetait A TAnglctcrro k dire a la Conference, que puisqu*elle vou-lait fairc de la philanthropie sur Tetat de guerre, il fallait entrer d‘une manierę plus large et plus logique dans cette voie; qu’au licu do cette politiquo itroite qui se borne a chercher k attenuer quel-ques-uus des mau\ de la guerre, il fallait cn suirre une autre, c?est-A-dire la grandę politique qui, remontant de 1’efl'et a la cause, tend k prevenir le fleau de la guerre et par consequcnt toutes les cala-mitća qu’elle entraine; qu’il etait bon sans doute de citer les pre-cidcnta de la Convendon de Gcnere sur les secours aux blesses et du Congrćs de Saint-Petersbourg sur les balles explosibles; mais qu’il nc convenait pas de taire des prćcedents d'uno bien autre valeur pour la civilisation et 1'humanitć, ceux du traite de Paris de 1856, des vote3 en 1873 de la Chambre des communcs dWngleterre et de la Chambro des deputes italiens, et enfiu des votca en 1874 do la
Chambrc ©lective de Su£de et duCongnłsdesEtats-Unis, relatifsau recours a la mediation et 4 1'arbitrage pour le regleraent des conflita internationaux.
C’etait 4 1'Angleterre a dire 4 la conference, que Topinion publi-que ue comprendrait pas son silence 4 cet ^gard, et qu’elle ne pou-vait assumer la responsabilite morale do cet oubli d'un progres de 1 esprit humain qui est 1'honneur de notre temps et la fecondc espó-rance de l’avcnir.
Jo ne terminerai pas sans mentionner, dans le demier protocole, la declaration par laquelle la conference consacre cette doctrine do Montesquieu et de Kant, qne le3 belligerants doivent se faire lo moinsde mai possible pour faciliter lceuire de la paix, qui doit etre une oeuvro de rćconciliation.
Ce n’est pas seulemeut pour obeir aux sentiraents de Phumanitó que co protocole declare « qu on doit s'efforcer de restreindre autant que possible les rigueurs de la guerre... pour conduire plus offica-cement a ce qui doit ćtre son but finał, c*est-a-dire le retablisse-ment de bonnes rclations et d’une paix plus solide et plus durable entre les Etats belligerants. >
Ainsi donc les traites de paix ne doivent pas renir imposer rinjus-tice des dćmembrements territoriaux, ni l'exageration des sacrifices pćcuniaires, qui au lieu d'avoir le caractóre d*nno óquitable indem nite, no pr&entent qu‘unc penalite 4 subir par le vaincu et un bćn£-fice 4 rćaliser par le vainqueur.
Combien n‘est-il pas regrettablc que la sagę doctrine inspiróe au philosophe franęais et au philosophe prussien, par les principes de la morale et les progres de la cirilisation cbrótienne, tello qu*elle vicnt d’etre sanctionnćc par la Conference de Bruxelles, n‘ait pas reęu sa consecration pratique dans un recont et douloureux passe ! Puisse-t-elle au moins, pour la paix du monde et 1'honncur de la civilisation, devenir la regle deTarenir!
Or!<fiD». — trap. Emwl Colas.
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