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projet de paix perpśtuelle; celui par leąuel il se rap-proche le plus de Grotius, estle troisićme ainsi conęu:
« Les grands allićs, pour term i ner entre eux leurs « differends prćsents et k venir, ont renoucć et re-« noncent pour jamais, pour eux et leurs successeurs, « k la voie des armes, et sont convenus de prendre € toujours dorśnavant la voie de conciliation par la « mediation du reste des grands allićs dans le lieu « ordinaire de Tassemblśe gćnśrale. *
La seule difference, en effet, c’est qu au lieu de faire de 1’arbitrage international coinme Grotius, un appel aux puissances chrótiennes, l’abbć de Saint-Pierre leur en impose par la force meme 1 obligation perma-nente et perpćtuelle.
Cet article troisifeme du projet de 1‘abbć Saint-Pierre, ąuelles que puissent etre les critiques adressćes k la
toul le territoire qu’il possćde actuellement... Et aGn de rendre la grandę alliance plus solide, en la rendant plus nombrcuse, les grands allićs sont conrenus que tous les sourerains chrćtiens seront iuvites d'y enlrer par la signature de ce traite fondamental.
« II. — Chaque allie contribuera, i proporlion des revenusactuels et des charges de 1’Ćtat, a la sflretć et aux dćpcnses comraunes de la grandę alliance. Cette coolribution sera reglee chaque mois par les plenipotenliaires des grands allićs, dans U litu de leur assem-blee perpttuelle, a la pluralitć des voix pour la prorision, et aux troisquarts des voix pour la decision definitive.
« Ul.— Les grands allićs, pour terminer enlre eux leurs differends prćsents et i renir, ont renoncć et renoncent pour jamais, pour eux et pour leurs successeurs, i la voie des armes, et sont con-▼enus de prendre toujours dorćnarant la voie de conciliation par la mediation du reste des grands allićs, dans le lieu de Tassemblee gćneralc. Et, en cas que cette inćdiation n’ait pas de succćs, ils sont conrenus de s'en rapporter au jugement qui sera rendu par formule, renferme au fond une idee fóconde de civi-lisation chrótionne.
II est deux puissances sur lesąuelles 1’abbś de Saint-Pierre n’avait pas comptd, celle de 1’opinion publiquc qui apprćcie mieux de jour en jour les bienfaits de la paix, et celle du dóreloppement śconomique, industriel et commercial qui en cree de plus en plus rimpćrieux besoin dans les rapports internationau* des peuples et pour 1'interet niutuel et solidaire de leur prosperitó publique.
Dans la remarquable notice qu’il a consacrće k 1'abbó de Saint-Pierre, notre savant confrfcre M. de Lavergne dit avec raison : « Menie dans les rapports entre les « gouvernements, 1’idóe d*une sorte de confćdćration « qui rende les guerres plus difficiles se retrouve au
les plćnipoicntiaires des autres altićs, perpetuellement assembles, et a la pluralite des voix pour la decision dćfinitire, cinq ans apres le jugement provisoire.
« IV. — Si quetqu'un d*entreles grands allićs refused'exćcuterles jugements ct les reglements de la grandę alliance, nćgocie des traites contraires, fait des pr^paratifs de guerre, la grandę alliance armera et agira contrę lui offensirernent, jusqu’a ce qu’il ait exć-cut^ lesdits jugements ou reglements, ou donnę sbrete de reparer les torts causes par ses hostilites et de rembourser les frais de la guerre, suiraot restimalion qui en sera faitc par les commissaires de la grandę alliance.
« V. — Les allićs sontconvenus que les plónipotentiaires a laplu-ralite des voix pour la decision definitive, regleront dans leuras-semhlće perpćtuelle tous les articles qui seront juges nćcessaires et importants pour procurer k la grandę alliance plus de soiidit£, plus de stirete, et tous les autres arantages possibles; mais Ton ne pourra jamais rien chnnger a ces cinq articles fondamentaui quc du consentement unanime de tous les allies. »