filie d’un tapissier de Philadelphie. Mon grand-pere, lui, avait passe son enfance et une partie de sa jeunesse a Alexandrie, avant de partir pour le Venezuela. Par quels hasards s’ćtaient-ils rencon-tres a Paris et avait-elle echoue, a la fin de sa vie, rue Leon-Vaudoyer ?
J’ai suivi, a mon tour, le chemin qu’elle devait prendre pour rentrer chez elle. C’etait un apres-midi ensoleille d’octobre. J’ai arpente toutes les rues avoisinantes : rue Cesar-Frank, rue Albert-de-Lapparent, rue Josć-Maria-de-Heredia... Dans quels magasins avait-elle ses habitudes ? II y a une epicerie rue Cesar-Franck. Existait-elle deja ? Rue Valentin-Hauy, un vieux restaurant porte encore sur sa vitre 1’inscription en arc de cercie : « Vins et liqueurs ». Ses deux fils l’y ont-ils emmenee, un soir?
Je me suis engage dans la rue Leon-Vaudoyer, d’abord en venant de l’avenue de Saxe, ensuite par la rue Perignon, m’arretant devant chaque entree d*immeuble. Dans les cages d’escalier, des ascenseurs tous semblables, et Pun d’eux etait celui qu’elle prenait. Elle avait connu des fins d’apres-midi paisibles comme celle-la, lors-qu’elle rentrait chez elle sous le meme soleil et le long du meme trottoir. Et Ton oubliait la guerre qui venait.
Au coin de l’avenue de Saxe, j’ai jete un dernier regard sur la rue Leon-Vaudoyer. Une rue sans charme, sans arbres, comme il en existe des dizaines d’autres a la lisiere des quartiers bour-
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