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patriarchę «latinophron * Jean Bekkos, Pachymere, 1’historien, accuse le patriarchę d’avoir eu 1’audace d’essayer de rćsoudre des ąuestions thćolo-giąues en usant de la voie de la raison. « Car les choses de Dieu, il convient de les honorer et de les garder plutót en silence, que de les ranger ou montrer par des mots ». En ce qui conceme Bekkos, il ne s’ćtait pas montrś seulement d’accord avec 1’addition de « Filioque » au symbole de la foi, mais il s’etait m£me risquś k des recherches « au-dela de la naturę et de la pensće humaine », en prenant son ólan pour t mesurer la mer infinie de la theologie avec une petite embarcation — la pensee humaine » 13.
Pachymćre expose dans ce paragraphe 1'opinion traditionnelle des By-zantins en matiere de religiositć — opinion immuable pendant toute la durće de Byzance. La dispute hesychaste regardait, justement, cette continuitć de la spiritualitś byzantine, qui, bien que misę en question a un moment donnć,. devait triompher d6finitivement en fin de compte.
Au commencement du regne d'Andronic III, un moine calabrais, prć-nomme Barlaam et qui « avait revetu le costume byzantin » 14 (formule qui implique le doute du narrateur quant a son appartenance vśritable au monde greco-orthodoxe), se faisait connaitre a Constantinople. Grace a son savoir et k son śloquence, Barlaam s’ćtait acquis rapidement de hautes protections, y compris la bienveillance imperiale, au point m£me d’obtenir la direction d'un monastere de la Capitale a titre d’higoumene. Peu apr£s, deux domini-cains sont arrivćs a Constantinople, envoyćs du papę Jean XXII et accrć-ditćs en tant que porte-parole au sujet de la question de l’union des Eglises. Afin de se faire valoir, a 1’instar de quelques autres citoyens de la ville, Barlaam redigea une suitę d’opuscules polćmiques occasionnels contrę les « La-tins*. Ces ćcrits sont tombćs entre les mains de Grćgoire Palamas, un moine instruit dans la doctrine de Yhesychia. Or, celui-ci, tout en faisant 1’eloge du z£le de Barlaam a combattre 1'Eglise occidentale, se montra choque par son argumentation reposant sur des syllogismes aiistotćliques. Meme si de tels arguments s’inscrivaient sans conteste dans le cadre de l’orthodoxie byzantine, Palamas ne considćrait pas moins pemicieux pour la veritable foi l’u-sage des syllogismes et du raisonnement suivant les regles de la scholastique occidentale. Aussi, reprochait-il k Barlaam d’avoir opere avec des syllogismes au lieu de s’etre appuyćsur rEyangile^ d’avoir mis en quelque sorte la lumiere des syllogismes aristotćliques sur le mSme plan que la lumiere * in-crćśe > du Mont Thabor, qui s’ćtait revćlee aux Apótres lors de la Transfigu-ration.
L’ćtincelle allumće ainsi allait gagner peu a peu toute la socićtć byzantine, la querelle hćsychaste s’associant par la suitę a 1’ensemble des luttes sociales et politiques qui la diviseront. Son expansion a large ćchelle aura lieu apres que Barlaam sera rentrć en son Italie natale, retournant « aux cou-tumes et dogmes des Latins, selon lesquels il avait ćtć du reste elevć comme nous 1'apprend le meme Grćgoras. Les synodes de 1341, 1351 et 1368 appor-teront a 1’hćsychasme palamite une parfaite victoire, de telle sorte qu'un mouvement de teinte ascetique et mystique, propre au monde monastique pour commencer, allait obtenir une assise dogmatique consolidee. A la diffć-
ł® ^coXoyt«? S7tstpov -jr^aYoę puxp<p nvl <łxaT£<p, 4v0pw7tlvcj> vot, '7tap«(irrpetv (G. Pachymres, „Historia”. vol. I , Bonn 1835, p. 21—li.
14 Nicephorus Gregoras, Byzatiiina Historia, vol. I, Bonn 1829, p. 559.