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Scando-SIavica · Tomus I

GÜX3VAU J A C O B S S O X :

L a form e originelle d a n o m des varègnes.

Toute n ouvelle discussion sur les p roblèm es que p o se l ’étymologie

du n om des varègues doit tenir com pte des travaux de Richard
E kblom qui, plus q u ’aucun autre des slavisan ts su éd ois, a le mérite

d ’avoir contribué à l ’élucidation de ce n om . Si, dans le présent
article, nous osons présenter quelques op in ion s additionnelles, nous

-

le faisons dans le sentim ent de grande recon naissan ce et de respect
profond que nous inspire le nestor de la slavistiqu e suédoise.

V. A. MoSin term ine son long exposé sur la question varègo-russe

en constatant que l ’origine du term e va r’ags n ’est pas encore ré­

solue parce que la déterm ination de la form e originelle et de l ’époque
à laquelle ont été form és les m ots russe, b yzan tin et norvégien
exige encore des recherches n ou velles.1)

N ous nous rallions à l ’opinion de M osin, en soulignant que,

malgré l ’avis aujourd’h ui généralem ent accepté selon lequel le

vieu x-ru sse va r’agi> rem onterait au vieu x-n ord iqu e *vârin gr,*) il

reste tout de m êm e un problèm e de nature p hon étiq u e: la forme
vieux-nordique *vdrîngr peut-elle servir de base à fiâQayyoç, qui se

présente si sou ven t dans les docum ents b yzan tin s et dont sont d é­
rivées les form es arabes, latines etc., — ou b ien doit-on supposer

une autre form e originelle? Il est pourtant un fait b ien connu que,
alors que le vieux-nordique *kulfingrlkylfingr, vieu x-ru sse kblb'cig*

correspond à byzantin xovbu yyoi, nous ne rencontrons pas la forme
attendue *PaQiyyoç.3)

Les savants du X IX e siècle qui se sont occup és du vieux-russe

va r’a g i et de son étym ologie ne voyaien t généralem ent pas là de

problèm e, et cela en raison de l ’état peu d évelop pé où se trouvait

alors la p honétique. L e philologue finnois Sjôgren, dont l ’activité

était liée à l ’A cadém ie des Sciences de Saint-Pétersbourg, était d ’avis

*) V . A . MoSin, Var’ago-russkij oopros, S la via 10, 1931, pp. 536—37.

*) Ci. par exem ple M. V asm er, Russisches etymologisches Wôrlerbuch, s. v . var’ag.

*) S. G edeonov, Y ar’agi i R u s’. Istoriceskoje issledooanije I—II, St.-Pétersbourg

1876, p. 162.

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que le byzantin ßäqayyoi rem onterait au nordique W aranger,

variante contem poraine ou b ien p lu s récente de la form e originelle

Vœringiar. Selon lui le slave va r’agt> p eu t rem onter à la form e b y­

zantine ou à la forme nordique. Com m e exem ples du passage de

-ang- ou -ing- à russe -’a- Sjögren cite entre autres sVagz, sel'agi

rem ontant à Schilling, Fr agi p our F ranken, j a k o n pour anchora,

Anker. Mais il n ’était pourtant pas à m êm e d ’expliquer les détails

phonétiques de ces correspondances.1)

Gutzeit estim ait que ßcigayyoç provenait du nordique-occidental

Væring, dont le -æ-, en raison de la prononciation diphtonguée

-ai-, aurait été rendu par le b yzan tin -a -, et dont le -i- du suffixe

-ing- aurait été facilem ent reproduit par le byzantin -a- raccourci,

étant d onn é que l ’accent portait sur la prem ière syllabe. Il pensait

apporter la preuve de son exp lication en ajoutant que le m ot avait

été form é parm i le peuple, tan d is que les varègues prononçaient
eux-m êm es leur nom avec -ing-, ce qui est attésté par des chroni­

ques latines dont les auteurs em ployiaen t la form e varingus telle

q u ’ils l ’avaient entendue de la b ou ch e des S candinaves. Par contre,

la forme à finale -ang-, que présentent au ssi des chroniques latines,

rendait la forme grecque écrite.2)

C’est Kunik qui s ’est le plus sp écialem en t consacré à ce problèm e

dans ses travaux parus avant ce u x de Gutzeit. Au com m encem ent3)

Kunik n e donne aucune explication de la relation -ing-j-ang-, Il
rem arque seulem ent que la term inaison germ anique -in g-j-an g-, qui
apparaît dans les n om s de p eu p les, se retrouve dans les différentes
form es byzantines et islandaises du n om des varègues.4) Mais par
la suite5) il revient plus d ’une fois à l ’explication de la relation entre
-ing- et -ang-, et il constate que W âr-ang ne peut pas être la forme
originelle, m ais doit dépendre d ’u ne « T onerhöhung » de ßäqiyyoQ,

qui aurait eu lieu à Constantinople. Pour confirm er sa théorie il
cite l ’allem and Schilling, devenu en polon ais szel^g (génitif szelçga),

i) A . J. Sjögren, Uber das Werk des königl. dänischen Etalsrathes und Professors

F in n M agnusen, tRunamo og Runerne* betitelt. B e ric h t. . . e r s ta tte t von Dr. Andr. Joh.

Sjögren. St.-Pétersbourg 1842, pp. 7 3 -7 4 , rem arque 2.

!) W . G u tzeit, Warägen und Warangen. R iga 1882, p. 18.

3)

E . K un ik , D ie Berufung der schwedischen Rodsen durch die Finnen und Slawen,

I—II. St.-Pétersbourg 1844—45.

‘) Op. c it., I, p. 42.

*) Les articles de K unik figurent dans: B . Dorn, C aspia (M émoires de l’Académie

Im périale des Sciences de St.-Pétersbourg, V I I e série, tom e X X I I I , n ° 1. St.-Pétersbourg

1875).

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m ais n on szelçg. De plus il nom m e des exem ples germ aniques com m e

le d anois h onn ing et le .yieux-nordique h un an g, le vieux-haut-

allem and frisking et le vieu x-saxon ferscang.1') Il croit au ssi que le

passage de -ing- à -ang- peut avoir été favorisé par les m ots b y ­
zantins se term inant par -ayy
- com m e <pâAay$, (pagayf, etc.2) Il in ­

d ique les variantes que présentent certains n o m s étrangers en by­
zantin com m e -TaorÉAeyxoç et

racndXayy.oç, £(péyxeAoç

et

Z yâ yyeA o ;.3)

Il se refuse à accepter la form e en -an g- com m e originelle, car,

selon lu i, le suffixe q u ’elle présente ne se rattache p as aux noms

désignant d es personnes m ais, dans la langu e norrœ nne, n ’appa­

raît com m e term e final que dans des n om s m ythiq ues et géo­
graphiques.4) Toutes explications, il va de soi, trop m aladroites du

point de vu e phonétique pour q u ’il vaille de les discuter en détail.

C’est, de n o s jours, M. Stender-Petcrsen q ui s ’est le p lu s intéressé .

à ce p roblèm e. L e byzantin

fiânayyoç,

à son avis, ne rem onte pas

directem ent au vieux-nordique vciring-, m ais rend la prononciation

que le m ot devait avoir en vieux-russe au com m en cem en t du XIe
siècle: *var’ç g t, et cela parce que les troupes m ercenaires varègues
se com posaien t essentiellem ent d ’élém ents slavo-ru sses, tandis que
la p rédom inance finno-suédoise caractérisait les kylfingu es.5) Du

p oint de vu e phonétique l ’explication est séduisante, cepend an t que,

quant à la réalité, elle reste hypothétique. On constate b ien que,
dans les troupes m ercenaires varègues de C onstantinople, l ’élém ent
nordique sem b le avoir été prédom inant ju sq u e vers la seconde
m oitié du X Ie siècle; on sait b ien que ce sont les anglo-saxons qui

ont ensuite p rédom iné dans la garde m ercenaire.

L e tableau donné par Kunik8) et repris p ar M osin7) n ous donne

un aperçu clair de la plupart des form es du n om d es varègues. A

l ’opposé de Kunik q ui les fait remonter, d ivisées en cin q groupes,

au vieu x-su éd ois *w âr-ing, nous les classon s en d eu x grandes
divisions :

1. les nom s rem ontant à *varing-,

2. les nom s rem ontant à *varang-.

x) Op. c il., p. 252, remarque d.

*) Op. c it., p . 419, s .v . waring.

*) Op. c it., p . 366, remarque 1.

4) Op. c it., p. 252, remarque d.

5) A d. Sten d er-P etersen , D ie Vâringer und K ylfinger, dan s: Varangica. Àrhus 1953,

p. 111.

·) C aspia, p . 250.

7) S laoia 10, p. 373.

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Quant aux mots appartenant de la prem ière catégorie, nous écartons

d ’em blée, à cause de leur apparition tardive, les form es latines

varingus (q u i apparaissent dans la V it a S. Olaui, dans la Chronique

de Malaterra concernant les anglo-saxons d ans les troupes grecques

en l ’an 1081, chez Ekkehard en l ’an 1101) et veringae de l ’an 1195.

A insi restent le vieil-islan d ais væ ringiar et le vieux-russe va r’agг.
II est vrai que celu i-ci apparaît dans la chronique de Nestor dès
l ’année 862 et prend ainsi l ’air d ’un âge vén érable. Il serait cependant
im prudent de soutenir, en vertu de ce docum ent, q u ’alors la forme
originelle du vieux-russe va r’ag'b existait déjà. Il est plus probable,
ainsi que le suggère Nils Höjer, que l ’em ploi du m ot uar’agz a été

anach ron iq u e.1) Il n ’est pas b esoin de rappeler que cette.chronique
n ’a été com posée que vers 1113.

Quant au vieil-islandais væ ringiar, nous savons que, dans l ’an ­

cienne littérature islandaise', il se présente com m e un m ot à demi
étranger, appliqué toujours aux Scan din aves servant dans les troupes
byzantines, et la forme en doit être née p arm i les « russes » Scandi­
naves habitant le pays sla v e.8) R ien ne n ous em pêche de supposer

que.le m ot vieil-islandais est une adaptation postérieure d ’une forme

originelle ayant pris naissance sur le sol slave.

Il est vrai qu’on a cité trois form es différentes du m ot *varing-,

qui se retrouvent sur des pierres runiques su éd o ises.3) Mais une
autre explication de ces form es n ’est pas exclue, tant l ’alphabet

runique est am bigu. Le fait que d eu x de ces form es sont constatées
com m e nom s de personne ind iq ue q u ’il pourrait s ’agir du suffixe

-rikr, qui n ’est pas rare dans les nom s de ce genre. A la forme

originelle en -ing- peuvent au ssi correspondre certains nom s de

lieu x russes en ver-, qui autorise à supposer une forme à l ’inflexion

postérieure v é r in g ,4) Mais ces n om s de lieu x, attestés relativem ent
tard, ont aussi été expliqués d ’u ne autre m anière.*)

A notre avis, pour tenir com pte égalem ent de la form e v ieu x ­

russe v a г’agг et de la form e byzantine ßdoayyog et aussi de toutes
les form es arabes, latines etc. en -a n k (g )-, il faut partir de *varang-.

*) Svensk H istorisk T idskrift 1883, p. 333.

’) Cf. par exem ple V. Thom sen, R gska rikets grundlâggning gtn om skandinaverna.

Stockholm 1882, pp. 103-04.

’) R . E kblom , R us- et Varçg- dans les noms de lieux de la région de Novgorod,

A rchives d’Etudes Orientales 11, 1915, pp. 3 1 -3 2 .

‘) Ibidem , p. 40 sqq.

5) Cf. Vasm er, Russisches etymologisches Wörterbuch, s.v.· Ver’aika.

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La preuve que la com binaison étrangère -an - suivie de consonne

est reproduite par - a- en vieu x-ru sse n o u s .est fournie par le vieux-

suédois stan g correspondant au vieu x-ru sse s t ’agi»,1) ou le vieu x­
russe f r a g

t

> pour (pqâyxoç de francus, ou b ie n la form e vieux-russe

K o st'a tim *) à laq u elle on trouve un rapport sem blab le dans le
vieu x-slave Aleks’ androm .

Une form e originelle *varang- expliquerait au ssi p lu s aisém ent

les n om s de lieu x polon ais *\Varçgowice, W a rçzyn 3) etc., dont le
-r- dur a p ou ssé R udnicki4) à supposer, au m oin s p our le cas de

*W arçgowice, u ne form e originelle *W cir-çga.i)

Com m ent interpréter l ’étym ologie de ce m ot nordique *varang-,

qui a pris n aissan ce sur le sol slave? Il est difficile d ’en décider dès

à présent. Mais il va de soi que le p rem ier com posan t du mot est

var-, identique peut-être au vieu x-n ord iqu e vâ r ‘déesse de la pro­
m esse’, pluriel vârar,
‘prom esse de fid élité’, le m êm e m ot q u ’on

su ppose aussi pour *varing-. Le sen s originaire du second com p o­
sant ouvre la porte à diverses conjectures dont il serait prém aturé

d ’exam iner le détail.

Quant à la relation entre *varang- et le v ieil-islan d a is væ ringiar

et les autres form es à inflexion présum ant le suffixe -îng-, il va de

soi que vœ ring- doit être considéré com m e u ne adaptation postérieure

p rovoquée par le suffixe -ing- qui se retrouve sou ven t dans les nom s

de peu ple. U n e telle adaptation de m ots en -ang- au type en -in g­
est trop u suelle dans les langues nordiques pour q u ’il soit néces­
saire d ’en donner des exem ples.

Le parallélism e à varan g-fvar’ag- qui, com m e on le sait bien, se

retrouve d ’u ne m anière étonnante dans le n om de lieu norvégien

V arangerfjord et sa form e correspondante la p on n e Varjagvuodna (en

russe V a ra zsk ij Z a liv ) a de b onn e h eure incité les savan ts à cher­

cher u ne relation entre ces n om s de lieu x et les anciens varègues.

Sjögren, le philologue finnois n om m é ci-d essu s, était d ’avis que

1) C. T h ö m q v ist, S tudien über die nordischen Lehnwörter im Russischen (Eludes de

philologie slave publiées_par l’in s titu t russe de l ’U n iv ersité de Stockh olm , tom e 2).

U ppsala & Stockholm 1948, p . 85.

*) M. R . V asm er, Creko-slao’anskije ei’udy II I, S t.-P étersb ou rg 1909, p . 7.

*) R . E kb lom , D ie W aräger im Weichselgebiet, A rch iv fü r slavische Philologie 39,

1925, p. 185 sqq.

4) S la via Occidenlalis 2, 1922, pp. 220-234.

*) A . Brückner, Slow n ik etgmologiczng jfzg k a polskiego, s .v . W arçzyn , d it to u t

bonnem en t san s rien indiquer en d étail que les n om s de lie u x polon ais rem on tent au

nordique warang, tandisqu e le russe var’ag présum e le nordique waring.

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le nom des waranger revient d ans les n om s de lieu x norvégiens et

lapons sans préciser en quelle relation ces n om s se trouvent entre

eux.1) Mais Kunik, qui d ’abord partagea l ’opinion de Sjögren,2)

rejeta plus tard tout rapport entre les n om s de lieu x et le vieu x­

russe var'ags .3) Le renom m é antinorm anniste G edeonov approuvait
l ’affinité des mots en question tou t en soutenant leur origine slave.

Il se fondait sur les contes et traditions concernant une population

slave d ans le nord de la p én in su le Scandinave déjà retenus depuis

longtem ps par Karamzin dans son histoire russe et par Butkov dans
Syn O teiestva 1836, No. I .4) Gutzeit, au contraire, décline entière­

m ent l ’affinité supposée et ne voit dans ces m ots q u ’une ressem ­

b lan ce phonétique toute fortuite. Il rapproche le nom · du fiord

norvégien d ’autres nom s en -anger com m e Porsanger, Malanger, et
le raye de la discussion en affirm ant q ue W arang, W arjag n ’ont

jam ais eu chez les finnois, les lapon s et les estoniens4) le sens de

varègues.8)

Ce sont surtout les savants du X IX e siècle qui ont pris intérêt à

rapprocher les nom s de lieux cités du nom des anciens varègues.

Ceux de notre tem ps passent ce problèm e sous silence. Et pourtant

il serait de quelque im portance de savoir s ’il s ’agit là sim plem ent
d ’une sim ilitude phonétique, ou b ien si l ’on ne se trouve pas en
présence d ’un rapport véritablem ent génétique.

Quant au nom de lieu lapon , Qvigstad le croit em prunté au

n ord iq u e,7) probablem ent, pour être plus précis, à sa forme nor­
végien n e8) passée de bonne heure au lapon . Il suppose la forme

norvégienne originelle *Verjangr, ce qui serait une com position de

génitif pluriel verja de ver (p rénordique *w arja), norvégien m oderne

vœr ‘lieu de p êch e’, et de angr ‘fiord’. De là :ivercingr qui, sous

l ’effet de l ’assim ilation régressive, a p assé à Varanger.9) La relation

*) Über das Werk e tc ., pp. 7 3 -7 4 , remarque 2.

!) D ie Berufung etc., I, pp. 44-45.

s) C aspia, p. 406, remarque 11e.

4)

S. G edeonov, Otryvki i: issledovanij o v a ra isk o m voprose ( = P rilo ien ije ko II -

m u tomu Z apisok lm p . A kadem ii N au k, № 3), S t.-Pétersbourg 1862, p. 152-399.

s) A propos du nom de lieu estonien Wrangelsholm e t d’autres, qu’a vait cités

K unik, D ie Berufung etc ., I, pp. 156-57.

*) Warägen und Warangen, p. 10.

7) J- Q vigstad, Nordische Lehnwörter im L appisch en ( = C hristiania Videnskabs-

Selskabs Forhandlinger for 1893. N o. 1). Christiania 1893, p. 343.

*) N orske Gaardnavne, tom e 8, p. 272.

*) Ibidem .

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phonétique entre le n om de lieu norvégien et le la p o n est, suivant

Qvigstad, parfaitem ent claire :*) lap on var- p eu t rem onter à norvégien
var- et ver-; lapon -j- correspond à norvégien

et lapon -ag en

syllabe inaccentuée rem onte à norvégien -ang.

Si la form e norvégienne an cien ne ainsi su p p osée est juste, et si

elle sert de base au m ot lap on , celu i-ci p eu t être sim plem ent écarté
de la discussion, vu q ue le rapport entre le s m ots norvégien et

lapon n ’est pas le m êm e q u ’entre le vieu x-n ord iq u e varang- et le
vieux-russe var’a g i. M ais ne pourrait-on su pp oser q ue le nom du

fiord norvégien a q uelque rapport avec le n om des varègues? La

phonétique perm ettrait de l ’adm ettre à la con d ition q ue Veranger2)
ait de b onn e heure p assé à Varanger. D e fait il y a u ne form e W âr-
ânger, attestée plus tôt3) que Veranger, et l ’on trouve aussi une

variante W oranger en 1595.4) C ependant l ’attestation des n om s de

lieu x norvégiens est tellem ent tardive par rapport au vieux-russe
v a r’ag» que toute interprétation étym ologique reste en fin de com pte
hypothétique. De p lu s il faudrait prouver de q uelle m anière le

Varanger fjord, qui se trouve si lo in dans le nord, pourrait avoir eu

des rapports avec les varègues, dont l ’habitat central sem ble avoir

été situé surtout au m ilieu de la Scan din avie et sur la B altique, dite

la Mer des Varègues. Il est vrai q ue B aoayyta5) et V ar’azskoje More6)

ont parfois un sens b eau cou p p lu s étendu q u ’on n e le conçoit à

l ’ordinaire. Il est vrai au ssi q u ’une route com m erciale fort im portante

a p assé au nord de la p én in su le Scandinave ju s q u ’à la Mer B lanche,
appelée Gandvik par les norm ands, et ju s q u ’au p ays d es Biarm es,

que l ’on suppose installés autour de la D vin a Septentrionale. Le
récit de voyage d ’Ottar, conservé dans la traduction d ’O rosius faite
paT Alfred le Grand, apporte, com m e on le sait, u n tém oignage

ancien et écrit à l ’existence de cette route im portante. Il est égale­
m ent vrai, que, seuls, les dialectes de la région d ’A rchangelsk ont

conservé, sous la form e var'aza, le sen s ‘h om m e d ’outre-m er’,7)

qu’a posséd é autrefois le vieux-russe v a ra g h . D ans l ’état actuel

1) Nordische Lehnwôrter im L appischen , p . 36, p . 34, p. 33.

*) A tte sté 1567, Norske Caardnaone, tom e 8, p . 272.

’) 1552, ibidem.

4) Ibidem .

5) Ci. T hom sen, R ysk a r ik e ti grundlâggning e t c ., p . 100.

·) Cf. la Chronique de N estor e t N . P . B arsov, O ierki ru sskoj istoriceskoj geografti,

V arsovie 1885, p. 15.

7) V . D a l’, Tolkovgj slovar’ iivogo velikorusskogo ja zy k a , s .v . Var’a ia .

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des choses il serait pourtant im prudent d ’adopter com m e prouvées
les hypothèses sur les rapports des varègues avec le fiord de Var­

anger. Mais il serait au ssi d ’une im prudence égale de les rejeter
avant d ’avoir poursuivi sur ce p oin t des recherches approfondies

qui seraient de caractère surtout historique.


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