L’histoire du Cid
Dans sa dédicace (à Madame de Combalet, nièce de Richelieu, protectrice de l’écrivain) faite à l’occasion de la première édition (mars 1637), Pierre Corneille affirme qu’il veut donner « un portrait vivant » dont la vie est « une suite continuelle de victoires » . Corneille s’inspire d’un épisode légendaire de l’histoire espagnole, mais apporte aussi certaines modifications : par exemple, même si Le Cid (signifiant « maître ») a existé en réalité, il était seulement un petit chevalier de Castille (de son vrai nom Rodrigo Diaz de Bivar). Il est né en 1043 et il est mort en 1099 à Valence.
L’Infante et Chimène sont deux personnages féminins caractérisés par leur passion commune pour le Cid.
La pièce a cinq actes. La première scène se passe à Séville et nous donne l’occasion de connaître Chimène, la fille de don Gomez, et Elvire, sa gouvernante, qui sera la personne de confiance de Chimène, une sorte de « raisonneur » de la pièce. Dès les premières pages du texte, on apprend que Rodrigue, « un simple cavalier », est aimé de deux femmes : de Chimène et de l’Infante (qui croit que dans les belles âmes / le seul mérite a droit de produire des flammes). En effet, la fille du roi lutte contre ses sentiments et essaie d’encourager l’amour de Chimène et de Rodrigue pour guérir le sien (Si Chimène a jamais Rodrigue pour mari, / Mon espérance est morte, et mon esprit guéri.).
Par le personnage de l’Infante, Corneille peint une âme trouble, qui doit vaincre sa passion pour un être issu d’une couche sociale modeste, puisque son honneur lui interdit d’épouser un simple chevalier : Si mon courage est haut, mon coeur est embrasé /.../ Ma plus douce espérance est de perdre l’espoir (à remarquer lejeu de mot - « espoir-espérance »).
La scène 3 présente la rencontre du comte de Gormas, père de Chimène, et de Don Diègue, père de Rodrigue. Entre les deux hommes se passe un incident très grave, car don Gomez, le Comte, ayant un caractère vif, insolent, ironique, donne un soufflet à l’autre. Le Comte croit qu’il avait perdu certains honneurs de la part du Roi à cause de don Diègue (récompensé - pour ses exploits passés - avec la fonction de gouverneur du prince). Le père de Rodrigue a donc la honte d’être offensé et de ne pouvoir se venger, car il est vieux et impuissant. Alors, il faudra que son fils fasse cela à sa place. Toute la scène 4 décrit le désespoir de don Diègue, et Corneille offre un monologue très suggestif du vieillard qui regrette sa gloire d’autrefois et son impossibilité de lutter encore pour défendre son honneur.
Par conséquent, il invite son fils Rodrigue à le venger s’il a « du cœur » (Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte /.../ Meurs ou tue. /.../ va, cours, vole, et nous venge). Le père demande cela à Rodrigue, même s’il connaît son amour pour Chimène, la fille de celui qui l’a offensé.
La scène 6 présente la décision de Rodrigue de lutter contre le père de celle qu’il aime ; finalement, après une hésitation qui n’est pas très longue, il choisit de sacrifier son amour à l’honneur de sa famille, conformément aux mœurs de l’époque (il faut lire la pièce de ce point de vue, pour bien comprendre l’attitude et les actions des personnages). La scène est d’un grand intérêt psychologique, car c’est l’une des rares occasions où nous voyons l’âme du héros, ses troubles ; l’auteur crée un discours impressionnant par la perfection du vers, les constructions symétriques, le choix des mots. Une tension extraordinaire est communiquée par les strophes qui semblent marquer un arrêt dans l’action :
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse :
Il faut venger un père et perdre une maîtresse :
L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras.
RĂ©duit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infâme,
Des deux côtés mon mal est infini./.../
Mais il doit à son père aussi bien qu’à sa maîtresse, et ne pas venger son père signifie, selon les normes sociales de son temps, attirer le mépris de Chimène. L’un pourrait donc le considérer « infidèle», et l’autre « indigne d’elle ». Après ce raisonnement assez bref, Rodrigue se décide pour le combat (Allons, mon bras, sauvons du moins l’honneur, / Puisqu’après tout il faut perdre Chimène).
L’argument est clair et tout à fait logique : le fils doit à son père avant qu’à sa maîtresse ! La scène se clôture sur la satisfaction du personnage d’avoir enfin pris la juste décision (étant même « tout honteux d’avoir tant balancé »).
Le deuxième acte montre que la rencontre de Rodrigue et du Comte est imminente car, malgré l’odre du Roi, le père de Chimène refuse de présenter des excuses à don Diègue (scène 1) et Rodrigue le provoque fièrement. L’Infante promet à Chimène de l’empêcher (scène 4), mais c’est trop tard : un page annonce que Rodrigue a quitté le palais avec le Comte. L’Infante se confie à sa gouvernante Léonor : elle a pitié de Chimène, mais ne peut se défendre de penser que la victoire de Rodrigue le séparerait de celle qu’il aime et le rendrait digne d’une fille de roi (scène 5). Le roi don Fernand donne l’ordre d’arrêter le Comte, malgré l’intervention de don Sanche, un gentilhomme de la Cour, amoureux de Chimène. Il annonce que les Maures menacent la ville (scène 6).
La rencontre a lieu : on vient d’apprendre au Roi que Rodrigue a tué le Comte (7ème scène)... quand vient Chimène pour demander justice, tandis que don Diègue défend son fils et réclame pour lui-même le châtiment (8ème scène). Il faut préciser que dans la scène 2 de cet acte nous trouvons une réplique fameuse du Cid, qui est la clé de voûte de toute la pièce : Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées / La valeur n’attend point le nombre des années. En effet, à l’orgueil démesuré de son adversaire, Rodrigue oppose son ambition et la fierté de sa cause, celle de venger son père. D’ailleurs, pour le lecteur c’est très intéressant de remarquer les sentiments des personnages évoluant en fonction de la situation présentée par l’auteur.
En outre, l’héroïne cornélienne gagne une grande profondeur dans les personnages de Chimène et de l’Infante (la scène 4 et 5). Toutes les deux connaissent un état de désarroi, chacune espère avoir un beau jour l’amour de Rodrigue. L’Infante croit que Rodrigue est trop jeune, tandis que Chimène, elle, a de la confiance en lui (Les hommes valeureux le sont du premier coup), en démontrant qu’elle le connaît davantage. A remarquer dans la scène 8, la violence de Chimène, tout comme les méandres du comportement de don Diègue, tandis que la figure du Roi est effacée.
Le dilemme du Cid est illustré par le vers : Père, maîtresse, honneur, amour.
Le troisième acte pourrait s’intituler « Chimène aime encore Rodrigue, mais exige sa tête... » Rodrigue, venu voir Chimène pour remettre sa vie entre ses mains, se cache à l’arrivée de la jeune fille. Elvire avertit même le chevalier :
Fuis plutĂ´t de ses yeux, fuis de sa violence ;
A ses premiers transports dérobe ta présence :
Va, ne l’expose point aux premiers mouvements
Que poussera l’ardeur de ses ressentiments. (scène 1)
Rodrigue justifie son arrivée dans la maison de celui qu’il vient de tuer par les mots : Je cherche le trépas après l’avoir donné. / Mon juge est mon amour, mon juge est ma Chimène : Je mérite la mort de mériter sa haine. Les paroles du Cid confirment à la fois sa lucidité et sa grandeur d’âme, car, même s’il a tué son père, il ne cesse d’aimer la fille du Comte, il vient lui parler pour justifier son geste.
Don Sanche offre à Chimène l’occasion de la venger, proposition que la jeune fille n’accepte pas. A Elvire elle reconnaît qu’elle aime toujours Rodrigue, mais qu’elle veut sa mort pour mourir après lui (Pour conserver ma gloire et finir mon ennui, / Le poursuivre, le perdre, et mourir après lui). L’âme de Chimène est déchirée entre ses deux passions, comme le prouve aussi le vers Si je poursuis un crime, aimant le criminel ?
Le généreux « immole » (sacrifie) celui qu’il aime.
La pièce continue par la présentation de Rodrigue, et c’est entre les deux jeunes gens une belle scène où l’amour et l’honneur s’affrontent pour se confondre : il ne saurait, lui, regretter un acte qui le rend digne d’elle ; elle proteste de son côté qu’elle accomplira son devoir comme il a accompli le sien, mais que ce n’est pas à elle de lui ôter la vie (scène 4). Don Diègue, qui était inquiet de ne pas trouver son fils (scène 5), le rencontre enfin, lui dit sa joie et l’envoie lutter avec les Maures (scène 5).
Le quatrième acte contient en essence un nouveau duel et pose encore une fois le problème « à qui sera Chimène ? » Rodrigue gagne la lutte avec les Maures : quand elle apprend qu’il est sain et sauf, Chimène cache son amour et essaie de défendre son honneur (ce qu’elle appelle « son triste devoir »), malgré les conseils de L’Infante (scène 2). Nous remarquons dans cet entretien avec la fille du Roi un autre ton par rapport à celui du début de la pièce, l’Infante prouvant une attitude sage, son pouvoir de réfléchir et de prendre de bonnes décisions.
La mise à l’épreuve de Chimène. Après avoir entendu, de la bouche même du vainqueur, le récit de la bataille (scène 3), le Roi décide de mettre à l’épreuve Chimène (scène 4). Il lui annonce que Rodrigue a été tué : elle s’évanouit et révèle ainsi, malgré elle, son amour. Ensuite elle se voit obligée de promettre sa main à celui qui lui apportera la tête de « l’assassin de son père » ; elle accorde à don Sanche la faveur d’être son champion (scène 5).
Le cinquième et dernier acte est aussi celui où Chimène avoue son amour pour Rodrigue.
La scène 1 nous présente la perspective d’un nouveau duel, proposé par Chimène, entre Rodrigue et don Sanche. L’Infante, qui a renoncé à son amour pour Rodrigue en faveur de Chimène (scène 2), avoue à Léonor qu’elle a le coeur déchiré, mais qu’elle doit vaincre ses sentiments pour « ne pas troubler une si belle flamme », donc pour ne pas nuire à un amour si beau comme celui qui unit Rodrigue à Chimène (scène 3). Chimène déclare à sa gouvernante Elvire que, si Rodrigue est vainqueur, elle va trouver d’autres occasions pour demander sa mort (scène 4), quand don Sanche lui apporte son épée : persuadée que Rodrigue est mort, elle lui reproche d’avoir tué « le héros » qu’elle « adore » (nous signalons de nouveau le talent de Corneille de créer l’effet de surprise). Sur le point de défaillir (scène 6), elle reconnaît devant le Roi qu’elle n’a cessé d’aimer Rodrigue et lui dit sa décision de se retirer dans un monastère ; mais don Sanche explique que c’est lui-même qui a été désarmé et que son vainqueur l’a chargé de remettre cette épée à celle qu’il aime.
La scène 7 nous présente l’arrivée de Rodrigue : Chimène renonce à la vengeance, mais refuse de l’épouser. Et lui, sur la promesse du Roi, s’en va pour mener d’autres combats glorieux contre les Maures, avec l’espoir de conquérir sa Dame par de nouvelles victoires. Pourtant, on peut entrevoir, dans les dernières paroles du Roi, la possibilité d’un mariage entre Rodrigue et Chimène : Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi.
L’amour de Chimène pour Rodrigue.
Conclusions sur le chef-d’oeuvre cornélien, Le Cid
Voltaire (1694-1778), philosophe et écrivain français, auteur de Candide ou l’optimisme, 1759. Voltaire disait : Le théâtre de Corneille est une école de grandeur d’âme. Cette phrase s’applique peut-être le mieux pour Le Cid, où l’auteur pose des problèmes moraux avec une pertinence issue du commun: l’amour est immolé (sacrifié) à l’honneur, au devoir. Le héros se trouve placé entre le devoir et la passion ou entre deux devoirs, dont l’un (le vrai ou le plus important) doit triompher de l’autre. Une fois accompli sa difficile tâche, le héros ne regrette pas sa décision, tant il est pénétré de son devoir. Rodrigue dit à Chimène : Je le ferais (le devoir) encore, si j’avais à le faire.
Corneille nous élève au-dessus des choses mesquines de la vie et nous donne confiance dans la force de la nature humaine. La grandeur des héros cornéliens nous entraîne et éveille en nous ce qu’il y a de meilleur... C’est pourquoi le théâtre de ce dramaturge est d’un puissant effet moral, proposant des personnages exemplaires, dont le pouvoir de décision est admirable.
Le style de l’écrivain est simple, sublime, plein d’éclat, de justesse, de logique, mais il est inégal, rude et un peu négligé (par rapport à l’œuvre de Racine, qui est un modèle de perfection de la langue française employée dans la littérature). Le Cid (1636) reste aussi le premier chef-d’œuvre du théâtre français, l’origine de la tragédie française. Corneille inaugure avec cette pièce le drame moral, psychologique. Les auteurs avant Corneille avaient traduit servilement les textes de l’antiquité ou bien copié le théâtre italien et espagnol.
L’originalité du Cid est certaine, même s’il y a eu des voix qui ont accusé Corneille de plagiat (le mot « cid » est dérivé du mot « Sidi », signifiant « seigneur », un titre que les Maures ont donné à un héros espagnol). Avec Le Cid, on vit pour la première fois sur la scène une action forte, animée de grands et de beaux caractères, présentant à merveille la lutte intérieure qui se donne dans l’âme des personnages. Les détracteurs de Corneille n’ont pas eu raison, car il y a de grandes différences entre la tragédie française et le drame espagnol. Ce dernier a une action remplie d’incidents, afin de mettre en évidence les exploits (les combats glorieux) du Cid. Corneille a choisi, de ce drame, un seul épisode, le mariage de Rodrigue, et ne s’occupe que de l’analyse des sentiments. Par conséquent, même si le sujet est emprunté à l’écrivain espagnol Guilhem de Castro, l’oeuvre de Corneille est puissante et profondément originale.
Les personnages et le rapport dramatique
Rodrigue
Jeune guerrier courageux, Rodrigue est doué d’une âme noble, de hautes qualités morales et d’un caractère chevaleresque. Il en fait preuve dans le combat avec le comte :
Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées,
La valeur n’attend point le nombre des années.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
A qui venge son père, il n’est rien d’impossible,
Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.
Rodrigue est un général habile, courageux et rusé dans le combat avec les Maures. Vis-à -vis de son père il se montre bon fils, dévoué. Pour Chimène, il est un fiancé délicat et l’amour qu’il éprouve pour elle est constant, malgré tous les obstacles qui s’y opposent. Son héroïsme ressort de l’attitude qu’il garde dans le conflit moral. Il se trouve placé entre l’amour pour Chimène et le devoir de venger l’honneur de sa famille gravement compromise par le père de sa fiancée, à cause de l’outrage fait à Don Diègue. Dans une lutte terrible, qui se livre dans un coeur déchiré par la douleur, il étouffe, avec un grand héroïsme, son amour, parce que cette passion l’empêcherait de faire son devoir. Un tel effort de volonté de la part du héros, un tel sacrifice provoque notre admiration. L’amour entre Rodrigue et Chimène est basé sur l’estime, et Rodrigue serait méprisé par Chimène s’il négligeait son devoir. Par conséquent, Rodrigue tue le comte pour faire son devoir, mais aussi pour garder l’estime de Chimène.
Rodrigue inspire aux spectateurs des sentiments d’estime et de sympathie.
Gérard Philippe profita de l'enseignement de Georges le Roy au Conservatoire : " Il m'apprit [...] à me tenir droit, le jarret tendu, face à la vie, comme un homme bien portant. C'est sans doute grâce à lui que j'ai pu dire, plus tard, les stances [du Cid]." [Claude Roy, Gérard Philippe, Souvenirs et témoignages recueillis par Anne Philipe et présentés par C. Roy, coll. L'Air du temps, Paris, Gallimard, 1960, p.36. Rééd. 1978.] Mais nul ne lui apprit à inventer dans la vie des amis imaginaires dont il contait et mimait interminablement les aventures. Tous ceux qui l'ont approché ont constaté qu'après de minutieuses répétitions, il semblait improviser en scène, chaque soir différemment en certains endroits (récit du Cid ou scène du prince de Hombourg en prison). Il "était" Rodrigue, il "était" l'Idiot et le musicien Maurice Jarre qui dirigeait la partie musicale subissait chaque soir une sensation inexplicable, supposées d'ordre magnétique. [Idem, ibidem, pp. 145-146.]
Chimène
Elle est un des plus beaux types de femmes du théâtre cornélien et classique en général. Comme Rodrigue, elle est pleine d’énergie et d’amour, de jeunesse et de fidélité, sentiments qu’elle démontre tout d’abord après la mort de son père. Le devoir lui commande de demander la tête de Rodrigue au roi. Comme son fiancé, elle étouffe l’amour profond qu’elle éprouve pour son bien aimé, avec le même héroïsme que Rodrigue, étant fermement décidée à suivre la voie du devoir, pour défendre l’honneur de son père tué et pour se rendre digne de l’amour de Rodrigue. Son amour est basé sur l’estime qu’elle ressent pour les qualités morales de Rodrigue, mais elle ne veut être inférieure à lui, elle veut rivaliser avec Rodrigue en ce qui concerne la générosité, l’abnégation et la maîtrise d’elle-même :
De quoi qu’en ta faveur notre amour m’entretienne,
Ma générosité doit répondre à la tienne.
Sa fierté n’admet pas que Rodrigue se laisse vaincre dans le combat judiciaire avec Don Sancho ; elle veut qu’il sorte vainqueur de la lutte dont Chimène est le prix, car elle ne saurait pas supporter la honte de voir Rodrigue, son fiancé, vaincu par Don Sancho. Comme fille, elle est digne de notre estime, parce qu’elle met toute sa passion et son ardeur à venger son père et montre le même sentiment vigoureux d’honneur que Rodrigue. Les deux âmes fortes, Rodrigue et Chimène, se valent parfaitement.
Don Diègue
Il est un vieux général, blanchi sous le poids des années, qui a bien servi son roi et sa patrie (Ses rides sur son front ont gravé ses exploits.) Il est paisible, calme, raisonnable et ne veut pas se quereller avec le comte. Mis au comble du désespoir de se voir incapable de réparer sa honte, il se sert du bras de son fils, pour lequel il éprouve une tendre affection. Il est fanatique parce qu’il met le devoir au-dessus de l’amour paternel. Après la mort du comte, il défend Rodrigue devant le roi, et lui offre son propre sang pour sauver celui de son fils. Par le combat avec les Maures, il lui procure la possibilité de laver son crime et de se soustraire à la punition. Chez Don Diègue, le sentiment vigoureux et hautain de l’honneur, s’empare de l’amour paternel.
Don Gormas, le comte
Il a un caractère opposé à celui de Don Diègue. Un homme en pleine force, vaniteux, irritable, se laisse entraîner par sa colère à gifler le vieillard, parce que ce dernier a été choisi gouverneur et non lui. Il est orgueilleux, hautain dans le dialogue avec Don Diègue et avec Rodrigue. Il insulte l’autorité du roi :
Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes,
Ils peuvent se tromper comme les autres hommes.
Le roi Fernand
Il est un caractère faiblement représenté dans la pièce, parce qu’il ne joue pas un grand rôle. Il fait l’impression d’un homme comme il faut et qui veut faire le bien.
1. « Maître, seigneur » Corneille insiste sur la dimension psychologique, sur le combat intérieur des personnages (qui se divisent en « âmes fortes » et « âmes faibles »).
2. Le Cid lutte avec les Maures.
3. Don Diègue, le père de Rodrigue a été nommé gouverneur et le père de Chimène, le comte, en est jaloux. Rodrigue doit défendre l’honneur de sa famille, en provoquant au duel le père de Chimène à la place de son vieux père, qui ne peut plus lutter.
4. Le style de la pièce est logique, simple, éclatant.