215
des enseignements dispenses a Kangxi, lis essayent toujours de lui inculquer des principes chretiens, comme le pere Bouvet l'explique: « [...] nous profitons, du mieux qu'il nous est possible, de toutes les occasions, que nous pouvons trouver, de luy parler des principales veritez du Christianisme »29.
Cette strategie est aussi employee aupres des lettres et des gens du peuple. Le pere Gerbillon nous raconte en detail comment les missionnaires prechent leur doctrine tout en procedant aux prelevements topographiques dans les campagnes pour lever la carte de la Chine:
Les Missionnaires charges par ITEmpereur de dresser le plan [...] prirent occasion, en executant ses ordres, de precher Jesus-Christ dans tous les bourgs et villages par ou ils passerent. Quand ils arrivoient dans le lieu ou iłs devoient faire quelque sejour, iis faisoient venir le plus considerable des habitans; ils lui faisoient toutes sortes d’amities, beaucoup plus qu'on n'a coutume d'en faire a ces sortes de gens a la Chine, ensuite ils rinstmisoient des verites de la religion [...]. En sortant des villages, ils laissoient plusieurs livres d'instructions et de prieres [...] Ton peut dire que ce fiit moins un plan qu'ils allerent tirer, qu*une mission qu'ils firent en plein hiver aux frais de Sa Majeste30.
La strategie de propagation de la foi employee par les jesuites franęais s'est-elle revelee efficace ? II est incontestable que les missionnaires ont obtenu des resultats par ce moyen. D’une part, en profitant de 1’occasion de s'approcher des grands et se promener partout dans Tempire, ils ont diffuse leur doctrine a la cour, parmi les gens de lettres et dans les milieux populaires. D’autre part, ils ont reussi, par ce moyen, a etablir un climat favorabIe au developpement du christianisme en Chine. Ils sont parvenus d'abord a gagner la confiance et 1'estime de Tempereur. Ainsi, apres avoir ete gueri par le frere Bernard Rodes, Kangxi temoigne de sa confiance pour les missionnaires :
Vous Europeens, que j'emploie dans 1'interieur de mon palais, vous m'avez toujours servi avec żele et affection, sans qu'on ait eu jusqu'ici le moindre reproche a vous faire. Bień des Chinois se defient de vous, mais pour moi qui ai feit soigneusement observer toutes vos demarches, et qui nV ai jamais rien trouve
29 BO(JVET. Portraict historiąue [...], 1697, p. 169.
30 Lctue de GERBILLON de 1705, dans Lettres edifiantes et curieuses [...]. 1819, vol. 10, p. 40; LI Shenwen. « Qingdai (...) », 1995, p. 51-52.