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gardę une certaine distance. LTiistoire veut ainsi qu'a l’epoque des Cinq Dynasties (907-960), une femme soit descendue avec son enfant dans une auberge. L’aubergiste, qui croyait qu’elle etait en fuite, prit Ie bras de cette femme pour la chasser. Considerant que le bras touche par Hiomme avait ete souille, la femme le coupa sans hesitation pour preserver la chastete du reste de son corps37. Bień qu’il s’agisse d’une action excessive et exceptionnelle dans Hiistoire chinoise, cet exemple temoigne de 1'importance de la chastete de la femme et de la separation des hommes et des femmes dans la culture chinoise. Par aiileurs, apres la mort de son mari, une femme se doit encore de rester chaste et de ne pas se remarier, meme si ce veuvage lui cree toutes sort es de difficultes. La chastete d’une veuve est tres honorable, pour eile et pour les autres membres de sa familie et de son elan, et il peut meriter meme 1’eioge de 1’empereur. L’ordre suivant de Tempereur Yongzheng (1723-1735) montre bien 1’importance que la societe traditionnelle accorde a la chastete pour maintenir 1’ordre social par les principes moraux du confucianisme plutót que simplement par les lois :
La beaute du gouvemement, dit 1’Empereur, depend surtout de la regularne des femmes ; elles doivent s’appliquer a remplir leurs devoirs, et a vivre dans la retenue qui convient a Ieur sexe. Lorsqu’une femme encore jeune a perdu son mari; si eile demeure dans son etat de veuve sans passer a un second mariage, et qu’elle vive au moins vingt ans dans la continence avant sa mort; ou si une autre, pressee, forcee meme, a resiste jusqu’a donner sa vie, plutót que de commettre le crime, j’ordonne a ceux de sa familie, de quelque condition qu’ils soient, d’en informer le mandarin du lieu, qui verifiera ie fait et m’en instruira, afin que, suivant mes ordres, on tire du tresor imperial Targent necessaire, pour eriger dans sa patrie un arc de triomphe en son honneur, sur Iequel sera grave son eloge38.
Certains jesuites ont bien constate cette place particuliere de la femme chinoise dans la societe traditionnelle. Dans une de ses lettres, le pere de Chavagnac la mentionne en effet: « Elles ne sortent jamais de la maison, ni ne reęoivent aucune visite des hommes; c’est une maxime fondamentale dans tout 1’Empire, qu’une femme ne doit jamais paraitre en public, ni se meler des affaires du dehors ».39 Toutefois, d’autres missionnaires, ne connaissant pas bien 1’usage ou ne le respectant pas, baptisent directement les femmes et les melent aux
37 CHEN Zhiliang et JIA Runguo. Zhongguo 1996, p. 344-348.
38 Lettre du pere Cyr CONTANCIN du 2 decembrc 1725, dans V1SSIERE. Lettres edificmtes et curieuses
1979. p. 309-310.
39 Lettre du pere de CHAYAGNAC du 10 fevrier 1703, dans YISSIERE. ibid, 1979, p. 95.