12 LE CHOLĆRA
Cette description correspond certainement a celle du cholera classiąue, mais Sticker a emis des doutes quant i Tauthenticite du texte. II serait interessant d’elucider ce point.
Cependant, meme si cette citation se revelait apocryphe, des faits d’un autre ordre permettraient d’etablir que le cholera sevit depuis longtemps dans Linde, en montrant que certains anciens rites religieux etaient censes ócarter les ravages qu’exeręait cette maladie.
Macnamara a affirme a ce sujet que la population du Bas-Bengale a, pendant longtemps, rendu un eulte a la Deesse du cholera; il parait en effet
« selon une tradUion qui $e perd dans la nuit des temps, qu’une femme qui errait dans les bois, se trouva en presence d'une grosse pierre, symbole de la deesse du cholera. Le eulte a la dmnite, rendu par le truchemcnt de cette pierre, constituait, selon les idćes qui regnaient alors dans llnde, le seul moyen de se pr£server des effets de cette redou-table maladie. La renom mee de la deesse se propagea et la pop u lat i on afllua de tous les points du pays, pour prier devant son autel de Calcutta.» [Trąd.]
Comme Ta indiquć avec a propos Macpherson (1872), cite par Macnamara, la maladie doit avoir sevi parfois avec violence, sinon on n’aurait pas estime necessaire de recourir a des rites propitiatoires pour s’en premunir par une intervention speciale de la divinite.
Sticker a soutenu, en invoquant Tautorite de Sanderson (1866) et de Tholozan (1868), qu’il existait dans un tempie de Gujrat (Inde occidentale) un monolithe datant de Lepoque d*Alexandre le Grand, et portant Linscrip-tion suivante concernant apparemment le cholera classique:
«Les tevres bleues, le visage hagard, le$ yeux caves, Lestomac dcsccndu, les membres contractćs et comme racomis par le feu, tels sont les symptómes de la grandę maladie qui, appelće par la malediction des pretres, fond sur les braves et les dćcime...»
U semble donc que le cholera a existe dans Linde de toute antiąuite. La preuve irrefutable de sa prdsence en ce pays dans les temps historiques est fournie par les relations d'observateurs europćens qui, aprćs l’arrivee de Vasco de Gama sur la Cóte de Malabar, en 1498 ap. J,-C., ont eu Loccasion de faire connaissance avec ce qui etait pour eux une terra incognita. Comme Macnamara Ta souligne,
«il est remarquable que, dans Lunę des toutes premteres descriptions, rćdigee par un Europeen, il soit fait mention claire et net te du cholćra a$iatique. CLest aussi la premtóre relation dc la maladie qui ait publice. 11 est hors de doute que le cholera asiatique a sćvt dans le delta du Gange: pendant combien de temps, nous Lignorons; car ceux qui auraient ete k mćme de decrire Laflection n’ont pas tómoins dc ses ravages. * [Trąd.]
Ce premier rapport, redige par Gaspar Correa sous le titre «Lendas da India » (Legcndes de Linde), signale a) une forte mortalite observee au cours du printemps de 1503 dans Larmće du souverain de Calicut, mortalite encore accrue «par les maladies printanieres communes et la variole, accompagnees d’une autre maladie d*apparition soudaine qui se manifestait par des douieurs abdominales, et a laquelle les malades ne survivaient pas