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Lis sont amenes a diminuer cette di stance par leur propre sinisation, notamment par Padoption de noms, d’habits et de mets chinois. Cette sinisation comprend encore Papprentissage de la langue et rassimilation de comportements chinois. Le changement est profond, car il s’agit de « se refondre depuis des pieds jusqu’a la tete, pour faire d’un Europeen un parfait Chinois »1. Par rapport aux citoyens de la reduction amerindienne, qui se considerent franęais, ici ce sont les missionnaires qui declarent etre « devenus Chinois »2. C’est le seul moyen pour eux de ne pas se faire identifier comme de «barbares» etrangers, meprises par la population.
Comme il existe des desaccords profonds entre les doctrines chretienne et confucianiste, les jesuites franęais se plongent d’abord dans Petude de Phistoire chinoise et des classiques confiiceens pour bien saisir le noyau du systeme de croyances. Apres avoir acquis les connaissances necessaires, ils cherchent a concilier les deux systemes en
recherchant des analogi es entre le christianisme et le confucianisme. Ds soutiennent aupres
»
des Chinois que la religion catholique s’accorde parfahement avec leur doctrine dłEtat. Les figuristes vont encore plus loin. Ils croient que les anciens classiques chinoist notamment le Yijing (Ciassiąue de la rmitatioń) renferment des traces de la tradition primitive et des mysteres du christianisme, et ils investissent beaucoup de temps dans la recherche de ces vestiges. Comme les annales chinoises remontent plus loin que la chronologie bibliąue, les jesuites figuristes et les « missionnaires de Pekin » tentent du mieux qu’iis peuvent de faire disparaitre les incompatibilites. Les figuristes considerent le premier empereur legendaire chinois comme le patriarchę biblique, niant de ce fait Panciennete de Phistoire chinoise. En revanche, les missionnaires de Pekin croient a la justesse de cette demiere et allongent la chronologie biblique pour la faire correspondre a la chronologie chinoise. Au cours de la querelle des rites, les jesuites franęais maintiennent leur sympathie pour les ceremonies traditionnelles chinoises et les considerent comme des rites civils, politiques et sociaux, et non pas comme des rites religieux.
Lettre du pćre de TARTRE du 17 decembre 1701, dans VISSIERE, Lettres edifiarttes et cuneuses 1979. p. 81.
LAZARD. « Les tribulations [...] », 1987. p. 353.