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un tesson de pot non glaęure pour les fusaloles, soit dans un tesson de pot glaęure pour les jetons de jaquet ou de dames ; 1'opposition de jetons decoupes dans des pots a p&te grise d'une part ou a glaęure rouge orange d’autre part se pr§tant admirablement a la recuperation ludique des pots casses (les pions adverses, au Moyen-Age, etant respectivement rouges et noirs). Un cas extr£me d^ładaptation a la recuperation a pu fctre releve s l'un de ces jetons fut retaille dans le fond brOle et noirci d’un pot a cuire : pas besoin de le colorer ! Ce stade du reemploi ou Putilisateur se substitue au potier, dans une faible mesure bien sflr, est a ne pas oublier lorsqu'on etudie le mobilier ceramique d'un centre de consommation. Le pot, fragiJe, perdure sous d*autres for mes.

A defaut de localiser precisement les centres de fabrication, on connatt du moins, en Forez, les points de vente et les modes de distribution. Dans cette region ou les foires n'ont eu aucun succes au Moyen-Age, ce sont les marches bi-hebdomadaires du mercredi et du samedi, a Montbrison - le marche regional - qui attiraient potiers et acheteurs. L'ensemble de la production, en effet, apparatt tres locale. U n'y a guere que quelques tessons qui fassent reference a de plus lointaines productions : une trompe a p&te beige ornee de flammules a Pocre et un decor de pichets en provenance de Lyon ou de Vaise, pour le XIVe ślecie, peut-£tre un decor de type saintongeais pour le XVIe siecle. Mais le reste est remarquablement homogene. L'acquisition de rates de cuisson, du reste, ne peut qu'attester une production tres locale j il eOt ete aberrant de vendre a longue distance un produit peu coQteux a Porigine, deprecie par son etat. On admettra donc qu*en Forez la production soit locale. Les potiers organisent leur reseau de distribution autour des marches des villes de Montbrison, St Germain Laval, Feurs, ou Sury le Comtal, voire St Gaimier : en plaine. Dans la montagne proche, deux choix : soit pour les vil!ages les plus proches, descendre au marche et remonter ses achats a dos d'homme ou a dos d’&ne, le plus courant sans doute, soit pour les sites les plus lointains, embryon d'exportation, attendre le passage du "char charge de pots" peage sur la route de Lyon au Puy et qui transite par le peage de Chateineuf au tarif peu co0teux d*un pot^®. Au milieu du X!Xe siecle encore, les poteries de Saint Georges de Baroille, qu^fon retrouve sur le site d*Essertines au XVIIIe siecle, parviennent jusqu'aux plaines du Forez par transport en charrettes a deux roues garnies de paille, le trajet s'effectuant au pas pour limiter la casse^.

Sur les marches, un quartier specialise, la "tupinerie", est reserve a la vente des ceramiques. Les potiers s*y instalient moyennant un droit d'etal modique : a St Gaimier, le tupinier paye, en naturę, un pot annuel : c'est le "terrage", sorte de droit de place⁹², tout comme les marchands de fromage y doivent un fromage. II est intrigant de noter que, sur la place de cette vi!le, Je marche de la tupinerie jouxte celui de la savaterie, cuirs et pots restant proches sur le marche tout comme tanneries et poteries le sont souvent a la Peripherie des villes. Si, a Paris, le Livre des Metiers souligne l'interdiction de vendre "en rue ne en voierie" mais "es halles", a Feurs comme a Montbrison le marche se tient "in