causc de sa tćmerite pleine dc desespoir. Arrive un jour en Angleterre, il setait reconcilie avec son oncle, qui, sous Cromwell, avait tant souffert du fanatisme de scs propres corcligionnaires qu’il avait reconnu son iniquite envcrs les catholiqucs, et qu’il leguait sa fortunę et ses titres a son ncveu pour racheter un peu ses fautes. De sa part Yolande lui raconte toute la verite. La nouvelle de la mort de Louise est un coup dur pour lui, mais la posscssion d’un fils est au moins une consolation. Tout est bien qui finit bicn: au diner qui termine la soiree Bossuet apparait et fait tairc les racontars qu’on debite sur le compte de Yolande en revelant le veritable sccret de sa vie. Saint Hyacinthe pourra epouser Catherinc des Secousscs. Bossuet leur donnera la benediction nuptiale.
Comme on a pu le voir, le roman contient quelques idees etranges sur la pretrise et la vocation sacerdotale. Dans les details Tauteur decoche encore plus de traits venimeux contrę le catholicisme. L’on y parle d’un ton de raillerie acerbe des jeunes filles de souche noble qui ne quittent le monde qu’au moment ou elles peuvent heriter de la crosse d’une abbesse de leurs parentes, et des jeunes gens qui n’ayant d’autre merite que d’etre nes nobles, possedent pourtant des le berceau une abbaye, et un eveche a leur mort; on ne neglige pas de s’etendre longuement sur les persecutions des huguenots; on s’en prend surtout aux jesuites avec leurs „paradoxes ingenieux” et leurs „raisonnements argutieux”; on ne craint meme pas de lancer une attaque assez directe contrę le secret de la confession.
Mais Bossuet reste hors de la portee. L/auteur n’a rien vu que d’innocent dans les rapports entre Teveque de Meaux et Mile de Mauleon. Si Voltaire, dit-elle, qui aime tant medire, n’avait pas ete pleinement convaincu de Tinnocence et de la bonne foi de Bossuet, il n’aurait pas manque de saisir cette occasion de fletrir un pretre si illustre. Bien loin de calomnier Bossuet, tout le roman est une glorification de son noble caractere, de sa grandeur d’esprit, de sa piete et de son genie. L’auteur a choisi cet episode anec-dotique de la vie de M. de Meaux pour „rehabiliter Mile de Mauleon” qui serait tombee en proie a la diffamation, uniquement parce que Thistoire aurait neglige de la mettre ouvertement a cóte de Bossuet, „ne fut-ce qu’a ses pieds”. La romanciere est d’avis que cette jeune filie a droit a la reconnaissance du peuple franęais qui doit a son sacrifice un des eveques les plus celebres.
Ce melange de verite et d'imagination mis a part, Tauteur a aborde Bossuet avec beaucoup de sens objectif, de sorte que souvent elle Ta peint avec une grandę finesse psychologique. Elle a devine Thomme sous les traits impassibles fixes par Rigaud et qui restent pour trop de gens le portrait de M. de Meaux, et elle rejoint le biographe le plus recent de Bossuet, quand elle decrit la lutte violente qu'il dut soutenir contrę les effets du mauvais air quJon respirait a la cour de Louis XIV 527). Objec-tivite etonnante, puisque dans ses ouvrages anterieurs Melle Toussaint
527) Cf. J. Calvet, o.c., p. 52-53.
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