trop grandę distance du sanctuaire de Dieu pour qu’on puisse etre „le serviteur consciencieux” des deux185). Mais chez lui ce pessimisme ne derivait certainement pas des heresies jansenistes sur la grace et la naturę humaine. Quand il dut signer le formulaire, il le fit sans la moindre restriction. Et on peut le croire sur parole ąuand il avoue n’avoir jamais lu le livre de Jansenius 186). II est regrettable qu’il ne se soit pas rendu compte des connexions etoites entre les regles de vie et les conceptions theologiques des representants pieux et auteres de Port-Royal. Cest meme une grave faute de gouvernement qu’a leur exemple il ait rivalise d’aus-terite avec les pasteurs calvinistes, sans prevoir les consequences nefastes que cette conduite aurait pour la vie catholique dans les provinces qui lui avaient ete confiees. On ne peut pourtant pas Ten taxer d’heresie, et il n’en reste pas moins un des plus grands eveques hollandais.
La peur de repousser les protestants est pour une large part dans son refus d’admettre Tinfaillibilite du papę; mais elle ne Ta jamais pu faire devier d’un seul pas de sa fidelite inebranlable envers Romę. II professait du fond du coeur que „c’est la que Pierre et Paul ont mis leur doctrine en depót, et qu’on ne peut rien faire de veritablement bon dans 1’Eglise de Dieu, tant qu’on dedaigne le Siege de Romę”187). Ce n’est pas un hasard si dans la lettre que Bossuet lui adressa le 22 septembre 1681, nous rencontrons sous la plume de M. de Meaux la belle image de rEglise, qu’il a developpee dans le sermon d’ouverture de TAssemblee generale, et ou il represente cette Eglise par les Israelites en marche dans le desert, ne logeant que sous des tentes, et toujours prets a deloger et a combattre. Bossuet ne cessait a ce moment-la de craindre pour rEglise, et il demanda a son ami lointain de prier pour rEglise gallicane afin qu,elle allat suivre le chemin de la paix et guerir les blessures de rEglise, au lieu d'en augmenter le nombre188).
A force de regarder Romę Neercassel a meme ete sujet a une illusion d,optique. Au moment ou il accueillit dans sa Mission les refugies de Port-Royal, les jansenistes faisaient cause commune avec le Saint-Siege contrę les pretentions de Louis XIV. II a pu les considerer comme des yictimes du roi tyrannique, souf frant pour une bonne cause. En les hebergeant il ne pouvait pas prevoir rćvolution que suivrait le jansenisme au dix-hui-tieme siecle sous rinfluence des arguties juridiques de Quesnel, ni a plus forte raison la toumure dramatique que prendrait leur influence sur le clerge hollandais. On lui fait un grand tort de le mettre dans la „galerie
*85) Ib.
186) Lettre a Leslacus, son agent a Romę du 15 avril 1667 (Deelder, o.c., p. 41).
Lettre a Melis du 15 aout 1685 (Deelder, o.c., p. 111).
18S) Correspondance, t. II, p. 254-255. (Ccst la deuxieme fois qu’il emploie cette image. Cf. pour la premiere fois: Ib., t. I, P- 67-68).
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