Gand, s’efforce de stimuler 1’ardeur de ses compatriotes en insistant sur la justesse de lei cause (2* topos repertorie par Bliese) - ii s’agit en effet de defendre leur liberte face au oppresseurs (8C topos) -, en leur rappeiant leurs victoires recentes et les exploits de leui aneetres (9e et 12c topoi), et en soułignant leur superiorite militaire face a un adversaii meprisable (5C topos); il termine l’un de ses discours en exhortant 1’assemblee a suivre so exemple (16c topos) (I, 114-116 et 204-206). En 1390, une petite armee franco-anglais s’erabarque sur des navires genois et met le siege devant le port tunisien de Mahdia, un de principaux repaires des pirates musulmans qui perturbent alors le commerce chretien e Mediterranee. Au moment du debarquement, 1’amiral de la flotte s’adresse a ses troupes: apre avoir exhorte les soldats a faire preuve de courage (1* topos de Bliese), il leur promet 1 victoire (10* topos) malgre leur inferiorite numerique, en leur rappeiant apres Vegece6 qu "non in numero. sed m virtute mii i tum be lii gloria sita est" (13e topos), d’autant plus qu’il combattent pour 1’honneur de Jesus-Christ (15* topos) (I, 656-658). Lors de la campagne d l’hiver 1416 contrę les Anglais. c’est au tour du connetable de France, le comte Bemar d ’ Armagnac, de chercher a raffemur le morał de ses troupes par un grave discours (graviqu oracione animos omnium solidare): apres avoir invite ses "compagnons d’armes (commilitones) a imiter leur chef en combattant non pas pour leur interet propre, mais plute pour la defense du royaume, il les enjoint de s’abstenir de s’exposer au deshonneur par la fuit (6‘ topos), les invite a se concilier la faveur divine (3e topos) et leur explique les avantages de s tactique (4e topos) (V, 754-756).
Pour composer des discours de ce genre, Michel Pintoin a pu s’appuyer sur des modele d'ecriture. On est d’ailleurs frappe de voir le chroniqueur reprendre les memes expression dans des discours rediges a plusieurs annees d’intervalle. Par exemple, plusieurs des phrase mises dans la bouche de Philippe d’Artevelde dans le livre Ol (1382) sont reemployees telle quelles, a d’infunes variantes pres - dues en partie a la necessite d’adapter le discours au circonstances -, dans des harangues pretees au damoisel de Montjoie et au sire de Perweis dan le !ivre XXIX, qui traite de 1’annee 1408. Or 1’essentiel de ces discours est emprunte I'Histoire romaine (Ab urbe condita) de Tite-Live (les elements communs au Religieux et
Tite-Live sont soulignes et mis en gras):
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Cite ibid., p. 214.