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demonstration"~. Mais il n’y a pas iieu, poursuh-fl, de s’attarder sur des faits connus par tou l’univers (sed ne super hiis notis longe lateąue per orbem sermonem in iongum protrahamus) Une maxune de la Rhetoriąue a Herennius, frequemment repet ee dans les manuels medievaux
veut en effet que la narratio soit breve et claire45. Dans la petitio, le porte-parole exborte le rc
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a renoncer a son erreur et a embrasser la cause de PEglise en revenant a Pobeissance de soi veritable epoux, de maniere a se montrer digne de ses ancetres La conclusion, clairemen annoncee (fi nem igitur verbis facierues), se termine sur une notę dramatiąue: 1’ambassadeu declare qu’un refus des Franęais pourrait entrainer la rupture des traites d’alliance conclus dan le passe avec les rois de Castille et de Hongrie. Ces menaces mettent en application un consei donnę par certains manuels medievaux: on suggere en effet aux orateurs de mettre un terme < leurs discours en soulignant que leurs detnandes sont conformes aux interets de leur: interlocuteurs46
Les clercs n’om pas le monopole de Yarenga: en France comme en Aragon47, ce genri oratoire est egalement pratique par des lałeś. On en a un exemple avec le discours prononce < la cour d’Avignon en 1395 par le duc Philippe de Bourgogne (IL, 280-284), un prince don Michel Pintoin et Christine de Pisań louent volontiers Pekyąuence4*. Philippe le Hard s’exprime au nom des ambassadeurs de Charles VI, qui ont pour mission de faire pression sui Benoit XIII pour le contraindre a abdiąuer. La captatio mele les precautions oratoires au? compliments flatteurs. Apres s’etre excuse de son insuffisance (de insufficiencia sermonis e. ścieńcie coram tanio domino se excusans), le duc souligne avec emphase les liens d’affectior qui ont toujours uni Benoit XIII a la France depuis son couronnement, et fait Peloge du zeU ardent manifeste par le papę pour Punion de PEglise. La narratio rappelle les deliberatioru recentes du clerge gallican, qui s’est finalement declare en faveur de la cession des deu> pretendants a la papaute. Pour tenter d’attenuer Pimpact de sa detnande (petitio), Porateui multiplie les paroles conciliantes (les lenia verba, comme dit ailleurs le chroniqueur): il ne faul surtout pas croire, dit-il, les fausses rumeurs voulant que les Franęais envisagent de recourir i
u Gu> Ac hard. La commumcation a Romę. Paris. Payot & Rivages. 1994 (ed. originalc: 1991], p. 84.
45 Rhetonca ad Herremum. I, 14; citć ibid., p. 85. Voir M. D. Johnston. "Parliamenlary Oralon- in Medieva Aragon", p. 107.
44 M. D. Johnston. "ParliamemaiY Orator>- in Medieval Aragon", p. 109.
47 Ibid., p. 113.
44 Pour rapportcr ce discours, le Religieux s appuie sur le rappon rćdigć par le secrćtaire de cctte ambassade. Gontier Col: voir supra. p. 49. Sur Peloąuence de Philippe le Hardi. voir supra. p. 30.